Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
l’Atlantide : « Mais dans les temps qui suivirent, eurent
lieu de grands tremblements de terre, des inondations. Et, en un seul jour, en
une seule nuit, tout ce qu’il y avait de guerriers chez vous fut englouti à la
fois dans la terre entrouverte, l’île Atlantide disparut sous la mer, et c’est
pourquoi, aujourd’hui encore, on ne peut ni parcourir, ni explorer cette mer, la
navigation trouvant un insurmontable obstacle dans la quantité de vase que l’île
a déposée en s’engloutissant. »
Il est évident que dans les explications géographiques de
Platon, l’île Atlantide pouvait très bien se situer en face du détroit
de Gibraltar ou bien plus au nord, au large de l’Irlande, ou encore dans la mer
du Nord, vers Héligoland. Mais ce qu’on doit tenir de ce texte, c’est que le
cataclysme – fort bien décrit, avec tremblements de terre et
raz-de-marée – s’est propag é jusqu’en Gr è ce, puisque, selon les
propos du pr ê tre de Saïs, tous les
guerriers d’Ath è nes disparurent. À moins
qu’il ne s’agisse des troupes ath é niennes – c’est- à -dire
de la cit é qui pr é c é da
Ath è nes – qui s’étaient lancées à
la poursuite des Atlantes et qui pouvaient donc se trouver sur les rivages
atlantiques de l’Europe. D’autre part, le cataclysme fut violent et soudain : en un seul jour et en une seule nuit. On comprend que la disparition de
l’île Atlantide ait provoqué de sérieuses perturbations en chaîne et qu’on en
ait ressenti les secousses jusque dans la Méditerranée orientale.
Cela dit, il y a une indication curieuse dans le texte de
Platon : la mer sur laquelle il est impossible de naviguer à cause de la
vase accumulée par la disparition de l’île Atlantide. Platon y reviendra dans
le Critias : « À sa place, on ne trouve plus qu’un limon qui
arrête les navigateurs et rend la mer impraticable ». On pense évidemment
à la mer des Sargasses. Mais, cette mer impraticable, nous en trouvons d’autres
traces, et pas seulement dans les traditions méditerranéennes. Le Kudrun, poème
Scandinave, dans son douzième chant, décrit une montagne située aux confins de
l’Occident, au sein d’une mer immobile : est-ce qu’il s’agit d’une
mer gelée dans les environs de la mystérieuse Thulé, ou est-ce un souvenir de
la mer impraticable de l’Atlantide ?
Il y a autre chose. L’historien latin Tacite qui, grâce à
son beau-père Agricola, est parfaitement au courant des traditions de la
Grande-Bretagne et de l’Europe du Nord, nous apporte cette curieuse information :
« Cette mer (située au large de l’Écosse) est immobile et résiste aux
efforts des rameurs. Les vents même ne peuvent soulever ses flots, sans doute
parce qu’on n’y voit que peu de terres et que peu de montagnes où naissent et
se forment les tempêtes, et que cette mer sans fond comme sans
bornes est plus lente à s’ébranler » (Vie d’Agricola, X). La
description est assez saisissante et corrobore le texte de Platon, et on
pourrait facilement situer cette mer immobile dans la mer du Nord, entre l’Écosse
et le Danemark, donc au voisinage d’Héligoland. Cependant, Tacite revient à la
charge dans sa Germanie (XLV) à propos d’une mer qu’il place au nord, dans
le pays des Suions, peuplade germanique : « Au-delà des Suions s’étend
une autre mer, dormante et presque immobile, dont on croit l’univers entouré et
comme enfermé de toutes parts, parce que les dernières clartés du soleil
couchant s’y prolongent jusqu’à son lever avec un éclat qui fait pâlir les
astres. La crédulité ajoute qu’on entend le bruit du dieu sortant des ondes et
qu’on voit des formes divines, et une tête environnée de rayons. » Il s’agit
de la même mer, mais ce qui est intéressant, c’est la référence au dieu qui
surgit de l’onde. On serait tenté d’y voir le souvenir du fameux temple dédié à
un dieu marin qui gît dans la mer au large d’Héligoland. D’ailleurs, ce dieu « marin »,
qui pourrait être Poséidon, est aussi un dieu rayonnant. Dans son Critias, Platon
dira que le fondateur de l’Atlantide est Poséidon lui-même, mais il nous
prévient qu’il utilise des noms grecs pour transcrire des noms étrangers. Il
faudrait savoir qui se cache sous le nom de Poséidon. À ce moment-là, on
pourrait peut-être évoquer l’Apollon hyberboréen qui descend tous les dix-neuf
ans à Stonehenge.
De toute façon, cette mer
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