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Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Titel: Carnac ou l'énigme de l'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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le plus souvent, le diable veille jalousement
sur certaines pierres, des menhirs en particulier : car sous certains
mégalithes, il y a des trésors cachés. Bien entendu, ces trésors sont de l’ or
maudit. Malheur à ceux qui tentent de s’en emparer. On raconte que certains
menhirs se déplacent en de rares occasions et pendant peu de temps : pour
s’emparer du trésor qui se trouve enfoui sous son emplacement, il faut faire
vite, sinon, on se fait écraser par l’énorme bloc, et, de préférence, il faut
faire le signe de la croix pour éviter d’être saisi par le diable, toujours en
train de guetter aux alentours.
    Cette croyance en l’existence de trésors sous les mégalithes
provient du fait que lors de découvertes fortuites, les gens des campagnes ont
effectivement trouvé parfois des pièces d’or, des objets précieux. Les dolmens
sous tumulus ont souvent servi de cachettes à certaines époques troublées. Cela
explique d’ailleurs pourquoi tant de monuments mégalithiques ont été détruits
ou bouleversés par des fouilles sauvages dans le but de récupérer des fortunes
supposées. Et l’imagination faisant son office, la réalité se mêlant aux
souvenirs mythologiques, ces trésors sont devenus magiques, divins ou
diaboliques selon les cas, toujours revêtus d’une aura de mystère, toujours
difficiles à atteindre : il y a toujours un gardien des trésors de l’Autre
Monde, que ce soit un Korrigan, un serpent ou un dragon, le diable, ou une
mauvaise sorcière.
    Les dolmens sous tertres tumulaires sont souvent les
demeures privilégiées des fées. Autrefois, les fées vivaient sur la terre, parce
que tout le monde croyait en elles (sous-entendu : avant l’introduction du
Christianisme). Maintenant que seules quelques personnes croient encore en
elles, elles ont disparu : elles se cachent dans les sombres demeures
mégalithiques et n’en sortent que la nuit, parfois pour ravir les enfants et
les emmener avec elles, parfois pour accomplir quelque action charitable envers
des braves gens.
    Car les fées sont ambiguës, à la fois bonnes et mauvaises. Elles
ne sont ni plus ni moins que les images folkloriques de l’ancienne divinité des
tertres, de cette Déesse des Commencements si souvent représentée sur les
pétroglyphes des dolmens. Cette déesse étant à la fois celle de la vie et celle
de la mort, ce caractère est passé sur les personnages qui ont pris sa succession.
Une légende de Belle-Île résume assez bien cette ambiguïté. Sur la route de
Port-Donant, il y a deux menhirs, l’un et l’autre séparés par la route, menhirs
qu’on appelle Jean et Jeanne de Runelo. Ce sont deux amants qui ont été ainsi
changés en pierres par des druides qui voulaient empêcher leur mariage. Mais il
y a une fée dans les environs, et cette fée permet, certaines nuits, aux deux
menhirs de se déplacer et de se rapprocher. Cependant quiconque apercevrait la
fée accomplissant cette bonne action mourrait sur-le-champ : les êtres de
l’Autre Monde apprécient fort que les humains ne les espionnent point.
    Cependant, les fées font bon ménage avec les Korrigans et
avec les Géants. Ils appartiennent tous à cet Autre Monde, cet univers
parallèle dans lequel les humains se risquent parfois, non sans danger. À
Marpiré, dans le canton de Vitré (Ille-et-Vilaine), il y avait autrefois un grand
dolmen nommé la Roche aux Fées. C’était la demeure des « bonnes Dames ».
Mais il ne fallait pas passer trop près, car alors les fées ensorcelaient les
imprudents, les filles notamment, car elles ne pouvaient alors s’empêcher de « courir
les garçons ». À Saint-Goazec (Finistère), sur le versant nord des
Montagnes Noires, un géant vivait avec sa fille dans une allée couverte, près
de Kastell-Ruffel. Mais la fille tomba amoureuse d’un des officiers de son père
et s’enfuit avec lui. Le père les poursuivit et, arrachant les pierres de ses
remparts, il les lança sur eux. Heureusement, la fille, qui était fée, réussit
à éviter les projectiles : ce sont ceux-ci qui forment l’alignement de
menhirs qu’on voit sur la lande de Saint-Jean.
    Ce conte de Saint-Goazec est révélateur de la mythologie profonde
attachée aux mégalithes. Il s’agit d’un schéma bien connu : celui du jeune
garçon qui devient le domestique d’un géant ou d’un magicien, qui tombe
amoureux de la fille de celui-ci, et qui, grâce à l’aide de la jeune fille, s’enfuit
en

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