Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
dimension et ignoraient qu’il y eût un continent de l’autre
côté – mais une ou plusieurs îles qui, de toute façon, ne se situaient pas dans
la Méditerranée. L’époque, Platon l’a précisée : neuf mille ans avant le
temps de Solon, ce qui fait de 9 500 à 10 000 ans avant notre ère. Ceux
qui croient – et veulent faire croire par tous les moyens – que l’Atlantide est
le fameux – et brumeux – continent Mu qui aurait occupé l’Atlantique dans les
temps préhistoriques, reliant ainsi l’Afrique à l’Amérique, feraient également
bien de se référer au texte de Platon. L’événement se situe au début du
Néolithique en Orient, à la fin du Mésolithique pour l’Occident. Ce sont là des
réflexions qu’il convient de ne pas négliger.
Ayant ainsi fait l’exposé des motifs, Platon se lance, toujours
par la voix du prêtre de Saïs, dans une description de l’île Atlantide :
« Il s’y trouvait en effet une île, située en face du détroit que vous
appelez, dans votre langue, les Colonnes d’Hercule. Cette île était plus grande
que la Libye et l’Asie réunies [35] . Les
navigateurs passaient de là sur les autres îles et de celle-ci sur le continent
qui borde cette mer, vraiment digne de ce nom. Car pour tout ce qui est en deçà
du détroit dont nous avons parlé, cela ressemble à un pont dont l’entrée est
étroite, tandis que le reste est une véritable mer, de même que la terre qui le
borde est un véritable continent [36] . »
Les partisans d’une Atlantide qui serait partout sauf dans l’Atlantique
feraient eux aussi un excellent travail en se référant à ce récit de Platon. La
localisation n’est peut-être pas très précise, mais elle est formelle quant à
la situation de cette île mystérieuse dans l’océan Atlantique. Il ne peut y
avoir aucune discussion sur ce point.
Platon poursuit : « Or, dans cette île Atlantide, des
rois avaient formé une grande et merveilleuse puissance qui dominait sur l’île
entière et jusque sur plusieurs parties du continent . De plus, dans nos
contrées, en deçà du détroit, ils étaient maîtres de la Libye jusqu’à l’Égypte
et de l’Europe jusqu’à la Tyrrhénie. » Il est dommage que Platon n’ait
point donné d’autres détails sur les possessions des Atlantes sur le continent
européen, mais il semble bien que ces possessions correspondent à l’aire d’extension
des mégalithes, depuis la mer Tyrrhénienne, jusqu’à l’Irlande. Ce qui ressort
en tout cas de ce paragraphe, c’est que l’île Atlantide constituait un État
fort et puissant, au besoin agressif.
En effet, les Atlantes se lancent à la conquête du reste de
la Méditerranée. « C’est alors que ce vaste empire, réunissant toutes ses
forces, entreprit un jour d’asservir notre pays, le vôtre et tous les peuples
situés de ce côté du détroit. Mais votre ville, ô Solon, fit éclater devant
tous sa vaillance et sa puissance. À la tête des
Hellènes, d’abord, puis seule, par la défection de ses alliés, elle brava les
plus grands périls, triompha des envahisseurs, dressa des trophées, préserva de
la servitude les peuples qui n’étaient pas encore asservis, et, pour les autres,
situés, ainsi que nous, en deçà des Colonnes d’Hercule, les rendit tous à la
liberté. »
Il y a dans tout cela une évidente monstruosité : dix
mille ans ayant notre ère, Athènes n’existait pas, et les Hellènes n’avaient
point encore quitté le berceau des Indo-Européens primitifs. Ou bien Platon
mélange tout, ou bien il le fait pour égarer volontairement. Il est possible qu’il
ait confondu Athènes avec un peuple d’autrefois qui organisa la lutte contre
les envahisseurs. Ou alors, il faut ramener l’époque de cette guerre à la fin
de l’Âge du Bronze, c’est-à-dire vers 900 ou 700 avant J. -C, au moment où les
premiers Hellènes, ceux qu’on appelle les Achéens, s’installaient dans la
péninsule grecque. Cette dernière solution aurait l’avantage de donner une
dimension presque historique à l’Atlantide : mais si c’était le cas, nul
doute que les Grecs, Achéens ou Doriens, en auraient quand même gardé quelques
souvenirs. Il n’en reste pas moins vrai que les Atlantes commencent leur entrée
dans l’histoire par un acte d’agression caractérisée contre les peuples de la
Méditerranée orientale.
C’est alors le récit très succinct du cataclysme qui fit
disparaître
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