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Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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ou sept kilomètres derrière le front. Ce fut Porta qui, le premier, découvrit les chars merveilleusement camouflés.
    – Sainte Mère de Kazan ! s’exclama Petit-Frère. Toute une armée de T. 34.
    – S’ils se mettent à rouler, on peut serrer les fesses !
    – Taisez-vous donc, dit Alte qui regardait nerveusement autour de lui.
    – Je vous donne un bon conseil, gronda Petit-Frère. En vitesse vers nos lignes ; ici, ça sent la balle dans la nuque à plein nez.
    – Tu as raison, dit le légionnaire. Grouillons-nous de filer, on a vu ce qu’on voulait voir.
    – Oui, filons, approuva Alte.
    – Tas de lâches, ricana Trepka, se sauver comme ça devant ces brutes !
    Petit-Frère regarda curieusement le visage mince de Trepka où luisaient des yeux pleins de haine. Il gronda :
    – Reste ici et attends-les ; personne ne t’empêche.
    Petit-Frère et Porta en tête, nous nous précipitâmes tête la première à travers le bois où ils nous guidaient d’un instinct sûr par les étroits sentiers qui sillonnaient les marais, le plus souvent sous l’eau. Nous venions d’arriver dans un terrain découvert lorsque quatre fusées vertes jaillirent, illuminant la scène d’une lumière blafarde. Nos visages prirent une teinte livide. Nous tombâmes le nez contre le sol, mais, comme si on avait pressé sur un bouton, tout se mit à vibrer autour de nous. Des voix rêches donnaient des ordres, des sifflets roulaient, l’air résonnait d’une centaine de moteurs, les chenilles des lourds chars s’entrechoquaient, la terre tremblait sous nos pieds au passage de l’artillerie et des T. 34 qui s’avançaient vers leurs positions d’attaque.
    – Enfer ! s’écria Petit-Frère en se redressant à demi, on est tombé au beau milieu de l’offensive !
    – Qu’est-ce qu’on va faire ? gémit le grenadier Schmidt.
    – Reste couché et compte les étoiles, dit le légionnaire, et puis suis-nous quand on filera.
    – C’est moi qui décide quand on file, coupa Petit-Frère, et je décide tout de suite, car dans une seconde on a l’infanterie sur le poil et on ramasse la balle dans la nuque. Moi, je ne peux pas rester ici, j’ai promis à Emma de rentrer.
    – Comment sais-tu que l’infanterie rapplique ? demanda Trepka incrédule.
    – Con ! souffla Heide. Il t’en reste à apprendre ! Après les chars, c’est l’infanterie qui vient, et si elle nous trouve ici, tu oublieras qu’il faut être un héros.
    – Les voilà ! dit Porta en montrant la corne du bois.
    Une longue ligne de silhouettes en colonne par un sortait du taillis ; c’était l’infanterie russe. Aussitôt les chars se mirent à rouler en direction des lignes allemandes.
    – Au revoir, dit Petit-Frère et il disparut.
    Alte le suivit de près, puis le légionnaire et moi-même. Trepka tenta de retenir Heide, mais il fut bon pour un coup de crosse. Les fusées montaient, derrière nous l’ infanterie russe hurlait :
    – Hourrah Staline !
    Ça crépitait de tous les côtés. Vague après vague, des fantassins bruns bondissaient des tranchées ennemies ; l’enfer se déchaîna, les grenades labouraient la terre. L’artillerie russe et l »artillerie allemande rivalisaient de tumulte.
    Le légionnaire et moi sautâmes dans un trou de grenade encore chaud de l’explosion récente ; au fond gisait un corps en charpie. Quelqu’un me tomba sur le dos et je hurlai de peur.
    – Tais-toi, bétail ! fit la voix de Petit-Frère.
    Il venait de descendre un Russe et était couvert de sang. Soudain, un bruit de chaînes nous glaça le sang dans les veines…
    – Un T. 34 ! Ils ont dû nous voir… Restez couchés, quand il sera tout près nous filerons !
    L’horrible bruit approchait. Je sentais la peur grimper le long de ma colonne vertébrale mais je savais que courir une seconde trop tôt, c’était la mort. Les lèvres du légionnaire tremblaient comme celles d’un lapin et ses doigts se crispaient par terre, mais Petit-Frère semblait complètement indifférent. Tout à coup il hurla : « Filons ! »
    Et nous vîmes le T. 34 pointer au-dessus du bord du cratère… Comment en sortîmes-nous ? Je n’en sais encore rien aujourd’hui. Nos jambes avançaient automatiquement. Le char se dandina au-dessus du trou, écrasant tout ce qu’il contenait, puis il continua son chemin. Nous nous étions précipités dans un autre trou, la bouche ouverte, haletants ; nos vêtements de camouflage nous

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