Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
Vom Netzwerk:
étions en vie. A Hambourg, en 1944, c’était le principal. Petit-Frère montra un bocal où nageait quelque chose d’indéfinissable.
    – Qu’est-ce que c’est que ça ? dit-il en allongeant le cou.
    Peters tourna la tête : – Un appendice infecté.
    Très intéressé Petit-Frère le Saisit à deux doigts et siffla le chien dont le museau se montrait sous l’appareil de rayons X.
    – Cochon ! dit le légionnaire en regardant l’animal avaler le bout d’intestin.
    – Tu vas voir, dit Peters. Je parie trois de mes saucissons contre un litre de ton schnaps qu’il ne le gardera pas !
    Le chien tapi dans un coin nous regardait de ses yeux affamés. Tout à coup il se dressa, eut un hoquet violent et rejeta l’appendice.
    – Amène ton litre ! cria Peters enchanté. Je te l’avais bien dit.
    Il eut cependant un accès de grandeur d’âme et remit à Petit-Frère un de ses saucissons, en nous confiant qu’à la section 7 il y avait un artilleur capable d’avaler n’importe quoi.
    – Peuh ! dit le légionnaire à qui on ne la faisait pas. Moi j’ai vu des hommes avaler des serpents, du verre et cracher du feu.
    – Allons voir, fit Petit-Frère, et s’il ne marche pas, on le passe à tabac.
    En traversant le jardin pour nous rendre à la section 7, nous ramassâmes une grenouille. L’artilleur était un montagnard râblé avec des poings comme des battoirs. Ses sourcils se rejoignaient sous le front bas et obtus, ses petits yeux noirs nous fixaient bêtement. Il rit, tout fier, lorsque Peters lui demanda s’il pourrait manger une grenouille.
    – Je mange n’importe quoi quand on me donne quelque chose pour le faire.
    – Une baffe ! dit Petit-Frère.
    – Pour ça, répondit l’artilleur, je peux assommer tout le monde et toi y compris, ordure !
    Petit-Frère sursauta. Un chasseur alpin vint vers nous et bredouilla dans un dialecte presque incompréhensible :
    – Emile peut casser un pied de table avec ses mains, il. peut assommer une vache… Comme ça ! Et la vache tombe. Il peut soulever un cheval d’artillerie avec tout son équipement.
    Petit-Frère renifla de mépris. Il alla vers la triple fenêtre, se saisit du cadre, donna une ou deux secousses puis y mit toute sa force. Poussières et gravats se mirent à pleuvoir ; le géant se tenait là, le cadre dans les mains et l’air triomphant. Il précipita le tout par la fenêtre béante et on entendit, dans le jardin, un bruit de tonnerre accompagné d’un concert de protestations. L’artilleur hocha la tête. Il se leva lentement, saisit la grande table au milieu de la pièce, en arracha un pied et le cassa sur le coin d’un lit. Petit-Frère, haussant les épaules, empoigna le lit dont l’occupant hurlait de peur et le jeta à l’autre bout de la pièce.
    – La paix ! hurla un feldwebel de son lit.
    Deux gifles l’envoyèrent dans les pommes ; quant à l’artilleur, un coup de poing le fit s’étaler, la bouche ouverte d’étonnement.
    Le légionnaire nous fit un signe. Nous nous saisîmes de Petit-Frère et-nous l’entraînâmes.
    – Ça, mon vieux, c’est le mitard ! prophétisa Peters. Tu vas être signalé ; le pire, c’est la fenêtre.
    – Tu rigoles, y en a tant qui disparaissent, ces temps-ci !
    Il sortit la grenouille de sa poche et la jeta sur la table à écrire de l’infirmière qui sauta en arrière avec un cri de terreur.
    La nuit les avions revinrent. Les braises, ranimées par le phosphore, s’enflammèrent de nouveau et firent de nouvelles victimes. " Des enfants se jetaient pieds nus dans les abris, pour y périr, pris au piège comme des rats. Quelque part, dans les environs du port, une colonne de prisonniers talonnée par les gardiens S. S. se dirigea aussi vers un abri. Personne n’entendit le hurlement de la bombe qui les attrapa de plein fouet. Il ne resta qu’une flaque sanguinolente de chairs qui se tordaient, puis la puanteur habituelle de sang, de salpêtre et de viande brûlée. Un S. S. sans jambes se traîna en pleurant vers un prisonnier sans ventre. Ils moururent dans les bras l’un de l’autre, et les lance-flammes des sapeurs les réduisirent en cendres.
    Près de Monckebergstrasse on pouvait voir se glisser une silhouette qui, de temps en temps, se penchait sur les corps. Un couteau luisait, sectionnait un doigt et une bague tombait dans une grande poche. La silhouette allait plus loin, vers le prochain cadavre : un gémissement, un coup avec une

Weitere Kostenlose Bücher