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Chasse au loup

Chasse au loup

Titel: Chasse au loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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vais vous expédier dans un brancard.
    La sentinelle vint se figer au garde-à-vous devant Margont.
    — Allez chercher un docteur. Demandez le médecin-major Brémond.
    — Prêt ? demanda Piquebois.
    — Toujours !
    Piquebois attaqua avec un ample couronné à peine retenu. L’une de ses bottes dont le mouvement circulaire brisait la tempe de l’adversaire comme une coque de noix. Relmyer esquiva. Piquebois se lança alors avec fougue dans sa tactique favorite : attaques à bras raccourci, battements, fausses attaques, feintes, tentatives de désarmement, attaques composées, ripostes, parades et parades trompées, enchaînements agressifs, retraites inattendues et bien d’autres encore, le tout ponctué de changements de rythme incessants. Cette multiplicité étourdissante le rendait imprévisible. Dans un combat avec Piquebois, on ne savait pas sur quel pied danser. On se noyait dans cette cacophonie calculée avant d’être touché par le coup final, toujours totalement déroutant. Ses attaques étaient précises et difficiles à parer, c’est pourquoi Relmyer se démenait, de plus en plus concentré, esquivant vivement ou déviant la lame adverse. Piquebois déployait une force que son corps n’aurait pas laissé soupçonner. Quand son sabre butait bruyamment contre celui de Relmyer, des étincelles jaillissaient et l’Autrichien grimaçait de douleur. Le hussard bougeait beaucoup pour éviter les coups. Chacun adaptait rapidement sa tactique. Piquebois mit moins de violence dans ses assauts, car celle-ci n’impressionnait aucunement Relmyer. Il y gagna encore en précision. Relmyer cessa de vouloir fatiguer Piquebois. Il venait de prendre la mesure de l’endurance du Français qui se démenait comme un diable sans s’essouffler ni faiblir. Piquebois rabattait Relmyer vers l’angle situé entre la conciergerie et la grille d’enceinte. Sans espace, Relmyer ne pourrait plus esquiver aussi facilement. Celui-ci lança un coup d’estoc en direction du visage de Piquebois. Il visait le menton, mais son offensive l’obligeait à s’exposer. Piquebois para et se fendit pour enchaîner immédiatement par un assaut en direction du flanc. Relmyer, qui n’avait mené son action que pour inciter Piquebois à réagir de la sorte, dévia le sabre adverse dont il avait anticipé le trajet et sa lame – juste la pointe – se ficha dans l’épaule gauche de son adversaire. Piquebois cligna des yeux. Une tache sombre grandissait sur sa chemise. Il regarda sa blessure avec le même étonnement que s’il avait contemplé une prairie d’herbe bleue sous un ciel vert. Il s’effondra et se retrouva assis, les jambes écartées, le sabre encore à la main. Jean-Quenin Brémond se précipita à son secours. La musique du bal, en bruit de fond, devenait de plus en plus audible au fur et à mesure que des invités ouvraient les fenêtres pour voir ce qui se passait. Piquebois ignorait le médecin-major.
    — Vous êtes fou, Relmyer... Lancer une fausse attaque pour faire réagir l’adversaire, oui. Seulement, lancer une véritable attaque pour obtenir la même chose alors que votre adversaire est d’un niveau élevé... J’ai failli vous tuer...
    Relmyer acquiesça. Il respirait vite. Il savait qu’il avait frôlé la mort.
    — Si mon attaque avait été feinte, incomplètement développée, elle ne vous aurait pas berné. J’ai pris des risques, certes. Mais c’est vous qui êtes à terre.
    Margont suffoquait de colère.
    — Bravo, Antoine ! Tu es content maintenant ?
    — Oui, murmura Piquebois.
    Et le pire, c’est qu’il l’était vraiment.

 
    CHAPITRE XI
    Le lendemain, en compagnie de Lefine, Margont traversait le Graben, une avenue adorée des Viennois édifiée sur les fossés comblés d’anciennes fortifications médiévales. Ses yeux, rougis par le manque de sommeil, semblaient éclaboussés par le sang de Pique-bois. Ils s’arrêtèrent au pied de la Pestsäule, la colonne de la peste. C’était là que Relmyer leur avait donné rendez-vous.
    — Puis-je poser une question stupide, mon capitaine ?
    Margont ne répondit pas.
    — Relmyer est-il un ami ou notre futur assassin ?
    Mâchoires crispées, gestes saccadés, yeux et lèvres plissés : Margont accumulait les symptômes de l’homme exaspéré.
    — Ce forcené a embroché Piquebois ! tempêta-t-il soudainement. Quant à Antoine, lui, c’est tout juste s’il ne l’a pas remercié pour la leçon ! Il est aussi

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