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Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Titel: Carnac ou l'énigme de l'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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entre deux eaux en attendant que resurgisse la ville d’Is.
Il y aurait aussi beaucoup à dire sur le nom de Muirgen (morigena) qui
est à l’origine du nom de la fée Morgane, image d’une
antique divinité féminine qui vit dans une île merveilleuse (ou dans une grotte)
en tant que fée des eaux ou déesse-mère. Un même genre de malédiction frappe
Dahud et Libane : leur naissance est illégitime, voire incestueuse ; leurs
pouvoirs magiques les rendent redoutables et invulnérables, mais ces particularités
ne sont pas sans contrepartie. Dahud est la gardienne des écluses de la ville d’Is.
Libane est la gardienne de la fontaine. Au moment où elles faillissent à leur
mission, elles déclenchent des cataclysmes. Car une inondation comme celle de
la ville d’Is, comme celle du lac Neagh, exactement comme la disparition de l’Atlantide,
ne peut avoir lieu que sous la forme d’un châtiment. Il y a eu une faute, et c’est
une femme qui l’a commise. Il est dommage que le texte de Platon ne fasse pas
référence à une telle faute commise par une prêtresse ou une divinité des
Atlantes. Mais on peut être sûr que dans le schéma primitif de ce récit à demi
historique, à demi légendaire (l’un ne va pas sans l’autre), il devait y avoir
un détail de ce genre.
    Cela dit, par sa diffusion dans les pays celtiques, le thème
de la ville engloutie prouve qu’il revêtait une importance particulière pour
les Celtes. Et il n’est peut-être pas inutile d’étudier ce phénomène dans son
contexte historique, géographique et mythologique.
    L’écrivain latin Ammien Marcellin, citant un ouvrage perdu
du Grec Timagène, déclare avec beaucoup de netteté : « Selon les
antiquités druidiques, la population de la Gaule n’est indigène qu’en partie, et
s’est recrutée à diverses reprises par l’incorporation d’insulaires
étrangers venus d’au-delà des mers, et de peuplades transrhénanes chassées
de leurs foyers, soit par les vicissitudes de la guerre, état permanent de ces
contrées, soit par l’invasion de l’élément fougueux qui gronde sur leurs
côtes » (Ammien Marcellin, XV, 9). Voilà deux informations très
importantes qui, d’ailleurs, sont corroborées par une réflexion du géographe
grec Strabon : « Comment admettre, dit-il, que les
Cimbres aient été chassés de leur primitive demeure par une grande marée de
l’océan… quand nous les voyons aujourd’hui même occuper les mêmes lieux qu’ils
habitaient naguère ? » (Strabon, VII, 2). Il ne faut pas se méprendre
sur les Cimbres : à l’époque de Strabon, les Cimbres occupaient
effectivement leur territoire d’origine, dans le sud du Jutland, et c’était un
peuple germanique parlant une langue celtique (le mot Cimbres est
lui-même d’origine celtique, comparable à celui du Pays de Galles, Cymru, et
signifie « gens du même pays »). Mais, avant notre ère, et particulièrement
au moment où une partie des Cimbres s’étaient précipités sur la Gaule et la Provincia
Romana, au temps de Marius, on ne savait pas exactement qui était ce peuple
bizarre : la plupart des auteurs du temps identifiaient les Cimbres comme
étant des Celtes. La réflexion de Strabon veut donc dire que les Celtes avaient
en effet la réputation d’être arrivés en extrême Occident après avoir été
chassés de leur habitat primitif par des raz-de-marée dévastateurs.
    Cela donnerait du poids à une hypothèse selon laquelle le
mythe fondamental des Celtes, à savoir celui de l’engloutissement par la mer, provient
d’une réalité historique, l’émigration des Celtes à cause de catastrophes
survenues sur les côtes de leur pays d’origine. Ce pays d’origine, il se situe
dans l’Europe centrale, mais certains Celtes se sont effectivement fixés dans
le Jutland et sur les côtes de la Baltique, pendant un certain temps. Or il est
prouvé que de grands bouleversements eurent lieu en Europe du Nord vers la fin
de l’Âge du Bronze. Aux alentours de l’an 1200 avant notre ère, on constate, d’après
les données géographiques et géologiques, une baisse de niveau de tous les lacs,
marécages et lagunes, ce qui est l’indice d’un climat sec et chaud faisant
suite à une période humide et froide. C’est probablement de cette époque que
date l’assèchement progressif de la mer turco-sibérienne dont il ne reste plus,
de nos jours, que la mer Caspienne et la mer d’Aral. En effet, toutes

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