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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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Tuamotu.

Chapitre 22
    «LES DEUX SUPER-GRANDS S'ENTENDENT COMME LARRONS EN FOIRE»
    En me raccompagnant à la fin de notre entretien du 3 avril 1963, le Général m'a lâché, comme une lourde confidence : « Il y a un accord profond entre les deux colosses pour la bombe atomique. Il est tacite, mais c'est comme s'il avait été écrit et signé. Les États-Unis ne laissent en Europe que des bombes n'ayant pas pour objectif la Russie, mais seulement les pays satellites. »
    Je me suis promis de l'interroger plus avant sur ce point.

    « Manière pour nos bons alliés de masquer leur défaite »
    Salon doré, après le Conseil du 10 avril 1963 :
    AP : « La presse anglaise et la presse américaine reprennent de plus belle leurs attaques contre votre force nucléaire.
    GdG. — Vous pouvez leur dire, à vos journalistes, que, dès cet été, la force atomique française aura une réalité. À la fois en ce qui concerne les avions, les premiers Mirage IV opérationnels, qui seront fabriqués en série à partir du mois de septembre, et les explosifs, qui seront fabriqués en même temps, suivant un rythme synchronisé et qui va s'accélérer. Cela, vous pouvez l'annoncer. Nous aurons nos 50 Mirage et nos 50 bombes à la fin de 1965.
    « Cette histoire de retard est une plaisanterie. Ceux qui l'ont lancée ont évidemment intérêt à faire croire que nous connaissons des difficultés. Quand la France marque avec netteté son opposition à une politique qui n'est pas la sienne, on dit : "La France casse la baraque ! Elle met en danger l'unité de l'Occident ! Elle rompt ses alliances ! Elle prépare un axe Paris-Moscou ! Elle fait du neutralisme ! Elle met en danger le Marché commun ! " Et, au bout d'un certain temps, on s'aperçoit que le Marché commun se porte bien, qu'il n'y a pas de neutralisme, qu'il n'y a pas d'axe Paris-Moscou, que les alliances ne sont pas brisées, que l'unité occidentale n'est pas en danger et que la France n'a rien cassé du tout. Et quand la France reçoit aimablement ses hôtes, en un moment où les partenaires de la France manifestent un désir général de se rapprocher d'elle, on s'exclame : "Ah ! La France est obligée de mettre de l'eau dans son vin. Ça va mal, en France."
    « Tout ça, c'est une manière pour nos bons alliés de masquerleur défaite. Ils ont fini par se rallier au point de vue de la France, ou du moins, par se rallier à l'idée qu'on ne pouvait rien faire contre la France.

    « Les Russes et les Américains se neutralisent »
    AP. — Vous êtes au courant, mon général, des articles de News week et du New York Times, qui prétendaient que le général Gallois 1 avait reconnu que la mise sur pied de la force de frappe se heurtait à de graves difficultés techniques et économiques, et qu'elles pourraient se révéler insurmontables ?
    GdG. — Mais Gallois a démenti formellement, et il a bien fait. Tout ça est absurde. C'est Bohlen 2 le chef d'orchestre, c'est un ennemi acharné de la France. Il fait tout ce qu'il peut pour dresser contre nous la presse anglaise et américaine accréditée à Paris, et même les journalistes français. Il n'a pas de mal à y réussir, puisque les journalistes français sont à l'affût de tout ce qui peut être déplaisant et s'engouffrent comme une meute hurlante derrière tous ceux qui complotent contre moi.
    « D'ailleurs, Gallois a de très bonnes idées, mais je ne le vois jamais. Je ne l'ai pas rencontré une seule fois depuis que je suis revenu aux affaires ! On a raconté qu'il est mon conseiller intime. C'est du même acabit que tout le reste.
    AP. — J'ai cru comprendre l'autre jour que vous pensiez qu'il y avait un accord secret entre les Américains et les Russes à propos de la bombe atomique. Qu'entendez-vous par là ?
    GdG. — Oui, il y a un accord tacite et profond entre les Américains et les Russes. Ça consiste, pour les Américains, à ne laisser en Europe que des forces nucléaires dont la portée ne permet pas d'atteindre la Russie, mais seulement les pays satellites. Et inversement pour les Russes : ils s'engagent implicitement à ne pasattaquer le territoire américain s'il se produit quelque chose en Europe, en contrepartie du fait que les Américains n'attaqueront pas le territoire soviétique.
    « Les deux super-grands s'entendent comme larrons en foire. Il y a une neutralisation de la menace suprême des Américains contre les Russes, et des Russes contre les Américains.
    « Pourquoi voulez-vous

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