Ce jour-là
enfants. Laissant un membre de son équipe dans la pièce, Steve et le reste de son groupe allèrent jusqu’à une autre porte.
Un sniper du RECCE qui se tenait à l’arrière du bâtiment que nettoyaient Steve et ses hommes balayait le site avec son laser. Par une fenêtre, il vit une demi-douzaine de talibans s’emparer de leurs armes. Il tira au moment où Steve et son équipe arrivaient à la porte de la pièce.
Entrouvrant la porte, Steve vit les talibans qui couraient se planquer.
« Grenade. »
Un coéquipier de Steve repoussa encore un peu le battant, juste de quoi lancer sa grenade au milieu des ennemis en pleine débandade. D’où j’étais, j’ai entendu le bruit assourdi de l’explosion. Les éclats de la grenade à fragmentation ont tué tous les hommes dans la pièce.
Au moment où j’ai atteint la porte de la maison cible, j’ai entendu, à peine distincte, la détonation du fusil à silencieux du deuxième sniper. Il avait repéré une sentinelle assise sur un rocher qui dominait la route principale. L’homme avait un AK-47 en bandoulière et une roquette posée à côté de lui.
Mon homme de tête poussa le battant et entra dans la première pièce. Sur le sol en terre battu, s’entassaient des sacs de nourriture, des vêtements, des bidons d’huile. Mon coéquipier a tiré. Un taliban armé tentait de s’enfuir par une fenêtre. Les balles l’ont atteint dans le bas du dos et les fesses et il a basculé de l’autre côté de la fenêtre.
Dehors, j’ai entendu la rafale d’une arme automatique SAW [fusil-mitrailleur]. C’était un homme de l’équipe Bravo.
TATATATATATTTAAA.
Le bruit assourdissant a résonné dans la vallée. J’ai été très surpris parce que nous utilisions presque tous des silencieux sur nos armes pour éviter cela.
« Groupe en mouvement venant du nord », entendis-je sur le réseau de commandement de ma radio. On nous signalait que des talibans se dirigeaient vers notre position. Ils venaient d’un peu plus loin dans la vallée. La cible s’était déjà rapidement morcelée en trois zones de feu, et on nous annonçait que d’autres combattants convergeaient sur nous.
L’équipe Bravo et son fusil-mitrailleur continuèrent de manœuvrer en contrebas de notre position. Un par un, elle abattit au moins cinq combattants de plus, armés de roquettes et de mitrailleuses, qui tentaient de s’infiltrer au plus près de la position. Le porteur du fusil-mitrailleur tira une rafale de trente secondes sur les dernières sentinelles qui se cachaient dans les rochers et le lit du ruisseau.
Au bout de quelques minutes, j’entendis le bourdonnement d’un AC-130. À la radio, le chef de l’opération nous dit que l’avion allait s’occuper des talibans en déplacement côté nord.
« Tu les gardes », j’ai dit à mon coéquipier.
Je l’ai laissé sur place avec un autre SEAL, et je suis parti avec Charlie nettoyer une ruelle qui passait entre deux bâtiments. Ces maisons se trouvaient au même niveau que les terrasses d’où nous avions attaqué.
La ruelle était étroite et on ne pouvait en voir le bout tant elle était encombrée. Je n’arrêtais pas de me prendre dans des cordes à linge tendues entre les deux bâtiments.
Dans un goulet aussi serré, Charlie et moi rasions les murs de près. Je couvrais son côté avec mon laser et lui le mien avec le sien ; son rayon traversait l’allée devant moi. Tout était une question d’angles.
Nous avancions aussi silencieusement que possible. Car il faut savoir aller vite quand c’est nécessaire, mais aussi être capable de reprendre au besoin une progression plus lente et silencieuse. Nous étions au milieu de l’allée quand Charlie a tiré.
PLOP. PLOP. PLOP.
Je suis resté pétrifié. Je ne voyais pas devant. Charlie a lâché une seconde rafale puis s’est avancé de nouveau. J’ai eu le temps de voir un taliban s’effondrer contre le mur, à trois pas. Dans sa chute, il a laissé échapper un fusil de chasse.
Nous avons d’ordinaire vingt-cinq kilos de matériel sur le dos, ce qui inclut le jeu de plaques de notre gilet pare-balles. Charlie non plus n’avait pas mis le sien.
Nous avons fait une pause, une fois au bout de la ruelle, pour souffler un peu.
« Si je me fais descendre ce soir, murmurai-je à l’oreille de Charlie, que personne n’aille raconter à ma mère que je n’avais pas mis mon gilet pare-balles.
— Entendu, me répondit Charlie. Pareil pour
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