Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
les
constructions que l’on peut dater de cette époque se sont
éloignées des lignes anciennes du rivage, en direction de l’eau dont la
présence est toujours une condition indispensable pour l’habitat. Les grandes
forêts de l’Europe centrale et septentrionale s’éclaircissent. Dans les
tourbières de l’Allemagne du Nord et de la Suède, un niveau de terrain sec
correspond à la même période.
Il semble que ce soit là l’apogée de ce qu’on appelle la « civilisation
des Détroits Scandinaves », coïncidant avec l’arrivée des Doriens en Grèce,
avec la civilisation des Champs d’Urnes sur l’Europe occidentale et centrale, et
avec la civilisation du Bronze armoricain final, particulièrement riche et
remarquable.
Or, après la première période de Hallstatt, c’est-à-dire
vers l’an 600 avant notre ère, peut-être un peu avant, on constate que les
villages lacustres furent abandonnés à la hâte par leurs occupants. Un brusque
retour du climat humide et froid s’étendit sur l’Europe septentrionale : les
tourbières Scandinaves présentent, au-dessus de leur horizon sec, de nouvelles
formations de tourbe. Sur toutes les côtes de la mer du Nord et de la Baltique,
ce ne sont que marais débordants et rivages noyés. Les repères archéologiques
montrent un déplacement prodigieux de populations fuyant les zones inondées et
cherchant à gagner le sud. C’est à cette époque qu’il convient de situer la
première et la plus importante migration brittonique en Grande-Bretagne, migration
dont se font l’écho de tardives mais curieuses traditions galloises.
C’est d’abord la légende Hu Gadarn, qui relate une sorte de
déluge dû à un monstre du nom d’afang, peut-être un castor gigantesque, qui
rompit, d’après une des Triades, la digue de l’étang de Llion (= les
flots). Hu Gadarn, avec ses bœufs cornus, traîna l’afang de l’étang à
terre, après quoi la digue ne se rompit plus.
C’est ensuite la légende des hommes de Galedin :
« La troisième invasion (dans l’île de Bretagne) fut celle des hommes de
Galedin, qui vinrent sur des barques sans mâts, sans agrès, sur l’île
de Gweith (Vectis , c’est-à-dire Wight), quand leur pays fut
submergé. Ils obtinrent des terres de la nation des Cymry (les Gallois, mais le
terme peut aussi désigner les Bretons avant l’arrivée des Saxons). Ils n’avaient
aucun droit sur l’île de Bretagne, mais terres et protection leur furent
accordées, et dans certaines limites : on leur avait imposé cette
condition qu’ils n’auraient pas droit aux privilèges des vrais Cymry de race
primitive avant la neuvième génération. » Cela laisserait supposer que
lorsque les peuples brittoniques, ancêtres des Bretons, arrivèrent dans les
îles Britanniques, il existait une population autochtone très importante. En
tout cas, les Brittons avaient dû se réfugier dans l’île de Bretagne par suite
de catastrophes sur leurs habitats primitifs, ces catastrophes étant
incontestablement dues à des affaissements de terrain sur le bord de la mer par
suite de tremblements de terre ou de raz de marée. Quant aux populations
autochtones, ce devaient être les peuples de l’Âge du Bronze et ce qui restait
de descendants des peuples des Mégalithes.
En tout cas, la question se pose, à propos de ces migrations,
de savoir exactement qui elles concernaient. Les Celtes, indubitablement. Mais
ils n’étaient peut-être pas les seuls à avoir subi des cataclysmes. Alors, peut-on
penser aux rescapés de l’Atlantide ? Les dates ne correspondent pas. Il
est bien certain que si la catastrophe qui a englouti l’Atlantide avait eu lieu
seulement vers 600 ou 500 avant J. -C, Platon eût été plus explicite sur ce
sujet, et d’autres auteurs grecs en auraient parlé abondamment sinon avec
précision. Mais il est fort possible que les peuples brittoniques, fuyant leur
pays d’origine englouti par les flots, se soient retrouvés chez des peuples qui,
eux aussi, s’étaient établis là autrefois parce qu’ils avaient dû fuir leur
territoire originel. N’oublions pas ce que dit Ammien Marcellin en reprenant
Timagène : « insulaires étrangers venus d’au-delà des mers » .
Il s’agit des populations autochtones que les Celtes ont rencontrés quand ils sont
venus de l’est et du nord pour s’établir sur les zones les plus occidentales de
l’Europe. Mais ces populations autochtones, elles venaient d’au-delà
Weitere Kostenlose Bücher