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Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Titel: Carnac ou l'énigme de l'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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qui ne soit appuyé par la Tradition. Si la
légende locale prétend que les menhirs des alignements sont dus à une
intervention divine suscitée par saint Kornéli, c’est qu’il y a une réalité
fondamentale qui se dissimule sous cette histoire. Les symboles étant des
objets concrets mis au service d’une idée, ils sont révélateurs d’un système de
pensée, à condition de pouvoir en décrypter le sens profond. Le premier élément
de notre confrontation avec les monuments mégalithiques est donc ce mystérieux
personnage de Kernunnos, le dieu cornu, devenu dans l’hagiographie chrétienne
le bon saint Kornéli, protecteur des bêtes à cornes, et accessoirement pape
romain, ce qui n’est pas non plus négligeable quand on songe que, pendant de
nombreux siècles, les chrétientés celtiques ont eu maille à partir avec la
hiérarchie mise en place à Rome.
    S’il y avait encore des bûchers pour « sauver »
les hérétiques, nul doute que « saint » Kornéli serait le premier à y
monter.
    Un deuxième personnage mythologique est lié aux mégalithes, et
il est parmi les plus connus : il s’agit de Gargantua. Ici, nous touchons
au fond du puits ténébreux qui recèle les mystères de l’extrême Occident.
    En effet, si Gargantua est bien connu, c’est qu’il est en
fait le plus méconnu de tous les personnages dits folkloriques. On croit qu’il
s’agit d’une invention – géniale – de Rabelais. On a tort. Rabelais n’a fait
que reprendre un héros de la mythologie française populaire, bien vivante encore
de son temps, et que, par une intuition fantastique, il a senti au cœur même du
problème des origines. En faisant de Gargantua le modèle type de l’humaniste de
la Renaissance, à la fois héritier d’un passé traditionnel savamment digéré et
propagateur des idées nouvelles, notamment en matière de religion, François
Rabelais savait parfaitement ce qu’il faisait : il insistait sur une
figure divine fondatrice. Ce n’est pas parce que Rabelais a écrit un
chef-d’œuvre de la prose française sous le titre de Gargantua que ce
personnage a acquis ses lettres de noblesse. C’est parce qu’il avait déjà ses
lettres de noblesse que Rabelais s’en est emparé. Il s’est passé pour Gargantua
ce qui s’est passé pour le soi-disant roi Arthur : il existait bien avant
que le savant clerc Geoffroy de Monmouth ait eu l’idée de raconter – en latin, en
1132, ou en 1135 – les aventures plus ou moins imaginaires qu’on lui attribuait
depuis plusieurs siècles dans le Cornwall et dans le sud du Pays de Galles.
    Sur tout le territoire français, les mégalithes placés sous
le vocable de Gargantua sont innombrables. Ici c’est la Pierre de Gargantua. Là,
c’est le Pet de Gargantua ou la Crotte de Gargantua. La connotation
scatologique ne fait que renforcer la signification du personnage divin : tout
ce qui sort du corps divin est divin, il n’est pour le prouver que de faire
mention de la Cène, telle qu’elle est rapportée par
les Évangélistes officiels, dûment patentés par les Pères de l’Église (Ceci
est mon corps, ceci est mon sang… cette formule en dit long sur le
fétichisme, et le fétichisme n’est pas absent de la scatologie). De la même
façon que nombre d’étangs sont des « pisses de Gargantua », des
mégalithes, généralement des menhirs, sont des « crottes » de
Gargantua, et d’autres sont des « graviers » de Gargantua, « gravier »
étant pris dans le sens de calcul rénal abandonné en pleine nature par un géant
en pleine crise de coliques néphrétiques. Les divinités, dans toutes les
mythologies, ont les mêmes faiblesses et les mêmes maladies que les pauvres
mortels. D’ailleurs, est-on sûr que les divinités soient immortelles ? L’exemple
de la mythologie germanique prouve le contraire, et Odin-Wotan est aussi faible
et désemparé devant la loi des Nornes que le pauvre Zeus devant l ’Anangkè (le Fatum latin aveugle) qui régit le monde supérieur comme le monde
inférieur. C’est à croire que, comme le disait déjà Plutarque, prêtre de
Delphes au 1 er siècle après J. -C, les mythologies sont de belles
histoires inventées par les prêtres pour rendre compte des mutations d’une
unique divinité, à moins que ce ne soit pour abuser les fidèles avides de
formules sécurisantes. Les dieux qui apparaissent dans les temples grecs et
romains ne sont que des pantins que les prêtres manipulent

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