Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
Vom Netzwerk:
général Ely. Au chef d’état-major général, il tend une perche qu’Ely ne veut pas saisir, tout en conseillant à Delbecque de prendre contact avec ses adjoints, les généraux Petit et Beaufort.
    À Alger, ce qui manque douloureusement au nordiste, ce sont les hommes. Dès le 27, il appelle au téléphone un autre gaulliste de la première heure : Lucien Neuwirth qui, comme lui, ressent douloureusement l’agonie du régime. Neuwirth, valeureux combattant de la dernière guerre, est lieutenant de réserve ; il devait accomplir ime période à Saint-Maixent. Trois semaines plus tôt, Delbecque, à qui l’on ne refuse rien rue Saint-Dominique, l’a fait affecter à l’état-major d’Alger. Il lui annonce que l’heure a sonné.
    À mon intention, Lucien Neuwirth s’est souvenu :
    — Le 18 avril, j’ai reçu une très belle lettre du général Nadaud, qui commandait la région de Lyon, m’informant que je n’irai pas faire, contrairement à ce qui était prévu, une période d’officier de réserve à Saint-Maixent, du 9 au 29 juin, mais qu’au contraire, j’irai faire ma période en Algérie, du 9 au 20 mai. Ce qui fait que, quand mon épouse a reçu la lettre – c’est elle qui l’a reçue – elle m’a dit : « C’est bien la peine d’avoir des relations ! Ce n’est pas possible, des choses pareilles ! » Je n’ai pas besoin de vous dire que je l’ai laissée dans son incertitude. C’était le 18 avril.
    Neuwirth a ses entrées auprès du général de Gaulle. Le 28, il se présente rue de Solférino :
    — J’ai été reçu par le Général auquel je suis allé exposer nos états d’âme, c’est-à-dire notre certitude que les choses ne pouvaient pas continuer à aller longtemps dans le sens où elles allaient dans notre pays, que nous vivions une fin de république et que nous espérions bien le voir revenir. Or le Général s’est montré très, très dubitatif : « Oh ! croyez-vous que les choses vont changer comme ça ? – Mais enfin, mon général, on est convaincu en Algérie qu’il va se passer quelque chose. – Oui, en Algérie, on voudrait bien qu’il y ait quelque chose avec un Bigeard, avec deux Bigeard, mais pas avec de Gaulle. On n’est pas contre de Gaulle, mais on n’est pas pour de Gaulle ! »
    Neuwirth ne se laisse pas décontenancer : « “Écoutez, mon général, je fais partie d’une génération à laquelle vous avez appris qu’il fallait croire contre toute espérance. Eh bien nous, nous croyons et c’est la raison pour laquelle je pars là-bas faire ma période.” Et je lui ai expliqué ce qui se passait, ce que nous avions mis en place. En fin d’audience, le Général s’est levé, m’a accompagné à la porte de ce bureau de la rue de Solférino et – cela m’est resté – il avait une main sur la serrure, il a mis l’autre sur mon épaule. Il m’a dit : “Alors, qu’est-ce que vous allez faire, finalement ?” J’ai dit : “Eh bien, mon général, on fera appel à vous.” Il y a eu un silence et il a dit : “Je vous répondrai.” »
    Est-ce enfin le feu vert ? Neuwirth en est persuadé. Dès qu’il l’apprend, Delbecque le croit aussi. C’est dans cette certitude que Neuwirth part pour Alger. Delbecque multiplie les entrevues. Le voilà chez Soustelle, chez Guichard, chez Michelet. « Mais à Paris, dit-il, en dehors de notre petit groupe, personne n’y croyait. ». Ce qu’il cherche – et l’état-major gaulliste avec lui – c’est à canaliser, organiser, contrôler si possible l’explosion.
    Le 8 mai, Pleven renonce à former le ministère. Debré annonce au général Ely que de Gaulle est décidé, si les circonstances se révèlent favorables, à prendre le pouvoir. Silence d’Ely. Il informe également Cogny. Réserve de Cogny.
    C’est le temps où, en métropole, les troupes gaullistes – officielles ou clandestines – se considèrent en état de mobilisation. Des dizaines de milliers de lettres – peut-être 100 000 – parviennent à l’Élysée : Toutes réclament le retour du général de Gaulle. André Astoux a organisé cette superbe opération d’intoxication.
    Les socialistes refusent de participer au nouveau gouvernement. De ce fait, Lacoste se voit éliminé du ministère de l’Algérie. Le président René Coty fait appel à Pierre Pflimlin. Celui-ci annonce qu’il entamera des pourparlers pour un cessez-le-feu en Algérie, suivi d’élections.
    À Alger, Lacoste

Weitere Kostenlose Bücher