Ce jour-là
capitaine un sentier de chèvres, sur la carte. C’était lui qui nous mènerait là-haut.
« Vous avez déjà emprunté ce sentier ?
— Je le connais, répondit le capitaine. Il est raide. De combien de temps disposez-vous ?
— Nous voulons attaquer et être revenus avant le lever du jour.
— Vous n’y arriverez pas, observa le capitaine. Le terrain est impossible et jamais vous ne pourrez faire un tel trajet en une nuit. »
Son unité étant en poste dans la vallée, il était difficile de discuter. C’était son domaine. Ils avaient pratiqué le terrain à la lumière du jour.
« Vous êtes déjà montés là-haut ? demanda le chef du RECCE, le doigt sur le groupe d’habitations qui constituait la cible.
— Le plus loin où nous avons été, c’est là, dit le capitaine en montrant un point qui n’était même pas à mi-chemin. Il nous a fallu six heures, on a été attaqués et les coups de feu ont duré longtemps. Nous avons été obligés de battre en retraite dans la vallée. »
Nous avons encore passé quelques minutes à discuter du plan.
Le patron de l’opération nous regarda, Steve, moi et les autres chefs d’équipe.
« Qu’est-ce que vous en pensez, les gars ? »
La cible était trop excitante pour y renoncer, comme ça. Même avec trois hommes en moins et privés de chien de combat, nous étions encore assez nombreux pour nettoyer l’objectif. Les drones de surveillance ne rapportaient aucun mouvement important, et nous bénéficions donc encore de l’élément de surprise. Il fut décidé de laisser tomber l’escalade par le sentier de chèvres ; nous remonterions tous ensemble la route de la vallée, puis nous nous séparerions pour contourner la cible et la prendre à revers, d’en haut.
« Faisons comme ça », dis-je quand le patron me regarda. Steve confirma.
« Vous y allez quand même ? demanda le capitaine.
— Ouais, répondit finalement le patron.
— L’attaque de la base de ce soir pourrait faire une excellente couverture pour l’opération, observa le capitaine. Nous pourrions vous adjoindre une patrouille. »
Son idée était de nous fournir un groupe de vingt hommes jusqu’au village le plus proche de la vallée, au sud. Nous avancerions avec sa patrouille avant de décrocher et de nous introduire subrepticement dans la vallée cible. Si nous étions observés – il y avait de grandes chances que ce soit le cas –, on espérait que les talibans mordraient à l’hameçon et suivraient le groupe principal de la patrouille.
« Vous ne voyez pas d’objections à ce que nous prenions quelques munitions avant de partir ? demanda notre chef.
— Bien sûr que non. Je m’en occupe. »
Le capitaine composa une patrouille tandis que nous retournions briefer les types qui nous attendaient dans la salle de musculation du poste. On y trouvait quelques haltères, un banc ou deux et un râtelier, le tout dans une pièce pas plus grande qu’un petit bureau. Comme le centre d’opération, l’endroit était protégé des tirs de mortiers par des sacs de sable.
J’ai remplacé dans mon chargeur les quelques cartouches que j’avais tirées et me suis assuré que chaque membre de l’équipe était prêt. Charlie et Walt rechargeaient également leurs armes. Walt faisait partie de l’équipe de Steve et était devenu très proche de Steve et moi depuis son arrivée, après la Green Team.
J’avais entendu parler de Walt alors qu’il était encore dans la Green Team. Tous les SEAL de la côte Est le connaissaient et avaient suivi sa progression jusqu’au second niveau.
De petite taille – il ne m’arrivait pas à l’épaule –, il avait les cheveux hirsutes et une barbe épaisse lui couvrait le visage. Il compensait sa petite taille par ses fanfaronnades. Il avait un peu le syndrome du mec petit et était anormalement velu. Il aurait pu se laisser pousser une barbe en trois jours.
Walt aurait dû commencer la Green Team un an plus tôt, mais des ennuis personnels l’avaient obligé à retarder ce projet.
Nous nous sommes tout de suite bien entendus. Il aimait le tir et les armes à feu autant que moi. Un jour que nous étions au champ de tir, à Virginia Beach, je l’avais invité au SHOT à Las Vegas : une manifestation à l’air libre autour du tir, de la chasse et des ventes d’armes. Si nos emplois du temps nous l’avaient permis, nous serions allés rencontrer les vendeurs, voir les nouvelles armes et les
Weitere Kostenlose Bücher