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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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années, nos partenaires se seront sans doute rendu compte des inconvénients du monopole anglo-américain et de l'intérêt, pour tous les Européens, d'y faire quelques brèches.
    GdG. — Il est utile de mettre dans le texte du préambule une formule de réserve pour nous parer vis-à-vis de la Communauté économique européenne. »
    Dans cette discussion qui nous paraît à fronts renversés, le Général parle comme un commissaire de Bruxelles et Pompidou comme un nationaliste protectionniste. Étrange.

    « Je me fous des multinationales, mais il faut respecter nos engagements »
    Après le Conseil, je demande au Général :
    « Craignez-vous autant que Couve les réactions des Anglo-Américains, les réactions de BP et de Shell ?
    GdG. — Je me fous de BP, de Shell et des Anglo-Saxons et de leurs multinationales.
    AP. — Mais vous avez présenté des objections graves.
    GdG. — Je serais enchanté que les multinationales perdent des parts de marché au profit de la France. Mais si nous avons pris des engagements internationaux, il faut les respecter ; ou alors, il faut les dénoncer. Et comme on ne les dénoncera pas, il faut quand même éviter de se trouver en contradiction avec soi-même. La France a eu des gouvernements qui bradaient les intérêts de la France. Elle a maintenant un gouvernement qui ne se soucie que des intérêts de la France. Dans ces intérêts, il y a aussi les intérêts moraux — le respect de la parole donnée et les relations de confiance que nous devons avoir avec nos partenaires.
    AP. — Il y a conflit entre l'intérêt qui s'attache à respecter la parole de la France et celui qui s'attache à regagner un peu du marché pétrolier.
    GdG. — Il y a tout le temps des conflits entre des intérêts contradictoires. Il faut toujours trancher les nœuds gordiens. Peut-être y a-t-il un moyen de prendre pied dans ce marché pétrolier qui est totalement dominé par les Anglo-Saxons, mais sans trahir la foi jurée. C'est ce qu'on va étudier. Ce n'est qu'un des nombreux cas où la puissance des sociétés dites multinationales, qui sont en réalité d'énormes machines anglo-saxonnes, nous a écrasés, nous autres Français en particulier, et les Européens en général.
    « C'est quand même incroyable que nous ayons découvert tant de pétrole au Sahara, au Gabon et ailleurs, et que seulement 5 % du pétrole que nous raffinons soient produits par une entreprise française ! Vous voyez bien, Peyrefitte, que, si l'État ne prend pas les choses en main, nous nous faisons couillonner. »
    Il ne veut pas que la France se fasse « couillonner », mais décidément, il «joue le jeu » — jusqu'à en surprendre ses ministres.
    1 Le président Kennedy a demandé l'ouverture de négociations tarifaires pour libérer les échanges entre pays du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade). Ce sera le Kennedy Round, suivi plus tard par le Nixon Round, puis par l' Uruguay Round, conclu en décembre 1993.
    2 Lors du rebondissement de la tension suscitée par le problème de Berlin, de Gaulle, dans son allocution du 12 juillet 1961, a rejeté fermement sur les Soviets toute la responsabilité de la crise. Il est vrai qu'en 1948-1949, c'étaient les Américains qui avaient, avec l'aide des Anglais, ravitaillé la ville par un pont aérien.
    3 Chef d'état-major de la marine américaine. Il avait précédemment mis au point les premiers moteurs à propulsion nucléaire et le premier sous-marin nucléaire, le Nautilus, lancé en 1954.
    4 Le quarteron, cela voulait dire quatre dans son esprit (comme quatuor ou quadrige), et non pas vingt-cinq, le quart de cent, ce que signifie ce vieux mot français. La poire d'angoisse signifie pour lui un supplice intolérable, non un bâillon pour empêcher de crier. Etc.
    5 Ancien administrateur général du CEA, ministre de 1959 à avril 1962, patron du Bureau des recherches pétrolières et pionnier de l'industrie pétrolière française.
    6 Courte introduction placée en tête d'un texte.

Chapitre 16
    «LES CHIENS ABOIENT, LA CARAVANE PASSE »
    Tandis que s'amoncelaient les nuages sur l'Atlantique et sur l'Europe, j'avais retrouvé la presse. Entre Noël et le Nouvel An, je m'étais remis à recevoir régulièrement les correspondants anglo-américains, pour essayer de renouer avec eux des relations cordiales. Il y avait fort à faire.

    Petit Matignon, 3 janvier 1963.
    Ces journalistes nourrissent à l'égard du Général une sorte de

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