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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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Français sont des veaux !
    Cependant, il reçoit beaucoup. Plus qu’avant. Un signe ? Pompidou croit discerner que le mouvement qui est en train de naître se déploie en faveur de De Gaulle. L’Auvergnat, toujours prudent, ajoute :
    — Je crois, bêlas, qu’il n’aboutira pas.
    — C’est mon avis, confirme de Gaulle.
    Au moment où Pompidou va quitter le bureau, le Général le suit et pose sa main sur son bras :
    — Pompidou, si je revenais, je compte sur vous…
     
    C’est le temps où, pour mettre un terme à la guerre d’Algérie, les États-Unis et la Grande-Bretagne proposent leurs bons offices. Tollé parmi les partisans de l’Algérie française. C’est sur la question de l’Algérie que, le 15 avril, Félix Gaillard est renversé. Maurice Schumann déclare :
    — Et si cette crise était la dernière de la IV e République ?
    On prend cela pour une boutade. René Coty, le président de la République, appelle Georges Bidault qui ne parvient pas à former un cabinet. Il appelle René Pleven – qui échoue. Face à la crise aiguë que chacun pressent, le régime poursuit ses rites et semble se délecter de l’exercice de son traditionnel jeu de massacre politique. Comment, parmi les Français, le mépris pour la Quatrième ne grandirait-il pas encore ?
    À Alger, personne ne doute plus de l’inéluctabilité du « coup ». Dans les rangs du Comité de vigilance de Delbecque, gaullistes et activistes cohabitent toujours. Ce qui ne les empêche pas de se préparer chacun de leur côté. Les gaullistes de Delbecque ont leur plan. Les activistes ont créé un Comité des Sept.
    Quels sont ces sept ? Le chouan Martel, bien entendu ; le docteur Lefèvre, monarchiste ; l’étudiant Pierre Lagaillarde ; le cafetier Ortiz ; le restaurateur poujadiste Goutailler ; enfin un avocat discret, M e   Baille.
    À l’occasion de la Journée nationale de la Déportation, le 26 avril, les uns et les autres décident de manifester. Le ministre-résidant, René Lacoste, qui sent fort bien la main de Delbecque dans toute cette agitation, ne cache plus son exaspération. Quand Chaban arrive à Alger, le 24, Lacoste lui demande sans ambages la liquidation de cette antenne qui lui « sort par les yeux ». On convoque Pouget, lequel s’enveloppe dans une émouvante tunique d’innocence et jure n’avoir jamais fait de politique. Avant de quitter l’Algérie, sur le budget de la Défense nationale, Chaban va affecter à l’antenne la bagatelle de 50 millions. Ils sont très bienvenus.
    Lacoste ressent l’impression – comme le maréchal Ney lors du retour de Napoléon de l’île d’Elbe – de devoir arrêter l’eau de la mer avec ses mains. Il demande aux anciens combattants de ne pas manifester le 26. Les délégués hésitent Delbecque – que l’on n’attendait pas – fait son entrée :
    — Si la manifestation n’a pas lieu, l’effet sera déplorable à Paris, dans les milieux qui défendent l’Algérie française.
    Fou furieux, le ministre-résidant capitule. C’en est trop. Il faut qu’il ait la peau de Delbecque. Il l’a demandée à dix reprises sans résultat. Cette fois, il s’adresse à René Coty en personne et, le 25, obtient le rappel du trublion. Il signifie à Delbecque qu’il devra partir le lendemain au plus tard. Sinon, la prison. Il ne reste plus au nordiste qu’à se cacher. Des amis l’accueillent.
     
    Vers le monument aux morts, le 26 avril, trois cortèges convergent. Les organisateurs ont demandé et obtenu que tout se déroule dans l’ordre et en silence. Aujourd’hui, chacun le sait, les ratonades sont interdites.
    Devant le monument aux morts, Auguste Arnould fait prêter serment à la foule « de rester à jamais française et de répondre chaque fois que, dans des circonstances analogues, un appel lui sera lancé pour défendre l’Algérie française ».
    Du fond de la foule, une voix lance soudain un appel qui fait tressaillir – tant il est inattendu – bon nombre d’auditeurs :
    — Réclamons l’arbitrage du général de Gaulle !
    C’est l’adieu provisoire de Delbecque, sorti de sa cachette et qui va, le soir même, prendre l’avion pour Paris – assuré de revenir bientôt à Alger. Il a raison. Lacoste avait cru, en l’expulsant, mettre fin aux activités de l’ antenne . Il s’est trompé. Il vient de rendre un signalé service à la conjuration gaulliste. À peine arrivé, voilà l’homme de Chaban chez le

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