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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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devant moi sur ce thème : « Les pauvres Anglais ont accepté d'abandonner toute autonomie de décision. Mais ils n'en conviennent pas.
    « D'ailleurs, les Polaris ne leur seront livrés que dans x années. Mais c'est tout de suite que les Anglais mettent leurs bombardiers dans la force multilatérale, c'est tout de suite que les Américains veulent empêcher cette force multilatérale d'avoir une quelconque autonomie par rapport à eux.
    « Quant aux pauvres Allemands, ils seront invités à mettre de l'argent, et pourtant la responsabilité leur échappera. Le financement est multilatéral, mais la décision est unilatérale. Les Américains se moquent d'eux, en jouant avec leur désir passionné d'apparaître comme ayant accès à l'armement atomique, ce qu'ils perçoivent comme une sorte de réhabilitation, comme un changement de dimension.
    « Comment les Anglais et les Allemands peuvent-ils être assez bêtes pour tomber dans ce piège, ou plutôt pour croire que les autres ne verront pas qu'ils y tombent ?
    « Et nous, comment les Américains peuvent-ils nous croire assez bêtes pour y tomber ? »

    « Nous continuons nos expériences au Sahara »
    À l'issue du Conseil du 27 mars 1963, j'interroge le Général sur l'aspect militaire des accords d'Évian.
    AP : « Accepteriez-vous que soient remises en cause les dispositions militaires d'Évian sur les essais nucléaires ?
    GdG. — Il ne faut surtout pas en parler ! Il faudra bien que nous poursuivions nos expériences. Il n'est pas question, jusqu'à nouvel ordre, que nous les fassions ailleurs qu'au Sahara.
    « Si Le Monde n'avait pas parlé de ça, nous aurions pu continuer paisiblement nos tirs, comme nous l'avions déjà fait à plusieurs reprises, sans que personne s'en soucie. Malheureusement, il a fait déferler la démagogie afro-asiatique. Et le gouvernement algérien, qui ne disait rien à condition que ça ne se sache pas, se croit obligé maintenant de hurler avec les loups.
    « Nous allons les laisser hurler. Ça nous est complètement égal. Les installations françaises dans les îles Gambier 1 ne seront pas prêtes (il ne faut pas le dire) avant, disons, au moins deux ans, sans doute trois. D'ici là, il est évident que nous continuerons nos expériences au Sahara. Nous n'allons pas retarder de deux ou trois ans notre programme ! Dans ce domaine, qui n'avance pas recule.
    « En revanche, si, comme je l'espère bien, nos installations aux îles Gambier sont prêtes avant la fin des cinq années pendant lesquelles nous avons le droit de faire des expériences au Sahara, eh bien, nous ne ferons pas durer le plaisir. Nous transférerons nos installations et nos hommes dès que ce sera possible. Mais qu'on ne nous bouscule pas, et qu'on ne cherche pas à entraver notre effort de recherche et de mise au point. »

    « Ça marche ! »
    Salon doré, après le Conseil du 3 avril 1963. Le Général me dit joyeusement :
    «Vous devriez dire à vos journalistes : "Vous aviez annoncé que le Marché commun allait éclater ? Il n'a pas éclaté. Que la Grande-Bretagne et les Cinq allaient s'unir contre la France ? Ça n'a pas été le cas. Que nos partenaires n'accepteraient pas l'association des États africains au Marché commun ? Ils viennent de l'accepter. Que l'agriculture ne serait jamais associée au Marché commun ? Elle est en train de l'être. L'Amérique est quelquefois déchaînée ? Nous sommes toujours aimables. La force multilatérale ou multinationale ? Nous avons dit que nous n'en ferons pas partie. Mais vous voulez la faire sans nous ? Libre à vous ! Ils ne la font pas. Et notre position n'a pas varié d'une ligne, nous n'avons jamais dénigré publiquement nos partenaires. Si on nous fait des grimaces, nous répondons par un sourire." »
    Il reprend son souffle, puis ajoute, sans que j'aie besoin de le relancer :
    « Dites-leur donc, à vos journalistes, que nous n'avons pas le moindre retard, ni pour les vecteurs, ni pour les explosifs. La présentation des choses que font les Américains, par hostilité à notre force nucléaire, varie d'une semaine à l'autre, mais revient toujours au même. Quand je suis raide, ils disent : "De Gaulle brise tout !" Quand je suis aimable : "Ah, c'est parce que ça ne marche pas !" Or, ça marche ! Nous n'avons rien interrompu au Sahara. Notre bombe A est prête, nous commençons la fabrication en série. »
    Je l'ai rarement vu aussi heureux.
    1 Archipel de la Polynésie française, au sud-est des

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