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Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Titel: Carnac ou l'énigme de l'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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pour masquer leur
ignorance quant à la Divinité primordiale et supérieure, celle qui n’a ni nom
ni forme, celle qui est terrible parce qu’elle est incommunicable et innommable.
L’ ignominie des prêtres de n’importe quelle religion, comme disait André
Breton, n’a pas de limite : ils font semblant de savoir pour mieux assurer
leur domination sur des êtres humains anxieux de leur destinée et qu’on endort
par de belles histoires. Plutarque savait de quoi il parlait, lui qui interprétait les paroles incohérentes de la Pythie de Delphes.
    Gargantua est un personnage exemplaire. Une fois décrypté, il
représente la puissance constructrice et destructrice (l’une ne va pas sans l’autre)
du Deus abscons qui est la clef de tout l’univers
et la justification de la vie (et de la mort). Il recouvre la notion grecque
primitive d’Héraklès, le géant pourchasseur de monstres, et pourtant abandonné,
avec ingratitude, par son père divin. Gargantua est l’image de ce qu’on appelle
le démiurge, et il était normal qu’on lui attribuât des monuments mégalithiques
de dimensions tout à fait exceptionnelles.
    Ce sont les auteurs grecs et latins qui nous parlent de lui
en premier, mais en l’assimilant à Héraklès. Il aurait fondé Alésia, lieu sacré
par excellence, bien qu’on ne puisse savoir quel est le véritable site à lui donner. [21] Étant tombé amoureux de la fille du roi d’Alésia, il l’épouse, et il en a un
fils auquel il donne le nom de Galatès : on voit tout de suite qu’il s’agit
d’une légende étiologique destinée à expliquer l’origine divine des Gaulois et
des Galates (les deux termes étant identiques). La figuration du
dieu-géant, sous le vocable d’Héraklès en Grèce, est universelle et permet de
fournir des explications apparemment rationnelles sur certains sites
remarquables ou sur certains monuments dont l’étrangeté ou l’ampleur défie le
travail de la main des hommes. Il était donc normal qu’on attribuât à un dieu
géant la fondation de certaines villes ou l’érection de certains mégalithes.
    Mais les Grecs et les Latins, lorsqu’ils parlent des dieux
indigènes, transposent toujours sur le mode grec (ou latin). D’après les
détails des traditions concernant Gargantua, il est évident que le nom d’Héraklès
n’est qu’une hellénisation du Gargantua gaulois, de même que le dieu Mercure, que
César dit être honoré par-dessus tous les dieux en Gaule,
n’est que la transcription latine du dieu panceltique Lug, le Multiple Artisan.
Ce Gargantua est pourtant un personnage que la toponymie a retenu depuis fort
longtemps : au Monte-Gargano, dans les Pouilles, en Italie, lieu
privilégié par excellence, puisque détonateur du culte de saint Michel en
Occident [22] , répond
le Mont-Gargan de la Corrèze, ou le lieu-dit Gargan dans la région parisienne
qui a donné naissance à la commune de Livry-Gargan. Dans les traditions
bretonnes insulaires répercutées par Geoffroy de Monmouth, il apparaît sous le
nom gallois de Gwrgwnt. Sur les autels des églises du continent, notamment dans
l’est de la France, on le retrouve sous le vocable de « saint »
Gorgon. Et il a évidemment à voir avec la gargouille qui hante l’extérieur
de nos cathédrales.
    Le nom de Gargantua a provoqué certaines discussions. L’explication
la plus simple consisterait à y voir le mot latin gurges, « gorge » :
ainsi Gargantua serait un géant doué d’une grande gorge, ce que
confirmeraient son appétit insatiable et sa soif inextinguible. D’ailleurs, sa
mère se nomme Gargamelle, où l’on retrouve le même mot, et son père est
Grandgousier, c’est-à-dire « grand gosier ». Mais il y a une autre
étymologie possible, celtique celle-là, qui ferait venir le nom de deux mots
brittoniques, gar, « cuisse », et cam (avec la mutation
en gam), « courbe ». Gargantua et sa mère Gargamelle seraient
donc des géants « à la cuisse courbe », c’est-à-dire boiteux, caractéristique
de certains personnages divins qui sont affligés d’une tare physique
généralement contradictoire avec la fonction qu’ils incarnent. Ainsi le dieu
germanique Odin-Wotan, le « très voyant », est borgne, et Tyr, le
dieu habile, est manchot. Gargantua, qui est un géant puissant et rapide, est
donc normalement boiteux [23] .
    Quoi qu’il en soit, Gargantua est le nom gaulois d’un dieu
nommé Dagda dans la mythologie irlandaise. Dagda, le

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