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Claude, empereur malgré lui

Claude, empereur malgré lui

Titel: Claude, empereur malgré lui Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Graves
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l’autre direction, juste avant d’arriver à hauteur du blessé, avaient certainement dû le voir gisant sur le bas-côté de la route   ; mais comme il ne faisait pas partie de leur famille, ils l’avaient laissé là, voué à une mort certaine, en dépit de ses gémissements pitoyables. L’aubergiste était Juif également. Il déclara à mon cousin qu’il comprenait fort bien la répugnance des voyageurs à se porter au secours du blessé   : s’il était mort entre leurs mains, ils auraient été souillés rituellement pour avoir touché un cadavre, ce qui aurait entraîné pour eux et leurs familles les plus fâcheuses conséquences. Le prêtre, expliqua l’aubergiste, se rendait sans doute à Jérusalem, pour officier au temple   ; moins que quiconque, il ne pouvait courir le risque d’être pollué. Enfin, Dieu merci, je suis un Samaritain et j’ai mon franc-parler. Je dis ce que je pense. Je…
    Hérode l’interrompit   :
    —  Ma chère Cypros, cette histoire n’est-elle pas des plus instructives   ? Et si ce pauvre diable avait été un Samaritain, il n’aurait même pas possédé suffisamment d’argent pour tenter les bandits.
    À Alexandrie, Hérode, accompagné par Cypros, les enfants et les deux soldats, alla trouver le magistrat suprême de la colonie juive, l’alabarque, comme on l’appelait. L’alabarque était responsable devant le gouverneur d’Egypte de la bonne conduite de ses coreligionnaires. Il devait veiller à ce qu’ils payent leurs impôts régulièrement, évitent les combats de rues avec les Grecs ou troublent la paix de toute autre façon. Hérode salua l’alabarque avec courtoisie et lui demanda aussitôt de lui prêter huit mille pièces d’or, lui offrant en échange d’user de son influence à la Cour impériale en faveur des Juifs d’Alexandrie. Il déclara que l’empereur Tibère lui avait écrit pour le prier de se rendre sans délai à Rome afin de le conseiller sur les problèmes de l’Orient et qu’en conséquence, il avait quitté Édom, où il était allé visiter des cousins, en toute hâte et avec fort peu d’argent dans sa bourse pour couvrir les frais du voyage. Les gardes du corps romains semblèrent fournir à l’alabarque une preuve indubitable de la véracité de l’histoire d’Hérode, et il estima qu’il serait en effet fort utile d’avoir à Rome un ami influent. Des émeutes provoquées récemment par les Juifs avaient entraîné de sérieux dommages à divers biens grecs. Tibère pouvait être tenté de diminuer leurs privilèges, qui étaient considérables.
    L’alabarque Alexandre était un vieil ami de la famille. Il avait été à Alexandrie régisseur d’une vaste propriété léguée à ma mère dans le testament de mon grand-père Marc Antoine, et dont Auguste, au nom de ma grand-mère Octavia, lui avait accordé la jouissance, bien qu’il eût annulé la plupart des autres legs. Ma mère apporta cette propriété en dot à mon père lors de leur mariage, et elle fut transmise à ma sœur Livilla, qui l’apporta en dot à Castor, le fils de Tibère, quand elle l’épousa   ; mais Livilla menant une vie fastueuse et toujours à court d’argent la vendit bientôt et l’alabarque en perdit l’administration. Après quoi la correspondance entre lui et ma famille s’espaça et finit par s’interrompre   ; et bien que ma mère ait usé de son influence sur Tibère pour le faire accéder à sa dignité actuelle et fût probablement toujours bien disposée à son égard, l’alabarque ne savait pas jusqu’à quel point il pouvait compter sur son appui s’il était mêlé à des troubles politiques. Il savait en tout cas qu’Hérode avait été un ami intime de ma famille, et il lui aurait très volontiers prêté de l’argent s’il avait été sûr qu’Hérode fût toujours en bons termes avec nous. Mais il ne pouvait précisément pas en être sûr. Il interrogea Hérode au sujet de ma mère   ; Hérode, qui avait clairement prévu l’évolution de la situation et s’était montré assez habile pour ne pas prononcer son nom le premier, répondit qu’elle était au mieux de sa condition physique et morale quand elle lui avait écrit pour la dernière fois. Comme par hasard, il avait sur lui une lettre d’elle, des plus cordiales, qu’elle lui avait écrite juste avant qu’il ne parte d’Antioche, et dans laquelle elle donnait des nouvelles détaillées de toute la famille. Il la tendit à

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