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Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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couloirs de la police. Il n’osait pas. D’autre part, l’expérience lui avait appris qu’il pouvait se cacher des surprises incroyables sous les frusques ridicules des civils.
    Il se laissa glisser du tabouret, mais lentement et ne rassembla les talons qu’à demi sans claquement. Il dit qu’il faisait une rafle habituelle et qu’il avait trouvé un schupo suspect d’avoir déserté.
    Le petit homme jeta un coup d’œil indifférent vers le schupo debout contre le mur.
    – L’ordre de rafle ?
    Le S. S. hésita. Une main gantée de peau glacée se tendit vers lui.
    – L’ordre ?
    – N’en ai pas, Monsieur.
    Un œil étonné le regarda, un seul, l’œil gauche du visage pâle ; l’autre fixait le vide, il était en porcelaine aussi insensible que le cœur du petit homme, mais commode pour épouvanter les accusés.
    – Qu’est-ce que ça veut dire ? Vous n’avez pas d’ordre ?
    – Non, Monsieur… – Le S. S. hésita sur le grade. Qui donc pouvait se trouver devant lui ? – Nous pensions que cette porcherie avait besoin d’une inspection.
    Le petit homme remonta un coin de sa bouche en une sorte de sourire qui ressemblait à une horrible grimace.
    – Qui est nous » ? Et qu’entendez-vous par porcherie ? Car le seul porc qui soit ici, c’est vous-même, oberschar.
    Il y eut un long silence. Dans le lointain on entendait tomber les bombes.
    – C’est vous qui commandez, oberschar ?
    – Oui, monsieur.
    – Voyez-vous ça ! Ainsi c’est vous le responsable de cette irrégularité ? Rafles personnelles entreprises sans ordre. Conseil de guerre n’est-ce pas, oberschar ? Et vous vous reconnaissez bien comme responsable ?
    Le S. S. bavait et se dandinait d’un pied sur l’autre. Il avait maintenant rassemblé les talons et aligné le petit doigt sur la couture du pantalon. Ce civil ne disait rien qui vaille. Tante Dora essuyait toujours le bar et ses yeux brillaient de joie méchante.
    – S. S. Oberscharführer Brenner fait savoir que la responsabilité de la patrouille lui incombe.
    Le petit homme leva un sourcil. L’œil vivant s’assombrit un peu, l’œil mort resta glacé.
    – Nous en reparlerons au Quartier général, oberschar. Filez et emmenez vos hommes.
    – Je demande où je dois aller pour le rapport, monsieur ?
    Le petit homme fit le tour du local sans répondre. Il jeta un coup d’œil dans les nombreuses petites niches éclairées aux bougies, et montra l’agent de police, droit contre le mur, les mains à la nuque.
    – Celui-là, emmenez-le.
    L’oberschar vira, toujours au garde-à-vous, de façon à se retrouver face au petit homme.
    – Où devons-nous nous présenter, monsieur ?
    Pas de réponse. Le petit homme noir était maintenant devant le bar et regardait le bataillon des bouteilles. Tante Dora astiquait toujours, sans un coup d’œil pour personne. Ce fut Trude qui lui versa un grand verre de genièvre. Il le renifla.
    – De Hollande, dit-il comme en se parlant à lui-même.
    Il jouait avec le verre et regardait la boisson. Il se mit à fredonner :
    Judenblut soll spritzen ( Le sang des Juifs doit couler )…
    posa le verre plein sur le bar, y remit son nez et murmura :
    – Amsterdam. Keizersgracht.
    Il renifla encore une fois, fit un signe de tête et se leva sans y goûter. On le vit marcher rapidement vers la porte, mais, en passant, il posa sa main sur l’épaule d’Ewald.
    – Tu seras chez moi demain à 12 heures  à l’adresse, ton chef te la donnera.
    Le souteneur Ewald devint pâle comme la mort. Il pouvait s’attendre à des embêtements. Arrivé à la porte le petit homme se retourna vers l’oberschar.
    – Je suis le conseiller criminel Paul Bielert, de la Sûreté Nationale, Section 4, U A. – Il disparut.
    – Enfer ! murmura l’oberschar étourdi. Le « Beau Paul » en personne ! – Il regarda sa troupe. Ça voulait dire un prochain départ pour le front de l’Est, dans une unité combattante.
    La bande donna des coups de pied au schupo, menaça le Belge et cracha sur Ewald, mais à Tante Dora on ne dit rien. Il y avait là quelque chose qu’ils ne comprenaient pas bien.
    L’alerte prenait fin. On entendait dans toute la ville le hululement des sirènes alternant avec celles des pompiers qui filaient dans les rues. Tout brûlait partout. Une puanteur de viande grillée parvenait jusqu’à nous, mais c’était celle de la viande humaine. Le feldwebel au permis de chasse ne reprit pas

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