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Cathares

Cathares

Titel: Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Weber
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brusquement. Rien ni personne ne pourrait l’empêcher d’agir. Et comme à Varsovie, son chef lui en serait finalement reconnaissant.

 
    40
    Le Bihan se plaça contre le rempart, au coeur du pentacle de pierre. Il porta son regard vers le donjon et plus précisément vers l’ouverture qui donnait sur la fenêtre du mur du fond de la muraille coiffant la citerne. Telle était une partie de la théorie de Rahn. Montségur puisait ses racines dans des croyances bien antérieures aux dogmes de l’Église chrétienne. La meilleure preuve de ses origines païennes était la liaison directe qui s’établissait entre l’architecture et le solstice, le seul jour de l’année où les rayons du soleil pénétraient exactement à travers les deux ouvertures aménagées dans les murs de pierre. Dès lors, la forteresse incarnait le lien tangible qui réunissait à travers les siècles les Cathares aux anciennes religions païennes. De telles conclusions expliquaient aussi pourquoi l’Allemand voyait dans les Cathares des druides convertis.
    Son raisonnement paraissait bien se tenir, à un petit détail près. La forteresse actuelle n’était que le troisième castrum de Montségur. Les deux autres châteaux avaient été entièrement détruits et ensuite reconstruits.

    Le Bihan sortit son petit carnet de notes. Il commença à y tracer quelques lignes :
    — Avant treizième siècle : Montségur I.
    — 1204 : Raymond de Péreille rebâtit une forteresse sur les ruines d’un ancien édifice. Elle devient le siège de l’Église cathare du Limousin.
    — 1204-1244 : édification de Montségur II.
    — 1244 : persécution et grand bûcher.
    — Après 1244 : construction de Montségur III.
    — 1931 : Otto Rahn à Montségur... Théorie des païens ? ? ?
    Il réfléchit avant d’ajouter une dernière ligne :
    Et si la nouvelle forteresse avait respecté les plans antérieurs ?
    Le Bihan observa à nouveau la meurtrière. Il se refusait à jeter aux orties aussi facilement la théorie de Rahn. Les bâtisseurs de ces forteresses avaient très bien pu conserver le souvenir des anciennes constructions et voulu les imiter. Pendant qu’il continuait à réfléchir, il jeta un coup d’oeil sur sa montre. Il vit qu’il était déjà dix heures cinq. Son père était en retard. Oh, ce n’était encore qu’un léger retard. Et il ne savait même pas si Maurice était du genre ponctuel. Il ne connaissait rien de cet homme si ce n’était de lointains et mauvais souvenirs, des histoires mille fois ressassées à la maison et une brève rencontre avec lui après vingt ans d’absence. Mais il venait d’apprendre autre chose de bien plus terrible encore, une rumeur atroce colportée par un hôtelier. Voilà tout ce qu’il savait de cet homme qui lui avait donné rendez-vous et qui était légèrement en retard.
    Le jeune homme referma son carnet et sortit par la porte nord, celle qui ménageait au loin une vue sur la petite ville de Mirepoix où logeait son père. Le Bihan ferma un instant les yeux et inspira profondément. Le souvenir des hommes qui s’étaient battus pour conserver cette place forte et le lointain écho des cris des suppliciés résonnaient à nouveau dans son crâne. Quand cette terre souillée finirait-elle par retrouver la quiétude ? Même le vent léger avait, ici, au sommet de ce pog, des accents de drame. Et le soleil ? Il n’était pas de ceux qui réchauffent le corps des hommes endolori par le froid de l’hiver. Ses rayons se confondaient avec les flammes qui embrasaient les bûchers des condamnés.
    Bing !
    Le bruit était discret, mais loin de tout et à cette altitude, le moindre son acquérait un relief particulier. Le Bihan tourna la tête vers la gauche. Il en était convaincu : c’était de ce côté que provenait le petit « bing » qu’il venait d’entendre.
    — Maurice ? lança d’abord timidement Le Bihan.
    Il n’y eut pas de réponse.
    — Papa ! recommença-t-il cette fois en criant franchement.
    Mais il n’obtint toujours pas de réponse. Il longea lentement la paroi extérieure de la forteresse pour comprendre d’où venait le bruit. Mais le silence avait repris ses droits. Il était dix heures dix et il n’y avait toujours pas la moindre trace de son père dans les parages. Le Bihan se dit qu’il lui avait joué un mauvais tour et qu’il ne viendrait pas. D’une certaine manière, cette idée l’arrangeait plutôt. Cela lui épargnait

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