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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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telles ; mais leur participation devra être de dimension très modeste, sans musiques, ni fanfares, ni sonneries.
    « Aucun discours ne devra être prononcé, ni à l'église ni ailleurs. Pas d'oraison funèbre au Parlement. Aucun emplacement réservé pendant la cérémonie, sinon à ma famille, à mes Compagnons membres de l'ordre de la Libération, au Conseil municipal de Colombey. Les hommes et femmes de France et d'autres pays du monde pourront, s'ils le désirent, faire à ma mémoire l'honneur d'accompagner mon corps jusqu'à sa dernière demeure. Mais c'est dans le silence que je souhaite qu'il y soit conduit.
    « Je déclare refuser d'avance toute distinction, promotion, dignité, citation, décoration, qu'elle soit française ou étrangère. Si l'une quelconque m'était décernée, ce serait en violation de mes dernières volontés. »

ÉPILOGUE
    DIALOGUE DES VIVANTS
    Dans l'église de Colombey, de Gaulle s'asseyait toujours au dixième rang. Il suffit d'aller s'y asseoir à sa place pour comprendre. Plus près ou plus loin de l'autel, le regard rencontre des vitraux dont le sujet est simplement religieux. Mais dans l'axe du dixième rang, se faisant vis-à-vis, Saint Louis et Jeanne d'Arc. Ces deux vitraux-là parlaient à de Gaulle de l'histoire de France. Ils émouvaient le patriote en même temps que le chrétien. Ils inscrivaient dans la prière l'amour du pays.

    Pour Bossuet, l'Histoire est écrite par la Providence. Pour Thiers ou Michelet, elle résulte de grandes forces collectives : la bourgeoisie, le peuple. Pour Marx, elle n'est que le produit de la lutte des classes. Pour Braudel, elle est le développement de longs et complexes mouvements économiques et sociaux...
    Les grandes figures n' ont-elles donc pas plus de prise sur le destin des peuples qu'un bouchon de liège sur les vagues qui le portent ?
    Selon de Gaulle, au contraire, les grands hommes ressemblent au navigateur qui non seulement affronte les tempêtes, mais tire parti des vents et des vagues pour aller de l'avant. L' Histoire, c'est une suite de chefs qui ont su lui imposer leur marque.

    L'histoire de France imprégnait son esprit des figures célèbres qui exaltaient son patriotisme. Il ressentait leurs hésitations, leurs affres, leurs choix douloureux, comme personne sans doute ne les a ressentis. Ces grands personnages avaient écrit les épreuves d'un livre qu'il lui appartenait de corriger et de récrire, tant pour renouveler les prouesses qu'ils avaient réussies, que pour éviter les erreurs qu'ils avaient commises. Il entendait tirer les leçons des batailles perdues et prolonger l'effet des batailles gagnées.

    Un jour, je lui demandais : « Pourquoi parlez-vous de la France comme si elle comptait tantôt vingt siècles, tantôt quinze, tantôt dix ? » Il me répondit, comme allant de soi, avec cette clarté aveuglante qui vous faisait comprendre que votre question était stupide, mais si courtoisement qu'on ne songeait pas à s'en offusquer : « Vingt siècles, c'est Vercingétorix : il a été le premier résistant de notre race. Quinze siècles, c'est Clovis : en mariant la Gaule romaine et le christianisme, le roi des Francs a vraiment créé laFrance. Dix siècles, c'est Hugues Capet : il a installé la dynastie qui a étendu le pré carré jusqu'à l'hexagone. »

    Vers l'armée de métier présente le petit groupe des personnages qui ont arrêté la France au bord de l'abîme 1 : Jeanne d'Arc, Du Guesclin, le Grand Ferré, Louis XIV qui, au pire moment de sa fin de règne, en appelle au sursaut national pour « l'honneur du nom français ». D'autres encore : Coligny ; Dumouriez ; Faidherbe et Gambetta ; Joffre.
    Nul doute que de Gaulle s'imagine au milieu de ces personnages héroïques. Mais c'est comme s'il voulait exorciser leur attraction fatale. Il ne donne pas dans le mythe du sauveur. Ce romantisme n'est pas pour lui. Il en pressent le risque. Il ne veut pas faire fond sur une sorte de droit au miracle que notre insouciance nous réserverait, comme la nourriture aux oiseaux des champs et aux cigales. S'arracher au pire, c'est bien ; l'éviter, c'est mieux. Il écrit pour mobiliser l'intelligence, la prudence et l'action. Les « retours du bord de l'abîme» ne réparent jamais complètement « les erreurs initiales ».

    Voici encore, comme pour se rendre espoir, une photo de groupe composée par un de Gaulle pince-sans-rire. On pourrait l'appeler le groupe des « malgré nous » : la « dure loi

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