Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Claude, empereur malgré lui

Claude, empereur malgré lui

Titel: Claude, empereur malgré lui Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Graves
Vom Netzwerk:
ami des Juifs, n’est-ce pas   ?
    L’alabarque demanda enfin à Hérode   :
    —  Si je te prête cet argent, jureras-tu au nom du Seigneur –  dont la Gloire sera éternelle  – de respecter sa Loi autant qu’il te sera possible, de chérir son Peuple, et de ne jamais offenser Sa Majesté par tes péchés, soit en les commettant soit par omission   ?
    —  Je jure par Son Très Saint Nom, déclara Hérode, et que mon épouse Cypros et mes enfants en soient témoins, que je l’honorerai désormais de toute mon âme et de toutes mes forces et que j’aimerai et protégerai constamment son Peuple. Si jamais il m’arrive de blasphémer délibérément par dureté de cœur, que les vers qui se sont nourris de la chair vivante de mon grand-père Hérode se nourrissent également de la mienne et me dévorent entièrement.
    Il obtint donc son prêt. Comme il me le déclara par la suite   :
    —  J’aurais juré n’importe quoi au monde pour mettre la main sur cet argent, tant j’étais aux abois.
    Mais l’alabarque posa deux autres conditions   : Tout d’abord Hérode ne recevrait dans l’immédiat que l’équivalent, en argent, de quatre mille pièces d’or   ; il ne toucherait le reste de la somme qu’à son arrivée en Italie. En effet Alexandre ne faisait pas entièrement confiance à Hérode qui pouvait envisager de filer au Maroc ou en Arabie avec l’argent. Ensuite, Cypros emmènerait les enfants à Jérusalem pour y recevoir une éducation juive soignée sous la protection du beau-frère de l’alabarque, le Grand Prêtre. Hérode et Cypros acceptèrent aussitôt, d’autant plus volontiers qu’ils savaient qu’aucun beau garçon ou belle fille dans la bonne société romaine n’était à l’abri des désirs contre nature de Tibère. (Ainsi l’un des fils de mon ami Vitellius lui avait-il été enlevé pour être conduit à Capri, sous prétexte qu’il y recevrait une éducation libérale, et placé parmi les infâmes Spintriens, ce qui eut pour résultat de le dévoyer complètement. Le surnom de «   Spintrien   » l’a poursuivi toute sa vie et plus dépravé que lui, je ne connais pas.) Ils décidèrent donc que Cypros le rejoindrait à Rome dès qu’elle aurait installé les enfants à Jérusalem.
    Ce qui avait décidé Hérode à venir à Alexandrie pour y emprunter de l’argent à l’alabarque, c’était la nouvelle rapportée d’Acre par son affranchi de la chute de Séjan. Cette rumeur avait été parfaitement confirmée à Alexandrie. Séjan avait été le ministre de mon oncle Tibère auquel ce dernier faisait le plus confiance, mais il avait conspiré avec ma sœur Livilla pour le tuer et usurper la monarchie. Ce fut ma mère qui découvrit le complot et prévint Tibère   ; et Tibère, avec l’aide de mon neveu Caligula et de Macro, un scélérat sans entrailles sut contraindre Séjan à lui rendre des comptes. On découvrit alors que Livilla avait empoisonné son époux, Castor, sept ans auparavant, et que Castor, après tout, n’avait pas trahi son père comme l’avait prétendu Séjan. La règle stricte imposée par Tibère et interdisant à tous les anciens amis de Castor de jamais réapparaître en sa présence, devait donc être considérée comme annulée, bien entendu   ; et l’appui de ma mère devenait plus précieux que jamais. S’il n’avait pas appris ces nouvelles, Hérode n’aurait pas perdu son temps et sa dignité à essayer d’emprunter de l’argent à l’alabarque. Les Juifs sont généreux mais prudents. Ils prêtent à leurs coreligionnaires nécessiteux, s’ils ne sont pas tombés dans le malheur par leur faute ou en raison de leurs péchés, et ils prêtent sans demander aucun intérêt, car leur Loi s’y oppose   ; l’exercice de la vertu constitue leur seule récompense. Mais ils ne prêteront rien à un non-Juif, même s’il meurt de faim, et encore moins à un Juif qui s’est mis lui-même «   en dehors de la congrégation   », selon leur propre expression, en suivant des coutumes non juives dans des pays étrangers, –  à moins d’être tout à fait sûrs d’être récompensés de leur générosité de façon substantielle.
     

CHAPITRE 3
     
     
    Ma mère et moi ignorions le retour d’Hérode en Italie jusqu’au jour où parvint une note de lui écrite en toute hâte où il annonçait sa visite, ajoutant vaguement qu’il comptait sur nous pour l’aider à surmonter une crise grave qu’il

Weitere Kostenlose Bücher