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Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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crispé.
    – Pas de drame classique pour l’amour de Dieu ! Nous serions tous deux tellement ridicules !
    Il laissa tomber sa main et haussa les épaules.
    – Dois-je partir, Inge ?
    Elle hocha la tête : – Ça vaudrait mieux. De toute façon, tu es trop vieux jeu pour admettre ma façon de voir. Si tu veux divorcer, Bernt, tu pourra me l’écrire.
    Son kimono s’était ouvert. Il vit les longues jambes minces qu’il avait si souvent caressées. Est-ce que cette scène était vraie ? Tout cela semblait trop bête, trop irréel, risible. Elle se tenait là, souriante et belle, elle vivait. Et pourtant elle était morte, en tout cas pour lui. De nouveau il toucha le revolver. Par la gaine entrebâillée, ses doigts glissèrent sur l’acier froid, puis il pensa au gamin… Et il revit les yeux moqueurs du légionnaire. Sa main retomba une fois encore.
    – Tu ne veux pas un verre avant de partir ?
    Il dit oui… « A moi, son mari… Un verre avant de partir… » – Ils burent ensemble et elle ajouta quelque chose concernant ses souliers poussiéreux et son uniforme taché. Et puis une autre remarque à propos d’un hôtel où il pourrait aller dormir. Tout à coup, des mots lui échappèrent.
    – Es-tu amoureuse de Willy ?
    Elle buvait son cognac et sourit ; ses yeux se voilèrent.
    – Je te l’ai dit, je l’aime.
    – Vous avez couché ensemble ?
    Elle rejeta la tête en arrière et se mit à rire. Un rire provocant. Il eut envie de la battre et sa main glissa encore vers le revolver, mais le visage de son fils le calma une dernière fois. Demain il irait au camp où se trouvait Gunni.
    En partant il lui fit un signe d’adieu, et vit à son poignet un bracelet qu’il lui avait donné jadis, un bijou serti de pierres bleues, acheté en Roumanie. Dans sa joie, Inge s’était jetée à son cou et l’avait embrassé passionnément, puis elle s’était donnée à lui comme jamais auparavant… Il y avait de cela cinq ans.
    La porte refermée, le lieutenant put enfin pleurer, puis il alla échouer dans une caserne de la garde, à Potsdam.
    Le lendemain, il partait pour Bergen voir son fils. Le camp – de simples baraques en bois – se trouvait loin dans la lande, loin des regards indiscrets. Il semblait qu’on éprouvât malgré tout un tel sentiment de honte que l’on ne voulût pas laisser voir comment, de sang-froid, méthodiquement, on tuait l’âme des enfants.
    Un S. S. Obersturfûhrer qui avait perdu un bras en 1941 l’emmena au camp dans sa voiture en l’appelant « Cher collègue », ce qui énerva Ohlsen au plus haut point. Le S. S. raconta qu’il était responsable de l’éducation militaire des garçons.
    – Ce sont des chiffes quand ils arrivent, dit le S. S. en haussant la voix pour dominer le bruit de la voiture, mais il ne faut pas longtemps pour en faire des diables – Il agita, enchanté, sa manche à moitié vide. – Capables d’égorger père et mère l
    La voiture s’arrêta sur une colline, à quelques kilomètres du camp, et le S. S. désigna une section de jeunes gens, vêtus de brun, qui rampaient sur le terrain.
    – Voilà notre commando de sabotage ; c’est le terme de notre éducation. – Il eut un gros rire en disant « éducation ». – Nous leur donnons aussi, de temps en temps, un juif à titre d’expérience. C’est plus drôle pour eux de tuer un juif que de voir un combat de coqs. Plus tard il faudra bien qu’ils se mettent à tuer des hommes.
    Le lieutenant se retourna d’un bloc et le regarda avec horreur. C’était un S. S. d’aspect avenant et tiré à quatre épingles.
    Ils arrivèrent chez le commandant du camp, le S. S. Bannführer Grau. En souriant on apprit à Ohlsen qu’il n’avait plus de fils, ce dernier appartenant désormais au Führer. Pas question d’apercevoir Gunni et de lui parler, mais on pouvait lui envoyer des colis qui lui seraient remis de la part du Parti.
    – Nous sommes tous le Parti, dit Grau en souriant toujours.
    Le lieutenant protesta avec la dernière violence contre l’adoption de son fils par l’Etat ; il n’avait signé aucun papier.
    – Aucune importance, dit le Bannführer enjoué. Votre femme et votre beau-père suffisent comme garantie et vous ne pouvez rien trouver à redire au fait que votre fils sera élevé en vrai disciple du Mouvement. La vie familiale n’est pas indiquée pour notre jeunesse ; ici on la trempe comme l’acier de Krupp !
    On poussa la complaisance

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