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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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de 3 000 personnes ont été appréhendées. 48 fonctionnaires de police ont été tués. La recrudescence du banditisme, notamment des hold-up sur des banques et des bijouteries, résulte d'éléments venus d'Algérie, de membres des commandos Delta, de déserteurs qui se reconvertissent dans le délit ou le crime banal ; 71 % des "droit commun" appréhendés dans les trente derniers mois sont des militaires ou des pieds-noirs.
    GdG. — Si les officiers se mettent à dévaliser les bijouteries...
    Frey. — L'OAS est tronçonnée. Aujourd'hui, la plupart de ses membres sont des malades mentaux, qui n'ont qu'un objectif : un attentat sur votre personne. »

    « Ce n'est pas une juridiction d'exception, c'est une juridiction spécialisée »
    Salon doré, après le Conseil.
    Autant le Général a été bref devant les ministres, autant il est prolixe dans notre tête-à-tête.
    GdG : « Dites bien que des éléments revenus d'Algérie ont pris l'habitude de ramasser de l'argent. Le gouvernement a rendu hommage aux efforts de la police, qui a des raisons de demeurer sur le qui-vive. (Il n'a pas été question d'hommage au cours du Conseil, mais il suffit que le Général en donne instruction à son porte-parole pour que l'hommage soit censé prononcé par le gouvernement.) ...La Cour de sûreté de l'État, que m'a proposée Foyer, répond à ce contexte.
    AP. — Ce sera donc une juridiction de circonstance ?
    GdG (redresse la tête). — Pas du tout! J'ai voulu la créer à titre permanent. Ce n'est pas pour lutter contre l' OAS, qui est fichue.
    « Jusqu'à la création de cette Cour, les crimes contre l'État relevaient tantôt des tribunaux militaires, tantôt des assises. Aucune des deux solutions n'était satisfaisante. Les tribunaux militaires sont accusés d'obéir au commandement, comme c'est la règle des militaires ; on les a accusés aussi de montrer de la complaisance envers les militaires de l'OAS. Quant aux jurés d'assises, ils sont pris de panique devant le terrorisme. On les réveille en leur téléphonant la nuit, on les menace, ils refusent de siéger. Alors, nous avons décidé de créer un tribunal ordinaire et permanent. C'est une précaution nationale.
    AP. — Ce sera quand même une juridiction d'exception.
    GdG (d'un air sévère). — Mais ne vous laissez pas bourrer le mou ! Si vous appelez tribunal d'exception une juridiction soumise à l'arbitraire d'un gouvernement, comme les sections spéciales de Vichy, ce n'est pas le cas ! Elle est créée, non par un texte réglementaire, mais par le Parlement ; elle n'est pas instituée postérieurement aux crimes qu'elle doit juger, mais avant eux ; elle ne définira pas des crimes nouveaux, mais se contentera de juger des crimes définis depuis longtemps par le Code pénal, comme étant des crimes contre la sûreté de l'État ; elle agira sous le contrôle de la Cour de cassation.
    « Expliquez bien, au contraire, que ce ne sera pas une juridiction d'exception ! Ce sera une juridiction spécialisée, ce qui est très différent ! Elle sera spécialisée dans les crimes de terrorisme ou de trahison, comme les tribunaux de commerce sont spécialisés dans les litiges commerciaux, comme les tribunaux pour enfants sont spécialisés dans les affaires d'enfants ! Ni plus, ni moins. Elle sera spécialisée dans les crimes de subversion ou d'espionnage.
    «Le terrorisme, l'intelligence avec l'ennemi sont des crimes beaucoup plus inacceptables encore que les autres. Ce sont des crimes de lèse-nation.
    AP. — On reproche à la Cour de sûreté de n'avoir pas de jury.
    GdG. — Comment voulez-vous qu'elle ait un jury, alors que les terroristes n'ont rien de plus pressé que de terroriser les jurés ? Déjà, en Corse, les jurés ne sont pas foutus de juger un berger qui a mis le feu au maquis, parce que sa famille les menace. »

    « La justice française ne veut pas prendre de risques »
    Salon doré, 6 février 1963.
    GdG : « Il y a des magistrats courageux. Avec ceux-là, on peut faire quelque chose. Mais les autres ne veulent pas prendre de risques. En France, la caste des juges a toujours été moralement incapable de juger des menaces contre l'État ; l'État ne s'est sauvé qu'en créant des tribunaux d'exception.
    « À la Libération, il y a eu des justices d'exception, sinon il n'y aurait pas eu de justice. Si j'avais laissé les juges de Vichy juger les crimes de Vichy, comment s'en serait-on sorti ?
    « En réalité, la justice est

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