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Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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te balances ! » Moi, je ne comprends pas.
    – Aucune importance, dit crûment le légionnaire. Obéis. C’est plus sain pour toi comme pour nous. Tu te rendras malade en réfléchissant ; tu n’as pas une tête pour ça, elle est faite pour porter le casque et c’est tout.
    Petit-Frère haussa les épaules.
    – Tu dois avoir raison, nomade.
    –  Je connais ça, dit le légionnaire.
    Nous regardions les soldats pendus qui se balançaient dans le vent. Les hyènes de la police avaient du travail en ce moment. On suivait à la lettre les nouveaux ordres du Führer : Conseil de guerre ou loi d’exception pour tous les cas suivants ;
    Défaitisme, désertion, sabotage.
    Atteinte à la sûreté de l’Etat.
    Pillage , détroussement de cadavres, trahison.
    –  Je connais ça, répéta le légionnaire. C’est le commencement de la fin. On perd toujours les guerres de la même manière.
     

LA ROCADE
     
    N OTRE voyage dura douze jours pour aboutir à la rocade Pinsk-Gomel, un peu au sud-ouest de Dawyd Gorodok. D’après le service des renseignements, le régiment devait se trouver soit à Petrikowo, soit à Skrigalow.
    Celui qui, une fois, a vu cette rocade ne l’oubliera plus jamais. C’est un chemin de 40 à 60 mètres de large, tassé par le passage de millions de roues et de semelles. Non, même pas un chemin, et pourtant quelque chose d’aussi vital pour l’armée que l’aorte l’est pour le cœur. Cette artère bat continuellement ; nuit et jour y ronflent des milliers de véhicules dans un rythme incessant, lequel, s’il venait à s’arrêter, causerait la mort du front.
    Dans un sens roulent les longues colonnes de munitions, de ravitaillement, de canons, de chars, et les voitures de la poste. Dans l’autre, l’artillerie démolie, les voitures en miettes, les épaves des chars, des objets tordus qui s’appelaient des avions, et une file interminable d’ambulances remplies de carcasses humaines. En somme, tout ce qu’implique le mot guerre. Cette rocade était un supplice pour les soldats. En hiver, une patinoire ; en été, un fleuve de poussière ; par temps de pluie, un marécage où machines, bêtes et gens restaient collés à la boue.
    Nous nous y traînions, toussant, jurant et crachant, au cœur d’un repli de terrain, espérant comme tout le monde trouver un moyen de transport. Au cours d’une halte, Petit-Frère était à son habitude parti en maraude dans la campagne et ne réapparut que trois heures après. Il portait un gros sac plein à craquer de choses à manger.
    – Tu es fou ! dit le Prussien de l’Est. Pillage, mon gars. Si on te pince, c’est la corde.
     – Froussard, rigola Petit-Frère. Tu vois pas qu’on rectifie le front, autrement dit qu’on retraite. Les ordres sont que tout doit sauter, et vous vous rappelez pas Kuban ? Quand ils ont envoyé deux cents tonnes de ravitaillement dans les nuages ? – Il tapa sur le sac et sourit d’un air malin : – Des vitamines pour la victoire ! – Et avec un grand éclat de rire il enfourna deux bananes d’un seul coup dans sa bouche.
    – Chaque fois que je revois cette route, dit Bauer en envoyant son mégot dans le flot, le cul m’en démange !
    Petit-Frère, qui commençait à s’ennuyer et que l’envie de se battre démangeait aussi, se mit à engueuler Bauer, et l’on ne sait ce qui serait advenu si un grand camion d’essence ne s’était arrêté à ce moment-là. Un feldwebel se pencha : – Où allez-vous, flemmards ?
    – 27 e Régiment de blindés.
    – N’y arriverez jamais de ce train-là ! aboya-t-il méchamment.
    Toutes les têtes se levèrent. Uniforme fait sur mesure, élégante casquette à pont, baudrier non réglementaire avec revolver d’officier. Bien qu’appartenant aux troupes du ravitaillement, il s’était permis les ficelles jaunes de la cavalerie au lieu des ficelles bleues, si méprisées, des troupes du front que le ravitaillement devait porter aussi. Comme j’étais le seul à me mettre sur mes pieds alors que les autres restaient vautrés dans l’herbe avec une indifférence complète, le feldwebel sauta du camion en gueulant comme un âne.
    – Debout, salauds ! Et en marche ! Le nez à l’est où la mort des héros vous attend !
    Ils se levèrent avec une lenteur exaspérante. Petit-Frère jeta le sac sur son épaule comme un colporteur et se mit en route sans un regard au feldwebel.
    – Et vous, l’Obergefreiter, qu’est-ce que c’est

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