Chronique de mon erreur judiciaire
le concubin occasionnel de la « meilleure amie » de Myriam Badaoui qui demeurait au rez-de-chaussée. Décidément, être juste entré dans le périmètre de ces accusateurs, même de manière fortuite, conduit à l’horreur.
Ainsi de Daniel Legrand père qui, ayant eu la malchance d’avoir un jour effectué un chantier à la Tour du Renard, se retrouve accusé. Alors qu’il n’est jamais allé chez les époux Delay, ni même dans l’immeuble où ils habitaient !
En l’entendant, Myriam Badaoui fond à nouveau un plomb : elle s’énerve, puis le tutoie en lui intimant l’ordre d’avouer ce qu’il a fait aux enfants. Ce petit monsieur, ouvrier métallurgiste honorablement connu et censé, d’après les différentes conclusions du juge, incarner le chef du vaste réseau de pédophilie mis en cause et être propriétaire de nombreux sex-shops, ne se laisse pas perturber et la renvoie dans ses cordes de façon tout aussi agressive.
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Daniel Legrand fils, dont la seule passion est le football, est également fortement pris à parti par Myriam Badaoui, mais comme son père il ne se laisse pas démonter.
L’ennui, c’est qu’il a inventé l’histoire du meurtre de la petite fille belge battue à mort, mensonge relayé par la reine Myriam dans ses élucubrations, fable dans laquelle il avait vu le seul moyen de la confondre.
Il s’en est expliqué en présentant des excuses au journal de France 3 à qui il avait envoyé la lettre de dénonciation, expliquant qu’à ses yeux une telle invraisemblance démontrerait aux yeux du juge les mensonges de Myriam Badaoui et le pousserait à comprendre autant son erreur que la folie accusatrice de cette femme, à qui il suffisait de rapporter n’importe quelle ineptie pour qu’elle la relaie aussitôt comme vraie. Il a également argué qu’il s’agissait pour lui d’un geste de désespoir, ne comprenant pas pourquoi lui qui n’avait rien fait était incarcéré alors qu’Aurélie Grenon, elle, restait en liberté.
Chapitre 34
Le procès, Acte II, scène 1
ou
Karim, Dave et un expert
Nous entrons dans la troisième semaine du procès. Et, enfin, vont apparaître les vraies victimes de ce drame : les enfants. Je crois leurs auditions essentielles dans la mesure où leurs témoignages pourront lever une partie du voile déposé sur cette affaire de pédophilie d’Outreau, laquelle ressemble de plus en plus à un dossier d’inceste mal appréhendé. D’après les déclarations de Myriam Badaoui qui, en début d’audience, affirme que « le procès ne fait que commencer », beaucoup pensent que son mari finira par avouer ce qu’« il ne veut pas décrire, ce qu’il a fait sur d’autres enfants, et qui va venir ».
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La cour d’assises commence par entendre Karim, à huis clos, un des avocats des parties civiles ayant à bon escient demandé cette discrétion des débats à laquelle le président a accédé. Une demande que j’estime normale compte tenu de la nature de l’affaire et des dommages causés à ces gamins. Karim, fils aîné du couple Delay-Badaoui, est en fait un enfant de Myriam Badaoui reconnu par la suite par Thierry Delay. Au fil des questions, son témoignage semble cohérent et lui paraît posé. Il avance calmement l’existence d’un réseau pédophile et l’implication de quatorze des personnes présentes dans la salle. Alors qu’il nous connaît, au même titre que l’assistante maternelle chez qui il loge désormais et qui habite à environ cent mètres de l’Étude, une débitrice invétérée avec qui j’ai toujours entretenu de bonnes relations, il ne nous met pas en cause, Odile et moi. Cela devrait ouvrir les yeux de certains, non ?
En revanche, il persiste à montrer du doigt d’autres personnes comme les Daniel Legrand, père et fils. Sans doute, à leur sujet reviendra-t-il en arrière d’ici quelques jours !
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Un grand moment de surréalisme administratif et médical nous est ensuite offert : l’audition d’un expert judiciaire, premier du genre. Or, tenons-nous bien : ce professionnel n’a pas expertisé les enfants, mais les expertises faites sur ces enfants ! Autrement dit, aussi incroyable que cela puisse paraître, à la seule vue des pièces du dossier que le magistrat instructeur a bien voulu lui transmettre – à savoir deux certificats médicaux mettant en avant l’absence de lésions au niveau anal –, il conclut que les déclarations des enfants Delay sont
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