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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Mitterrand à gouverner ?
    Pour changer de sujet, Weber dit qu’il ne pense toujours pas que Jean-Marie Le Pen, d’ici 2002, justement, représentera un vrai danger pour la France ; nous parlons de la montée du Front national dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur comme s’il s’agissait d’une verrue sur la carte électorale française. Mais si ce n’était pas le cas ? Si le Front national atteignait partout ailleurs les scores qui sont les siens sur la Côte ?
    26 février
    Dîner avec Lionel Jospin chez Jean-Luc Mano. Assez sympathique, finalement, quand on a passé le premier cap et qu’il ne vous considère plus comme capable de l’agresser. Volontiers susceptible, finalement chaleureux dès qu’il se sent en sécurité.
    Il campe à l’aile gauche du PS. Il est par exemple outré qu’on ait laissé (qui ça, on ? Mitterrand ? Édith Cresson ?) Bernard Tapie, candidat à Marseille, devenir le deus ex machina de la gauche dans la région. Pour lui, Tapie n’a rien de commun avec le socialisme ; pourquoi, au nom de quoi, par quelle légitimité est-il devenu le « patron » de Marseille ?
    Il est outré de ce parti qui oscille entre l’ouverture et la fermeture. « Atterré » – c’est son mot – par le passage de Pierre Mauroy au premier secrétariat du Parti, il rappelle que c’est lui, et personne d’autre, qui s’est opposé à la montée de Bernard Tapie et au bannissement de Michel Pezet.
    Il ne reparle plus du congrès de Rennes, sinon pour rappeler, avec pas mal d’élégance, que Mitterrand n’aurait pas dû intervenir autant qu’il l’a fait, en cette occasion, dans la vie interne du Parti : « Je le lui ai dit lors du petit déjeuner qui a suivi ! »
    Pendant qu’il parle, je me demande un instant s’il est en mesure de s’adresser à Mitterrand sur ce ton, s’il n’est pas comme tous ces proches de Mitterrand qui, lorsqu’ils le voient en petit comité, ne peuvent jamais – ou n’osent jamais – rien lui dire, tout en affirmant aux autres, absents de la conversation : « Qu’est-ce que je lui ai balancé ! »
    Eh bien, non, je suis assez vite convaincue que Jospin lui parle carré, qu’il n’a pas peur de lui. Après tout, son ascension ultra-rapide à l’intérieur du Parti socialiste, depuis qu’il y a adhéré, il ne la doit qu’à Mitterrand qui en a fait le numéro 2 dès 1979, puis le numéro 1en 1981. Oui, sans doute, le congrès de Rennes a altéré leur relation. Jospin est néanmoins homme à résister, et il a su résister.
    Je ne sais si cela durera longtemps, si Mitterrand ne le bannira pas, à un moment donné, comme il l’a déjà fait.
    Comme s’il avait lu dans mes pensées, ce qui n’est sûrement pas le cas, Lionel Jospin continue :
    « Plus jamais je ne ferai pour quelqu’un d’autre ce que j’ai fait pour Mitterrand pendant des années. Plus jamais je ne préparerai une candidature ni pour Michel Rocard ni pour personne d’autre. »
    Eh bien, pour quelqu’un dont on dit qu’il ne se confie pas ! Quel aveu, et, derrière cet aveu, quelle ambition !
    Il raconte que François Mitterrand lui a envoyé un petit mot sur son livre 13 , pendant un Conseil des ministres, à l’automne dernier, du genre : « Je n’ai pas encore lu votre livre, mais je vais m’y mettre. » Puis plus rien, plus un mot pendant des semaines. Que s’est-il passé ? Mitterrand a en fait été choqué par une phrase de Jospin dans ce livre. Je ne l’ai pas retenue intégralement. Le sens en était : Mitterrand a fait le Parti socialiste autant que le PS l’a fait.
    Le Président a trouvé cette appréciation sacrilège et fausse, explique Jospin.
    Un jour, tout de même, beaucoup plus tard, il a fini par en parler à Lionel Jospin sans cacher sa mauvaise humeur :
    « Hé quoi, lui a-t-il reproché, c’est moi qui ai fait le PS. Sans moi il n’était rien, je l’ai reconstruit de mes mains !
    – J’ai voulu dire, lui a expliqué Jospin, que l’un et l’autre, vous vous étiez appuyés, étayés. »
    Avec un geste d’agacement, Mitterrand, glacial, a mis fin à l’échange.
    Sur la réforme de l’éducation et de l’université, commencée si tard, il considère que, pour le bien de tous, elle doit passer. Il ne calera pas.
    Sur la Haute-Garonne où il se présente, il a bon espoir pour les régionales.
    S’il refuse de participer au débat électoral de TF1, où nous l’avons invité, c’est

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