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Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Titel: Carnac ou l'énigme de l'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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à Avignon et en Arles. Donc, « ce soir-là, le
monstre du lac, près de la forteresse, se promit d’avaler la forteresse avec
tout ce qu’elle contenait, bêtes et gens… Cûchulainn entendit les eaux du lac
se soulever avec un grand bruit de mer agitée par la tempête. Bien que grande
fût sa fatigue, il voulut savoir ce qui causait ce terrible bruit. Il aperçut
sur le lac un monstre qui dépassait trente coudées au-dessus de la surface de l’eau.
Le monstre s’élança, sauta vers la forteresse et ouvrit une gueule assez grande
pour l’avaler en entier. » Il est bien évident que ce monstre symbolise un
raz de marée. Il faut aussi noter que ce raz de marée ne surgit pas de la mer, mais
d’un lac, ce qui ne désigne pas forcément un véritable lac, mais une lagune, un
marécage ou une anse à l’intérieur des terres, comme ces ebyr (pluriel d’aber) du Pays de Galles ou de Bretagne armoricaine, ou encore ces lochs d’Écosse
sujets à tant de légendes et de superstitions. On ne peut ici que penser au
célèbre monstre du Loch Ness. Cependant, comme Gwyddyon et Amaethon, qui sont
respectivement divinité de la science et divinité
des travaux agricoles dans le poème gallois attribué à Taliesin, le héros
Cûchulainn, fils du dieu Lug, c’est-à-dire du dieu hors fonction qui est « multiple
artisan », trouve le moyen de parer à cette catastrophe. Il réussit à tuer
le monstre, sauve la forteresse et reçoit évidemment les félicitations dues à
son exploit. On sait, par ailleurs, que ce genre d’exploit caractérise la
science druidique : un druide est peut-être capable de déchaîner des tempêtes,
il est également capable de les apaiser. Car il n’y a ni bon ni mauvais, ni
blanc ni noir, mais des êtres doués de pouvoirs exceptionnels qui peuvent
servir vers l’une ou l’autre polarité.
    D’ailleurs, ce même Cûchulainn, du rôle de protecteur contre
l’engloutissement, va passer au rôle d’engloutisseur dans une autre épopée
irlandaise qui nous est malheureusement parvenue de façon tronquée et confuse. Cette
fois, la victime en sera Cûroi mac Daeré, sorte de dieu de l’Autre Monde qui
entretient des rapports ambigus avec le héros Cûchulainn, dont il est, par
certains côtés, le double noir, c’est-à-dire le reflet à travers le miroir.
    Cûroi a une femme, Blathnait, qu’il a autrefois ravie à
Cûchulainn dans des circonstances assez troubles, lors d’une expédition faite
pour ramener d’une île inconnue un chaudron qui pourrait bien être l’un des
prototypes du Graal. Cûchulainn, qui n’a pas perdu l’envie de se venger de
Cûroi, va trouver Blathnait, en l’absence de son mari. Blathnait écoute d’une
oreille bienveillante les propositions de Cûchulainn dont elle est secrètement
amoureuse, et elle consent à trahir Cûroi. Au jour fixé, afin de détourner l’attention
de Cûroi, elle lui lave la tête dans un ruisseau et verse du lait dans le
courant, signe destiné à prévenir Cûchulainn. Depuis ce temps, car la toponymie
ne perd jamais ses droits, la rivière en question fut appelée Finglais, c’est-à-dire
« blanc lait ». Cependant, Cûchulainn et sa troupe, avec le roi
Conchobar d’Ulster, arrivent à proximité, et, à ce moment, le récit en prose de
la Mort de Cûroi s’interrompt pour laisser place à un quatrain, sans
doute un fragment d’ancien poème ayant servi de trame
au récit lui-même :
     
    « Cûroi mac Daeré vint sur eux.
    Il tua cent hommes, puissant combattant :
    il aurait bataillé avec Conchobar
    si le monstre de la mer ne l’avait noyé… »
     
    Ce quatrain n’est pas très explicite, c’est le moins qu’on
puisse dire. Quel est ce monstre de la mer ? Probablement celui qui a été
vaincu auparavant par Cûchulainn lui-même dans d’autres circonstances. Le récit
en prose donne cependant une explication : « Au moment où Cûroi
allait combattre Conchobar, il aperçut sa forteresse en flammes, au nord de la
mer. Alors, il alla vers la mer pour la sauver. Mais l’eau était profonde, et
il se noya. » On peut alors imaginer que Cûroi et sa forteresse disparurent
tout simplement à cause d’un raz de marée succédant à une conflagration (la
forteresse en flammes).
    Ce détail a son importance dans la mesure où, dans la
plupart des récits mythologiques, le thème de l’engloutissement par les eaux
fait suite à des événements où le feu intervient toujours de façon réelle

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