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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Jacques Chirac en 1976 ; pas grand-chose de commun, en réalité, sauf dans l’esprit : vous ne m’avez pas donné les moyens d’exercer ma mission. C’est ce qu’avait écrit Chirac. C’est ce que Cresson pense, et ce qu’elle disait avant-hier soir.
    Voici donc Bérégovoy à Matignon, et son gouvernement constitué. On ne peut s’empêcher de penser que Mitterrand aurait pu gagner du temps en le nommant dès l’année dernière.
    Pour conjurer les rumeurs, Michel Charasse jure, aujourd’hui 3 avril, que Bérégovoy n’a jamais cherché à se débarrasser de lui.
    7 avril
    Bérégovoy a décidé de prononcer son discours demain à l’Assemblée nationale – où il ne dispose pas d’une majorité 27 . L’opposition annonce qu’elle ne déposera pas de motion de censure contre lui. Elle n’en affûte pas moins ses armes.
    8 avril
    Premier discours de Bérégovoy, tout à l’heure, à 15 heures, au Palais-Bourbon. En attendant, le premier Conseil des ministres, qui s’est terminé il y a quelques instants, a été à la fois médiatique et féminin. Ce sont les femmes qui ont posé devant les photographes pour bien montrer qu’Édith Cresson partie, d’autres restaient : Ségolène Royal et Marie-Noëlle Lienemann ont donc pris la pose. Bernard Tapie n’a pas dit un mot et a monté les marches de l’Élysée en courant.
    On se retrouve à l’Assemblée nationale à 15 heures. Emmanuelli préside, bien sûr, en complet veston, pas en jaquette comme nombre de ses prédécesseurs. Il annonce qu’un débat suivra la déclaration de politique générale de Pierre Bérégovoy.
    Celui-ci monte à la tribune non sans une certaine solennité. Il envisage ce moment depuis si longtemps ! Pour lui, c’est évident, ce jour est et restera unique. Le bout d’un long chemin, pour ce syndicaliste monté d’étape en étape jusqu’au sommet de la vie publique. Qu’importent les difficultés, il est manifestement décidé à les affronter, et cela se sent.
    Je note ses propos au fur et à mesure qu’il les prononce.
    Un chahut de l’opposition accueille ses premières phrases où il définit son gouvernement comme un « gouvernement d’action ».
    Il n’y va pas par quatre chemins et parle d’entrée de jeu des législatives, dans onze mois seulement. « C’est court, dit-il, onze mois pour décider, expliquer, convaincre ! » Il convient sans détour que le PS a été battu aux consultations locales. Mais la droite, ajoute-t-il aussitôt, ne les a pas gagnées.
    Nouveaux sifflets lorsqu’il évoque l’expression, employée dans la presse, ce matin, de « dernier carré » de Mitterrand : « Faut-il en rougir ? » demande-t-il sous les hurlements de l’opposition.
    Difficiles débuts. Il n’a pourtant pas l’air tellement décontenancé.
    D’emblée, il parle de l’Europe (« mon ambition est simple, dit-il, faire l’Europe sans défaire la France ») en annonçant une révision constitutionnelle préalable à la ratification des accords de Maastricht, en milieu d’année. Pour le reste, le gouvernement annoncera rapidement ses décisions sur le chômage (« la première des urgences »), la sécurité, la corruption.
    Sur le premier point, il proclame la nécessité d’une croissance pluscréatrice d’emplois, la réduction du chômage de longue durée, le renforcement du volet « insertion » du RMI.
    La lutte contre l’insécurité urbaine est la deuxième de ses urgences : « J’ai demandé à Bernard Tapie de donner une nouvelle impulsion à cette action et de bousculer les habitudes. »
    La lutte contre la corruption, enfin : il aborde le sujet avec un certain courage, avec sévérité même, dans l’atmosphère houleuse de l’Assemblée. « Les décideurs, assure-t-il, n’ont pas failli, je les sais honnêtes, mais, dans nos sociétés d’argent, les tentations sont fortes, et dans nos sociétés d’information, la transparence est nécessaire. » Quoi qu’il en soit, « les coupables doivent être châtiés. Dans tous les cas, la justice doit passer ». Il ajoute : « S’il est des dossiers qui traînent sur tels ou tels bancs de cette Assemblée, ils ne traîneront plus. »
    Enfin, il annonce un texte de loi qui obligera à la publication et au contrôle du patrimoine et des revenus des élus, et qui modernisera en outre le régime des incompatibilités.
    Là-dessus, à ma grande surprise, et à celle de tous, il agite un dossier

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