C'était De Gaulle - Tome I
réactions que leur ébauche avait suscitées. L'œuvre de De Gaulle est achevée : ce furent sa vie, son action, ses discours publics, ses ouvrages publiés ; c'est cela, et cela seul, quil'engage. On ne trouvera ici qu'une pensée en train de se constituer, une réflexion en travail, une pédagogie instantanée à l'intention de ses ministres, des invitations provocantes à aller plus loin et plus profond. Mais aussi des vues cavalières sur l'histoire de France et sur sa relation avec l'actualité ; de fulgurantes analyses de la conjoncture ; des fresques sur l'avenir du monde ; des jugements à l'emporte-pièce sur les personnages contemporains ; des réflexions sur le destin des civilisations ; et surtout de patientes leçons pratiques, comme s'il voulait qu'après lui, rien ne fût perdu de l'incomparable expérience qu'il lui avait été donné d'accumuler à travers des événements extrêmes, et au long d'une vie consacrée au service du pays.
Le présent tome retrace d'abord rapidement l'itinéraire qui, de 1940 à 1962, m'a fait entrer dans la zone d'attraction de De Gaulle et m'a amené à devenir son porte-parole (I re partie, « Compagnon »).
Ensuite, c'est « Le grand tournant » (II e partie) : celui qui, après la démission des ministres MRP, au milieu des derniers soubresauts tragiques de la guerre d'Algérie, conduit le Général, aidé par les conjurés en embuscade au Petit-Clamart, et contre toute l'ancienne classe politique, à faire approuver par les Français leur droit à élire eux-mêmes le Président.
Avec la III e partie (« La France est maintenant souveraine » ), c'est de Gaulle, acteur de la France face au monde.
La IV e partie (« Le peuple et l'État sont désormais souverains ») montre, après le succès des élections de novembre 1962, de Gaulle installant véritablement sa République et la mettant au travail.
Le livre s'achève (V e partie) sur l'épreuve de la grève des mineurs — épreuve pour le Général, qui tient bon, et pour le Premier ministre, qui s'affirme.
Après ce premier tome, une suite, si Dieu me prête vie, nous conduira à 1970 en passant par 1965, sur ce chemin où, depuis 1940, de tragédie en épopée, d'obstacle en obstacle, d'espoir en déception, de Gaulle conduit la France, sans jamais ralentir le pas, l'œil fixé sur le cap. Et si les Français se penchent aujourd'hui sur ce passé, ils n'y trouveront rien dont ils aient à rougir, mais beaucoup où ils pourront, longtemps encore, puiser inspiration et fierté.
1 En 1971, les premiers, Charles Orengo, directeur de Fayard, et Bernard de Fallois, alors directeur du Livre chez Hachette.
2 Depuis six jours, Georges Pompidou est Premier ministre, et moi-même secrétaire d'État à l'Information, porte-parole.
3 Ses trois Premiers ministres : Michel Debré, Georges Pompidou et Maurice Couve de Murville ; ses trois secrétaires généraux successifs : Geoffroy de Courcel, Étienne Burin des Roziers et Bernard Tricot ; son permanent secrétaire général pour les Affaires africaines et malgaches, Jacques Foccart ; ses trois directeurs de cabinet : René Brouillet, Georges Galichon et Xavier de la Chevalerie ; son ministre de l'Intérieur, Roger Frey, et son conseiller chargé de la politique intérieure, Olivier Guichard ; son chef de cabinet, puis conseiller technique, Pierre Lefranc ; ses aides de camp, notamment Gaston de Bonneval, François Flohic, Albert Lurin, Emmanuel Desgrées du Lou.
4 Robert Buron, Carnets politiques de la guerre d'Algérie, par un signataire des accords d'Évian, Plon, 1965.
5 Médailles sur les principaux événements du règne de Louis-le-Grand, Académie royale des médailles et des inscriptions, Paris, 1702.
6 Le général et Mme de Gaulle avaient fait halte dans cette sous-préfecture de Seine-et-Marne, dont j'étais maire depuis trois mois et qui leur était déjà familière, sur le chemin de Colombey.
7 Quand j'avais établi mes comptes rendus de conversations, j'en lisais des passages à des journalistes amis, sachant qu'ils en feraient bon usage : Jean Mauriac, Henri Marque, Pierre Charpy, Jean-Raymond Tournoux. Tous quatre en ont nourri leurs analyses, le dernier ses livres, et le premier a inspiré plus d'un « bloc-notes » de son père.
8 Pour le Conseil des ministres, les Conseils restreints, les Conseils de défense, les rencontres avec les hommes d'État étrangers, les archives officielles doivent être ouvertes au bout de soixante ans. Je
Weitere Kostenlose Bücher