Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Claude, empereur malgré lui

Claude, empereur malgré lui

Titel: Claude, empereur malgré lui Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Graves
Vom Netzwerk:
tournure plus grave, assura - t-il, il s’efforcerait d’atténuer le mécontentement de l’empereur qui risquait d’être vif, il ne pouvait en dire plus pour le moment.
    Caligula écouta avec affabilité les représentants de l’ambassade, mais renvoya les Juifs en proférant des menaces irritées, comme l’avait prévu Hérode, et déclara qu’il ne voulait plus entendre parler des promesses faites par Auguste en matière de tolérance religieuse. Auguste, s’écria-t-il, était mort depuis longtemps et ses édits périmés et absurdes. «   Je suis votre Dieu, et vous n’en aurez pas d’autre que moi.   »
    Philon se tourna vers les autres ambassadeurs et déclara en hébreu   :
    —  Je suis heureux que nous soyons venus   ; car ces mots sont un défi délibéré au Dieu Vivant et maintenant nous pouvons être sûrs que ce bouffon périra de mort misérable.
    Aucun des courtisans par bonheur ne comprenait l’hébreu.
    Caligula envoya une lettre au gouverneur d’Égypte pour l’informer que les Grecs avaient fait leur devoir en protestant avec vigueur contre la déloyauté des Juifs et le prévenir que si les Juifs s’obstinaient à désobéir, il viendrait en personne à la tête d’une armée pour les exterminer. Entre-temps, il ordonna de jeter en prison l’alabarque et tous les autres édiles de la colonie juive. Il expliqua que si l’alabarque n’avait pas été apparenté à son ami Hérode Agrippa, il l’aurait fait mettre à mort ainsi que son frère Philon. Hérode ne put alors donner aux Juifs d’Alexandrie, qu’une satisfaction   : la destitution du gouverneur d’Égypte. Il persuada Caligula de l’arrêter sous prétexte qu’il avait été autrefois l’ennemi d’Agrippine (qui était, bien entendu, la mère de Caligula) et de le bannir dans l’une des plus petites îles grecques.
    Hérode déclara ensuite à Caligula, qui se trouvait maintenant à court de fonds   :
    —  Il faut que je voie ce que je peux faire en Palestine afin de trouver de l’argent pour ta Cassette privée. Mon frère Aristobule m’annonce que mon fougueux oncle Antipas était plus riche encore que nous ne le supposions. Maintenant que tu te lances dans la conquête de l’Angleterre et de la Germanie, –  au fait, si jamais tu passes par Lyon, rappelle-moi, je te prie, au bon souvenir d’Hérodias et d’Antipas  – Rome va nous paraître bien lugubre à nous autres les laissés-pour-compte. Ce sera pour moi une bonne occasion de m’absenter et de visiter à nouveau mon royaume   ; mais dès que je te saurai sur le chemin du retour, je me hâterai de rentrer également et j’espère que tu seras satisfait de mes services.
    Hérode venait en vérité de recevoir les nouvelles les plus alarmantes de Palestine. Il s’embarqua pour l’Orient le jour fixé par l’empereur pour son absurde expédition militaire   ; en fait, Caligula, finalement ne devait se mettre en route qu’un an plus tard.
    Caligula avait donné des ordres pour que sa statue soit placée au temple de Jérusalem dans le Saint des Saints, une chambre intérieure secrète où le Dieu des Juifs est censé habiter dans son coffre de cèdre, et où pénètre seulement une fois l’an le Grand Prêtre. Il avait en outre ordonné que sa statue soit sortie de ce sanctuaire les jours de fêtes publiques et vénérée dans la cour extérieure par la congrégation réunie, des Juifs et des non-Juifs. Or, il ignorait, ou négligeait, l’intense crainte religieuse que leur Dieu inspire aux Juifs. Quand la proclamation fut lue à Jérusalem par le nouveau gouverneur de Judée envoyé pour succéder à Ponce Pilate (qui, soit dit en passant, s’était suicidé en arrivant à Rome) de telles scènes d’émeute se produisirent que le gouverneur fut contraint d’aller se réfugier hors de la ville dans son camp, où il dut soutenir ce qui ressemblait fort à un siège. La nouvelle parvint à Caligula à Lyon. Furibond, l’empereur envoya une lettre au nouveau gouverneur de Syrie qui avait succédé à mon ami Vitellius, lui ordonnant de lever un fort contingent d’auxiliaires syriens de l’adjoindre aux deux régiments romains placés sous son commandement et de pénétrer en Judée pour y faire respecter l’édit à la pointe de l’épée. Ce gouverneur s’appelait Publius Pétronius et c’était un soldat romain de la vieille école. Il obtempéra sans tarder aux ordres de Caligula, et une fois son expédition mise sur

Weitere Kostenlose Bücher