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Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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étouffer ses cris, nous entonnions déjà une chanson, lorsque tout à coup Petit-Frère poussa un hurlement :
    – Les avions !
    Il bondit par-dessus les ridelles du camion et alla s’aplatir dans le champ voisin. Le légionnaire culbuta à sa suite, suivi du Prussien de l’Est.
    Le long de la route c’était une débandade affolée. Un tonnerre ! Trois chasseurs russes nous prenaient d’enfilade avec leurs canons-mitrailleuses. Nous nous collions au sol, la tête rentrée dans les épaules et sentant le vent froid des appareils en rase-mottes. Sur leurs ailes l’étoile rouge luisait, sinistre.
    – Par les diables de l’enfer ! jura un obergefreiter, j’ai dans mon camion dix mille litres d’essence. Si ça pète, adieu Marie ! Ce sera un beau feu de Bengale.
    Les trois avions virèrent de bord et survolèrent de nouveau la route. On vit des corps humains projetés en l’air. Quelques fantassins très jeunes se mirent à tirailler en poussant des hurlements.
    – Ça va devenir coton, murmura le Prussien de l’Est en s’aplatissant comme un tapis.
    Sur la route, une masse de véhicules flambait déjà. On criait : « Des infirmiers, des infirmiers ! », mais qui pouvait s’en soucier ? Le Prussien de l’Est tira vivement le légionnaire dans le trou où nous nous étions tapis au moment où six avions piquaient à la queue leu leu.
    « Cette fois on y est ! » L’idée fulgura dans mon cerveau pendant que je roulais au fond d’un cratère. Là-haut, des flammes bleues sortirent des canons des chasseurs, la terre jaillit comme un geyser colossal, on entendit des clameurs terrifiées. Un capitaine, les yeux fous, menaçait des deux poings les avions qui viraient et revenaient sur nous. Le capitaine s’effondra dans un flot de sang et sa tête, les yeux grands ouverts, roula comme un melon sur la chaussée. Sa casquette sauta un peu plus loin. Un fantassin de dix-huit ans, hurlant, courait sur des moignons, les deux pieds coupés au-dessus des chevilles. Il laissait derrière lui une longue trace pourpre. Une panique folle s’empara des soldats. Ils se levèrent tous et firent la pire chose qu’on pouvait faire, c’est-à-dire fuir le long de la route.
    Les aviateurs se livrèrent alors à un véritable massacre et les salves crépitèrent sur les corps frémissants. Un lieutenant, en uniforme noir de troupes de blindés, bondit dans notre trou et sa botte heurta Petit-Frère qui jura. Le lieutenant se mit à rire en se nommant : « Ohlsen » souffla-t-il. C’était le vrai type d’officier du front, mitraillette sur l’épaule et la poitrine barrée de décorations.
    Le légionnaire leva la tête, le dévisagea et se nomma à son tour.
    Autour de nous, ça fouettait, ça brûlait, il pleuvait du feu. Les avions attaquaient de nouveau. Une explosion assourdissante nous arracha à la terre protectrice. Un typhon torride souffla sur nos visages tandis qu’un torrent de feu coulait sur la rocade.
    – Mes dix mille litres ! gémit l’obergefreiter.
    Un chapelet de bombes tomba ; des débris de toutes sortes sautèrent vers le ciel. C’était la fin. Les avions disparurent vers l’est, leur fuselage argenté brillant dans le soleil.
    Nous nous redressâmes lentement pour voir la route jonchée de morts. Un officier aviateur prit le commandement et l’on se mit à déblayer les cadavres et les véhicules carbonisés. L’obergefreiter qui devait aller à Cologne regardait effondré son camion en flammes.
    – Oh ! là ! là ! Mes papiers ! Mes papiers ! Et tout le reste brûlé !
    Les soldats qui ne faisaient pas partie d’une unité donnée furent rassemblés en une compagnie hétéroclite, véritable échantillonnage de toutes les armes et de tous les pays de l’axe : Roumains, Hongrois, Bulgares, un caporal finlandais, des Yougoslaves et même un bersaglier italien, plumes de coq en tête.
    Petit-Frère, que cette mosaïque énervait, frappa un soldat de la police polonaise : – Sors d’ici, traître !
    Gros remous dans la compagnie dont vingt-cinq pour cent étaient des volontaires. Le lieutenant Ohlsen essaya de calmer les braillards que le mot « traître » rendait furieux. Un cosaque de Tiflis sortit même son couteau et débita des injures en petit nègre allemand. Petit-Frère éclata de rire et appela le légionnaire qui marchait devant la compagnie avec le lieutenant Ohlsen.
    – Fous-nous la paix ! cria le légionnaire.
    Le lieutenant se mit

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