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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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échec ». Teissier, qui n’est pas demeuré en reste, lui a donné du « petit mec », l’a traité de « menteur », d’« imposteur », et a même mis en cause sa « structure mentale » ( sic ).
    Lorsque je demande à Bernard Tapie si les « affaires » n’auront pas une influence négative sur l’électorat de gauche, il est assez habile, là encore, pour faire dévier le coup vers le milieu politique, gauche et droite confondues : c’est l’ensemble de ce milieu politique qui est en cause, c’est la classe politique tout entière qui risque de n’être plus crédible, et c’est naturellement contre cela qu’il entend lutter. Le seul qu’il défende est Pierre Bérégovoy, « totalement aux antipodes » d’un homme d’argent.
    Le verdict de la COB est attendu dans les jours qui viennent.

    29 janvier
    Bernard Tapie est élu à Marseille. Dès ce soir, la question se pose : est-il destiné à la mairie de Marseille au moment où Robert Vigouroux et Michel Pezet la guignent ? Tapie avait dit qu’il apporterait sa victoire à l’Élysée. Quelles vont donc être les consignes de l’Élysée pour les prochaines municipales ? Coller à Vigouroux ? Y aller tout seul ? Prendre le parti de Michel Pezet ? Ce serait mal vu au « Château » où l’on tient toujours Pezet pour responsable de la mort de Defferre.

    30 janvier
    J’ai été hier matin au congrès extraordinaire du RPR au Bourget où il faisait un froid de loup. Depuis un an déjà, je me pose des questions sur Jacques Chirac. On le dit – ses amis le disent – très atteint par la défaite de l’année dernière. À tel point qu’il évite les journalistes et la plupart de ses propres amis. Tout optimiste qu’il est, Jacques Toubon me laisse entendre que les lendemains de mai 1988 ont été très durs pour Chirac, qui, pour la première fois de sa vie, remet en cause sa vocation à être un jour président de la République. D’accord, Mitterrand a naguère été élu après s’être présenté trois fois ; Chirac, lui, n’en est qu’à sa deuxième. Il n’empêche : il a mal encaissé le choc. D’ailleurs, Toubon est au moins aussi touché que lui...
    Tout cela pour dire que j’étais curieuse de voir la réapparition publique de Chirac à la tête de son parti. Il fait bonne figure, aujourd’hui remonté tant bien que mal sur la bête : le congrès entier est fait pour bien marquer que l’échec est dépassé ; il faut donc qu’il montre qu’il en est le chef, malgré les petits jeunes qui ruent dans les brancards.
    Pas un mot sur les « affaires » : il laisse ça à Bernard Pons, qui s’en chargera après lui. Lui lance un appel à Valéry Giscard d’Estaing pour l’union à l’occasion des futures élections européennes. Son appel n’a guère de chances d’être entendu. Je vois mal Giscard faire liste commune avec le RPR au moment où celui-ci se trouve le plus affaibli. Sans doute Chirac entend-il faire oublier la division de la majorité qui lui a peut-être coûté la victoire, en tout cas qui lui a coûté gros. Il ne fait qu’une seule allusion aux « affaires » pour reprocher au gouvernement, dans ce climat qu’il qualifie de « délétère », son absence de ligne et ses « coalitions d’occasion ».
    Un des aspects les plus importants du congrès tient à l’intervention de Bernard Pons : car c’est lui, fidèle escorteur de Chirac, qui s’en donne à cœur joie pour dénoncer les délits d’initiés, les opérations de bourse minables auxquelles se sont apparemment livrés des amis du gouvernement et du Président, « fauteurs ou complices d’un affairisme déclaré ». En tête Patrice Pelat, le camarade de captivité deMitterrand. Je reviendrai sur ces « affaires », ne serait-ce que dans ma tête, pour jauger le danger qu’elles représentent pour le pouvoir en place.
    Mauroy a répondu ce soir de manière peu convaincante qu’on a assisté sous tous les régimes, sous tous les gouvernements, aux ravages de l’argent, qu’il n’avait pas oublié le scandale de la Garantie foncière sous de Gaulle, pas oublié non plus la droite « des copains et des coquins ».
    Cela, on le sait : le problème est que les socialistes sont au pouvoir et qu’on aurait pu attendre d’eux qu’ils ne soient pas fascinés par ce goût de l’« argent facile » qu’ils dénonçaient naguère quand ils étaient dans l’opposition. Une fois de plus,

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