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C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

Titel: C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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également à respirer quelque chose.
    « Après avoir coupé les cheveux aux femmes, on conduisit tout le chargement dans un bâtiment de six chambres. À ma connaissance, quatre seulement furent utilisées. On enferma ces hommes dans les chambres où furent introduits les gaz d’échappement d’un moteur. Gerstein constata qu’il fallait environ dix-huit minutes pour que le calme fut rétabli à l’intérieur de celles-ci. Lorsqu’on y conduisit les Juifs, elles étaient éclairées à l’électricité et tout se déroula dans le calme. Mais lorsque la lumière s’éteignit, des hurlements se firent entendre, puis s’apaisèrent peu à peu. Lorsque le calme fut complet, on ouvrit les portes des murs extérieurs et on sortit les cadavres dont on rechercha les dents en or, puis on les empila dans une fosse. Là encore ce furent des Juifs qui effectuèrent le travail. Aucun médecin n’était présent. Je ne remarquai rien de spécial aux cadavres si ce n’est que certains montraient sur le visage une enflure bleuâtre. Mais ce n’était pas étonnant puisqu’il s’agissait d’une mort par asphyxie. Si mes souvenirs sont exacts, je suis reparti le même jour à Lublin avec le docteur Gerstein. »
    Visiblement Gerstein reste la bête noire de Pfannenstiel : « Je sais que le docteur Gerstein donne de cette scène de gazage une tout autre description. Elle est fausse. Elle est remplie d’exagérations. L’affirmation de Gerstein d’après laquelle 25 millions d’hommes environ auraient été soumis à ce traitement est significative à cet égard. Comme il me l’avait déjà dit lui-même à cette époque, ce n’était pas la première fois qu’il venait au camp de Belzec. Il est possible qu’il ait également assisté à des scènes semblables à celles qu’il décrit et que, dans son rapport du 26 avril 1945, il ne distingue plus entre chaque visite, mais en donne un tableau d’ensemble. C’est ainsi qu’il mentionne un certain Günther qui nous aurait accompagnés. Pourtant, nous y sommes bien allés seuls. En d’autres points également, le rapport est rempli d’inexactitudes. Je maintiens tout particulièrement ne pas avoir dit : “Comme dans une synagogue”. Même si j’avais fait une telle remarque je ne lui aurais pas donné le sens que lui a prêté Gerstein, portant ainsi à croire que je me moquais des tourments de ces emmurés. La situation était bien trop atroce pour cela. »
    Ainsi Pfannenstiel confirme-t-il l’essentiel de ce qu’a dit Gerstein. Treize ans plus tard, par la plus inattendue des démarches, il le corroborera de nouveau.
     
    En 1963, un certain Paul Rassinier, ancien déporté, a entrepris de démontrer que la plupart des récits relatifs à la déportation étaient inexacts et, en tout cas, empreints de graves exagérations. M. Rassinier niait que l’on eût jamais gazé personne en Allemagne hitlérienne. Les chambres à gaz ? Une mystification.
    Fortement gêné par les confessions, de Gerstein, M. Rassinier a été l’un des premiers à soutenir que les récits de l’ingénieur étaient absurdes et, partant, sans valeur  (79) . Les aveux du professeur Pfannenstiel le contrariaient tout autant. On imagine sa stupeur lorsque le même Pfannenstiel lui annonce sa visite. Entretemps, celui-ci a poursuivi, en Allemagne fédérale, une belle carrière dans le domaine du thermalisme et de la bactériologie. Remarquable, la façon dont il salue Rassinier quand il se présente chez lui, à Asnières :
    — Vous êtes le meilleur défenseur de l’Allemagne !
    Pfannenstiel semble bien connaître l’œuvre de son hôte qui s’obstine à répéter que, malgré tous ses efforts, il n’a pu découvrir un seul témoin d’un gazage. D’emblée, l’Allemand s’inscrit en faux contre une telle position :
    — Moi, je viens vous dire que j’ai assisté à un gazage à Belzec en même temps que Gerstein. Ce dernier a beaucoup exagéré, mais le gazage a bien eu lieu. Il y eut peu de victimes. Le général SS Globocnik était un fou, comme il en existe dans toute organisation, surtout en temps de guerre. J’ai fait intervenir le docteur Grawitz, président de la Croix-Rouge allemande, pour que ces crimes cessent, et je sais qu’ils ont rapidement cessé.
    Poussé dans ses retranchements par un Rassinier navré, le professeur Pfannenstiel va promptement ajouter :
    — Les exterminations par les gaz n’ont été que l’exception, et seulement le

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