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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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Allemands étaient entrés à Paris, on n'aurait plus su si le commandant en chef était Joffre, ou Nivelle, ou quelque autre, la responsabilité aurait été portée par la République. Joffre a gagné la bataille. On l'a fait maréchal de France. Plus tard, quand le moral flanchait, c'est Clemenceau qui l'a redressé. Quand les Alliés sont arrivés, c'est Clemenceau qui a imposé l'unité de commandement. Quand la victoire est venue, le sentiment populaire a sacré Clemenceau grand vainqueur. Ce qui n'a pas empêché les députés et sénateurs de l'écarter en toute hâte...

    « Le déclenchement de la guerre, c'est le Président »
    « Si une guerre éclate, nous ne savons pas quelle forme elle prendra, mais le destin de la France y sera engagé. Son déclenchement dépasse le commandant en chef. En Amérique, c'est le Président qui décide ; en Angleterre, c'est le Premier ministre ; en Russie, c'est Khrouchtchev. En France, ce ne peut être que le Président, en Conseil des ministres.
    « Néanmoins, il y a la responsabilité des opérations sur le terrain. Ces tâches ne se confondent pas.
    « En 1940, il est parfaitement vrai que Weygand s'est débrouillé pour ne pas porter la responsabilité de la défaite. Pourtant, il commandait les opérations. Gamelin les avait commandées avant lui, mais il n'a pas eu la bassesse de s'en prendre au gouvernement. La responsabilité suprême, en 40, le gouvernement l'a portée. La III e République s'est effondrée et n'en est pas revenue.
    « C'est toujours l'État qui est le responsable suprême. Les généraux ne sont que des instruments. Il faut qu'on respecte leur autonomie et leurs attributions, mais qu'ils soient guidés. Quant à trouver une solution idéale au problème des rapports de la politique et de la stratégie, il y a longtemps que j'y ai renoncé et je vous invite à y renoncer. Tout est question de circonstances. »

    « Il faut que les sous-marins soient dans l'Atlantique »
    Après le Conseil, je demande au Général : « L'annonce par la Revue de la Défense nationale du transfert de la flotte de Toulon à Brest a créé beaucoup d'émotion. Est-ce bien votre projet ?
    GdG. — Je ne sais pas pourquoi la Revue de la Défense nationale a expliqué ça. Mais c'est dans la nature des choses. En 1965,il ne faut pas que la flotte reste enfermée en Méditerranée. La Méditerranée est trop petite. Ça va devenir une souricière. Tous les avions russes pourraient s'amuser à bombarder nos bateaux. Or, notre force de frappe va être de plus en plus basée sur les bateaux. Il faut qu'ils puissent se déployer au grand large. La Méditerranée n'est plus qu'un petit lac ; et, en plus, verrouillé par les Anglo-Saxons à Gibraltar.
    AP. — Alors, que va-t-on faire de Toulon ?
    GdG. — On peut très bien y laisser l'arsenal. On peut très bien y baser une petite flotte. Mais il faut que les porte-avions et plus tard les sous-marins stationnent dans l'Atlantique, qu'ils soient libres de leurs mouvements, et que personne ne sache où ils sont. Donc, c'est à Brest qu'il faut les baser.
    AP. — Et que va-t-on faire de Mers-el-Kébir et de Bizerte ?
    GdG. — Bizerte, c'est fini. Qu'est-ce que vous voulez qu'on en fasse ? Quant à Mers-el-Kébir, eh bien, ce sera un point d'appui de la flotte, d'intérêt médiocre. Et c'est aussi une escale d'aviation pour l'Afrique. Mais ce qui est plus important, ce sont les bases que nous venons d'obtenir en Espagne.
    AP. — Enfin... plutôt des facilités d'escale ?
    GdG. — Ce sont bel et bien des bases aériennes et stratégiques. Et si on vous demande pourquoi, vous direz que la France a autant de raisons que l'Amérique d'avoir des bases en Espagne. »

    « Pas question de négocier pour Bizerte »
    Après le Conseil du 10 avril 1963 :
    AP : « Vous avez reçu hier Saddok Mokkadem 1 . Où en sont les relations franco-tunisiennes et la question de Bizerte ?
    GdG. — Eh bien, Mokkadem est venu me voir parce que les Tunisiens constatent que le Maroc se développe calmement dans la coopération avec la France. Les Tunisiens savent très bien que le meilleur moyen pour eux de se développer, c'est d'imiter le Maroc.
    « Mais, pour Bizerte, c'est un problème que nous réglons unilatéralement. Il ne concerne que notre armée, en l'occurrence notre marine. Il n'est pas question de négocier avec les Tunisiens. Il faut leur apprendre à vivre, et aux autres à travers eux. Je les ai bien avertis qu'il ne pouvait pas en

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