Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
plaisir aux autres pays et de faire en sorte qu'il n'y ait plus de France ! Surtout, ne pas faire de peine aux étrangers ! Il y a chez nous toute une bande de lascars qui ont la vocation de la servilité. Ils sont faits pour faire des courbettes aux autres. Et ils se croient capables, de ce seul fait, de diriger le pays.
    « Inutile de dire que tous ces individus ne peuvent plus cacher leur dépit. Tous ces Jean Monnet, tous ces Guy Mollet, tous ces Paul Reynaud, tous ces Pleven, tous ces Spaak, tous ces Luns, tous ces Schroeder, tous ces Cattani, forment une confrérie européenne. Ils pensaient pouvoir se répartir les places et les fromages. Ils sont tout surpris de voir que ça ne marche pas tout seul. Alors, comment vous étonner qu'ils ne soient pas contents ? Ils sont malades d'être tenus à l'écart ! Ils peuvent compter sur moi pour les tenir à l'écart tant que je pourrai le faire.
    « Heureusement, le peuple a la tripe nationale.
    AP. — Savez-vous, mon général, que depuis votre conférence de presse du 14 janvier, d'après les sondages de l'IFOP, la courbe de votre popularité a augmenté de 5 % ?
    GdG. — Peut-être. Le peuple est patriote. Les bourgeois ne le sont plus ; c'est une classe abâtardie. Ils ont poussé à la collaboration il y a vingt ans, à la CED il y a dix ans 7 . Nous avons failli disparaître en tant que pays. Il n'y aurait plus de France à l'heure actuelle. »

    « Plus les journalistes m'attaquent, plus ils font la propagande de mes idées »
    Salon doré, 6 février 1963.
    GdG : « Le comportement de notre presse est scandaleux. Ça fait d'ailleurs vingt-trois ans que je le constate. (Il compte à partir du 18 Juin, comme pour sa propre légitimité.) La presse française déteste la France. Alors, ça fait vingt-trois ans que j'essaie de doubler la presse, qui m'est résolument hostile, par la radio, et maintenant la télévision, pour atteindre les Français. Mes efforts n'arrivent pas à changer les choses, malgré quelques modestes résultats. Je ne vous le reproche pas. Je sais bien que vous n'y pouvez à peu près rien. Tâchez au moins de tenir de votre mieux la radio et la télévision.
    AP. — Je n'arrive pas à me résigner à ce que les journalistes ne puissent pas comprendre notre position dans une affaire comme la force multilatérale. Couve n'a pas le temps de s'occuper de la presse. Et le service de presse du Quai, comme l'ensemble de la classe politique, est si éloigné de vos idées ! Il faut expliquer, répondre aux objections, essayer de convaincre en petit comité. Sinon, rien ne fera contrepoids à la formidable capacité de pression de l'ambassade des États-Unis et de celle de Grande-Bretagne.
    GdG. — Essayez. Je veux bien, mais je ne crois pas que vous y arriviez. Les Américains ont trop d'intérêt à maintenir les pays d'Europe occidentale à l'état de protectorat, et les Anglais ont trop d'intérêt à ce que ça ne se sache pas. Les Américains ont payé leur tribut sur les plages de Normandie. Ils n'ont plus envie d'essuyer la mitraille. On peut les comprendre. Ils préfèrent les bombardiers, les missiles et les postes de commandement. Et ceux qui acceptent de devenir piétaille détestent qu'on dise qu'ils sont piétaille. Vous n'y pouvez rien.
    « D'ailleurs, croyez-vous que cet acharnement de la presse me porte préjudice ? Je me demande quelquefois s'il ne me fait pas du bien. Le peuple sent les choses. Il sait instinctivement de quel côté est le patriotisme, de quel côté la bassesse. Plus les journalistes m'attaquent, plus ils font la propagande de mes idées.
    « Soyez serein, Peyrefitte. »
    Depuis lors, j'ai suivi systématiquement cette méthode des « fuites préalables ». Elle ne diminue pas le suspens, elle l'augmente, tout en offrant quelques chances d'émousser l'indignation, non, certes, des commentateurs, mais du public, qui se dit : « On le savait déjà. »
    Il m'est arrivé plus tard de penser que la même méthode, appliquée quelques semaines avant son voyage de juillet 1967au Québec, aurait pu éviter, sinon les remous de la presse outre-Manche et outre- Atlantique, du moins que la presse française fasse aussi massivement chorus.

    « Rien n'est aussi payant que le silence »
    À la sortie du Conseil du 13 février 1963.
    GdG : « On m'a dit que vous aviez l'intention de donner une interview à la télévision américaine.
    AP. — Je vous ai soumis le texte des questions et le schéma de mes réponses.
    GdG.

Weitere Kostenlose Bücher