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Charly 9

Charly 9

Titel: Charly 9 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Teulé
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poisson
pourri.
    — Oh, Sire !… s’exclame
Aumale en tendant un bras entre les épaules du monarque, regardez ce que vous
aviez accroché dans le dos par un hameçon ! Un petit poisson pas frais.
    Le grand veneur se tourne dans
l’autre sens pour exhiber sa prise aux courtisans en ligne :
    — Regardez ce qu’il y avait
pendu dans le dos de Sa Majes…
    Charly 9 constate :
    — Vous en avez un aussi,
Aumale.
    Chacun regarde dans le dos d’un
autre. Ils ont tous sous le cou un poisson avarié fixé par un hameçon. Un trompette
hilare, portant une enseigne, ose s’approcher du roi pour lui raconter :
    — Ces poissons sont une
allusion au dernier signe du zodiaque parce que nous sommes le 1 er  avril.
À propos, Sire, votre frère Henri va quitter la France pour devenir roi de Patagonie
ou de je ne sais où et Alençon, finalement, abandonne les Malcontents pour se
ranger du côté du trône.
    — Ah bon ? s’étonne le roi
estomaqué.
    — Mais non, c’est une farce
bien sûr ! s’esclaffe le trompette. Les réfractaires au jour de l’an le 1 er  janvier
ont décidé que le 1 er  avril les gens se joueraient des tours
pendables.
    Au premier plan, le trompette, yeux
exorbités, est pendu par le cou à une branche du chêne au milieu du champ et,
là-bas, le hameau est en flammes. Annibal de Coconas, scintillant dans son
armure, rejoint Charly 9 au galop :
    — Ah, quand même !… Ils
aimaient les farces, hé bien je les ai servis ! Moi, je suis comme ça. Un
jour, un soldat m’a volé une poule. Je la lui ai fait manger avec les plumes.
Une autre fois, mon cordonnier m’a livré une paire de bottes qui ne m’allaient
pas. Je les ai fait mettre en petites pièces et fricasser comme tripes de bœuf
puis il a dû les bouffer toutes devant moi, semelles comprises, en ma chambre
du Louvre.
    Dans son armure
« écrevisse » où un gardon est encore accroché par un hameçon à l’une
des bandes d’acier horizontales articulées qui font comme les anneaux d’une
queue de crustacé d’eau douce, le comte bien mis, bête et s’en gonflant,
poursuit le récit de ses facéties :
    — Et celle-là, je vous l’ai
racontée, Majesté ? Un jour, j’ai voulu tuer un gars au hasard dans la rue
qui m’a dit : « Hélas, qu’ai-je donc fait ? – Si tu n’as rien
fait, cela doit te consoler, tu mourras en innocent ! », j’ai répondu
en l’égorgeant. Tiens, j’en ai encore une bien bonne !… À l’ambassadeur
d’Allemagne qui s’inquiétait tant d’une audience avec vous qu’il souffrait de
coliques venteuses en cherchant la manière de passer ce désagrément, j’ai juré
qu’il n’y en avait point de meilleure qu’une dont j’usais souvent étant fort
sujet à cette maladie. Je lui ai prescrit de se mettre un index dans le cul et
l’autre dans la bouche et de les remuer changeant souvent lesdits doigts d’un
lieu en l’autre. C’est-à-dire celui du cul dans la bouche et celui de la bouche
au cul. Je lui ai promis que moi, quand je fais si bien que les remuant et les
changeant ainsi l’espace d’une demi-heure, mes vents se dissipent en sortant
par les deux trous que j’ai ouverts ainsi. Monsieur l’ambassadeur l’a
cru !… et, y voyant de la probabilité, en fit l’essai dans votre
antichambre une bonne demi-heure et à bon escient ! Ah, ah, ah !… il
faut bien rire comme disaient tout à l’heure au hameau les paysans maintenant
défunts…
    Annibal de Coconas est pendu par les
pieds au deuxième chêne du champ. Dans sa cuirasse, il gesticule et ressemble à
un gardon scintillant au bout d’une ligne, affirmant qu’il ne comprend pas,
qu’il est pourtant un des plus fidèles au roi. Le cheval de Charly 9, qui
frappait la terre du sabot et mâchait son mors avec impatience, reprend sa
marche alors que Sa Majesté résume :
    — Je n’aime que les farces dont
je suis l’auteur et espère que cette histoire de 1 er  avril ne
se répandra pas ni ne deviendra une habitude.
     

 
22
    — Par les couilles du Christ,
j’avais dit que je voulais voir mes artistes préférés après la messe, pute
borgne de trou du cul du Tout-Puissant, pour qu’ils m’apportent calme et
beauté ! Où sont-ils, Dorat ? Il n’y a donc que vous qui êtes
venu ? Le sculpteur Jean Goujon, depuis la cour carrée, n’a pourtant qu’à
grimper l’escalier mais d’ailleurs je ne le vois plus autour de ses statues
monumentales.
    — Forcément, il fut

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