Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
ou
symbolique. Dans le cas de la mort de Cûroi, la connotation est nette. Elle
peut signifier une sorte d’éruption volcanique provoquant un raz de marée. Dans
le cas de la ville d’Is, c’est l’apparition du « prince rouge », personnage
satanique « aux yeux de braise » qui, en obligeant Dahud à dérober la
clef des écluses, provoque la submersion de la ville. Dans la tradition
universelle, deux thèmes se chevauchent ainsi, même si, dans la Bible hébraïque,
par exemple, il semble qu’on ait éliminé le rapport de cause à effet.
Il s’agit du déluge. Tous les textes traditionnels en
parlent, en font une description, et le présentent comme un châtiment divin. Mais
le déluge, en lui-même, ne se justifie pas sans référence à une période d’assèchement
préalable. C’est une loi naturelle : à une période de sécheresse succède
une période d’humidité, et inversement. L’eau ne surgit pas de nulle part, et
les régressions marines n’ont été que des condensations d’eau sous l’effet de
la chaleur, cette eau étant en quelque sorte mise en réserve, mais toujours
prête à retomber sur la terre. En un mot, le déluge n’est logique que si on
fait référence au mythe de Phaeton, et ce n’est certainement pas un hasard si
Platon, dans le Timée, par la voix du prêtre de Saïs, y fait allusion.
En effet, la fable de Phaeton rend compte de certains
bouleversements qui ont eu réellement lieu sur notre planète à une époque qu’il
est difficile de dater, mais qui ont dû correspondre à un changement dans l’axe
de la terre. Il n’est pas question de prétendre que toute la terre s’est embrasée
lors du passage fou du char du Soleil, mal conduit par le malheureux Phaeton :
c’est une région limitée qui a subi les effets du rayonnement solaire, mais une
région qui n’était point accoutumée à cette chaleur : d’où une sécheresse
subite, et donc une désertification.
Par contre, d’autres régions qui étaient sèches et froides, ou
tempérées, ont été brutalement soumises à une humidification, voire à un froid
intense. Le déluge, lui aussi, n’a pas été universel et n’a concerné que des
territoires très limités. D’ailleurs, on ne peut guère prétendre qu’il n’y a eu
qu’un seul déluge : l’histoire de la terre a certainement connu de
multiples événements de ce genre, parce que, sous l’influence de certaines
comètes, l’axe de la terre a changé. Ainsi s’expliquent les périodes glaciaires
et subglaciaires. Ainsi s’expliquent certaines anomalies, notamment le fait que
dans les déserts de Gobi et du Sahara, il y ait eu autrefois de la végétation
et de l’humidité. Cela pourrait fournir des arguments à ceux qui placent l’Atlantide
dans le Sahara, mais ne prouve rien.
L’histoire de la ville d’Is, si présente dans la tradition
des Celtes, témoigne de faits réels qui ont dû se produire à différentes
époques et qui se sont cristallisés dans un seul exemple, le plus significatif
et également le plus symbolique, se chargeant, à l’arrivée, de tout un contenu
fantasmatique. Une psychanalyse de la légende d’Is peut, en effet, faire apparaître
un mythe d’origine, à savoir la catastrophe de la naissance et le désir inconscient
de retourner dans les eaux mères, ce qu’on appelle le regressus ad uterum : car la ville d’Is n’a pas été détruite, elle a seulement été recouverte par
les eaux, et elle est prête à resurgir à tout moment.
Il en est de même pour l’Atlantide. À partir du moment où l’on
admet que le texte de Platon renferme une réalité profonde, même si la description
donnée fait la part belle au mythe et à l’affabulation, cette réalité profonde
demeure présente dans l’inconscient humain : l’abondance et la variété des
recherches entreprises pour retrouver – d’une façon ou d’une autre – ce continent
disparu en sont une preuve éclatante. Peu importe de savoir où gît l’Atlantide
réelle : elle se trouve en nous, dans notre inconscient. De même que la
légende d’Is semble le mythe fondamental de la tradition celtique, l’histoire
de l’Atlantide fait partie de l’inconscient humain et donc de la tradition
universelle. Les événements qui frappent l’imagination imprègnent si fort la
conscience que celle-ci, ne pouvant s’en débarrasser complètement, se contente
bien souvent de les refouler dans l’inconscient. Mais, comme on le
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