Ce jour-là
d’avoir rejoint le sentier nous avait galvanisés. Les types du RECCE étaient les meilleurs dans leur domaine, et sans leur préparation méticuleuse, jamais nous n’aurions pu mener cette opération à bien.
Le sentier de chèvres, pas plus large que nos deux pieds, courait le long de la paroi. D’un côté la paroi nous dominait de toute sa hauteur, de l’autre, une falaise presque verticale descendait jusque dans la vallée. Nous n’avions pas le temps de penser aux conséquences d’un faux pas. Nous venions de passer des heures à chercher le sentier, le lever du jour n’allait pas tarder et le temps était compté.
Il fallait avancer.
Ce fut le soulagement lorsque le sentier aboutit sur une position parfaite, légèrement au-dessus des habitations cibles.
Cible composée de trois bâtiments avec une cour centrale, et plusieurs petites constructions dispersées autour du périmètre.
Le sentier débouchait sur une série de champs en terrasse qui dessinaient une sorte de grand escalier à flanc de pente. Nous étions hors saison et la terre était sèche. Parfois, ces champs en terrasse sont inondés et il faut patauger dans la boue.
J’ai installé mon équipe sur la terrasse qui était au même niveau que la cible principale.
« A lpha (9) en place », dis-je à la radio.
L’équipe de Steve s’est placée sur la terrasse au-dessus de la mienne, sur mon côté droit.
« Charlie en place », dit Steve à la radio.
L’équipe Bravo s’est postée sur une terrasse au-dessous pour contrôler le site côté sud, un peu plus bas.
« Bravo en place. »
L’adrénaline commençait à courir dans mes veines. Je ne me sentais plus fatigué ni endolori. Mes sens étaient exacerbés ; nous étions en alerte maximale. Si tout se passait comme prévu, nous allions prendre l’ennemi par surprise. Mais si les choses tournaient mal, il y aurait des tirs rapprochés.
« On y va, dit le patron. En douceur et sans se presser. »
Nous avons commencé notre progression. Tout le monde était silencieux, chaque pas étudié avec soin. On ne se précipitait jamais quand on s’introduisait dans un périmètre ennemi. Parfois, on arrivait jusque dans les chambres de nos adversaires. C’était différent dans les autres unités, obligées de réagir à l’explosion d’une mine sur la route ou à une embuscade. Chez nous, tout était délibéré, calculé. Notre tactique n’était pas unique. Ce qui faisait la différence, c’était notre niveau d’expérience et que nous savions parfaitement quand il fallait être violents et rapides, quand il fallait être patients et silencieux.
Mon cœur battait fort. Chaque bruit était amplifié. Nous avancions de quatre ou cinq pas, puis nous nous arrêtions. J’épaulais alors mon arme et me concentrais sur mon laser, que je passais sur les portes, les fenêtres et les allées, guettant les mouvements. Mes coéquipiers faisaient la même chose.
Lentement, pensai-je. La lenteur, c’est le calme.
Arrivé au premier bâtiment, j’essayai la poignée rouillée de la grosse porte en bois.
Fermée.
Charlie tenta la même chose avec une porte similaire sur la maison voisine. Fermée aussi.
Pas un mot. Nous n’avions aucun code gestuel spécial ou secret entre nous. Je me suis contenté de hocher la tête vers Charlie et nous avons contourné le bâtiment pour rejoindre la cour.
Un petit portail permettait d’y accéder. Un drap servait de porte. Walt coupa la cordelette qui le retenait.
Une fois à l’intérieur, Steve, Walt et le reste de l’équipe se sont postés de part et d’autre des nombreuses portes qui donnaient sur la cour. Sur un toit, un sniper du RECCE équipé d’un viseur thermique cherchait des sentinelles le long d’un ruisseau à sec qui longeait le périmètre. Mon homme de tête me précéda à travers le même portail, et nous avons approché ensemble la porte de notre cible.
Quand Walt essaya la poignée de son bâtiment, cette fois la porte était ouverte.
Il poussa lentement le battant et vit un homme avec une lampe-torche. En entrant dans la pièce pour le maîtriser, il aperçut un deuxième homme qui se redressait sur son matelas. Il portait des cartouchières, et un AK-47 était posé à côté de lui. Walt et le SEAL entré sur ses talons tirèrent aussitôt et abattirent les deux hommes. De l’autre côté de la pièce investie par Walt, Steve ouvrit la porte d’une autre chambre et trouva des femmes et des
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