Clio Kelly et l'éveil de la gardienne

tremblante sur le robinet d’eau froide et l’ouvrit. Laissant le lavabo se remplir, Clio regarda son reflet dans le miroir et fut étonnée de voir sur son cou une étrange marque...
    Alors qu’elle ouvrait un à un les boutons de sa chemise, un cri s’étouffa dans sa gorge : sur le haut de son buste était apparu un tatouage ! Celui-ci représentait une étoile, avec deux dragons entrelacés, un rouge et l’autre bleu, tenant entre leurs griffes une gemme...
    Du bout des doigts, elle effleura les créatures quand soudain, elles prirent vie et se jetèrent l’une contre l’autre, chacune tentant de s’approprier la pierre précieuse ! Clio était paralysée, tétanisée par la surprise et la peur. Un hurlement de douleur s’échappa de ses lèvres lorsque les chimères plantèrent leurs crocs et leurs griffes dans sa chair...
    Clio ouvrit les yeux, le corps ankylosé. Son souffle était haletant, elle avait rêvé. Un simple rêve, d’une stupidité enfantine ! Sa main glissant sur son buste, elle fut prise d’inquiétude, ne sachant pas si elle était totalement réveillée. Elle quitta son lit, courut jusqu'à la salle de bain et déchira le haut de son pyjama pour vérifier que sa peau ne portait pas de trace de morsure...
    Inquiet du comportement de sa maîtresse, Hermès alla la rejoindre. Sautant sur le rebord de la baignoire, il observa Clio qui respirait avec difficulté comme si l’air ne pénétrait pas suffisamment dans ses poumons.
    — Que t’arrive-t-il ?
    Elle mit plusieurs minutes à répondre car, même si elle était éveillée, elle avait encore l’impression de sentir les crocs des dragons dans sa chair. Son regard vide de toute expression alarma son compagnon.
    — Ce... ce… n’est rien, haleta-t-elle, le souffle saccadé. Juste un mauvais rêve !
    Le front contre le sol froid, elle s’était laissée glisser par terre et, sans qu’elle sache pourquoi, les larmes inondèrent ses joues. Écoutant son instinct d’enfant, elle prit le renard entre ses bras et enfouit son visage dans sa fourrure en le serrant contre elle.
    Hermès ne comprenait pas sa réaction, il regrettait sa forme humaine qui lui aurait permis de l’étreindre pour la consoler. Mais, depuis la chute de l’Olympe, ses pouvoirs s’étaient trouvés diminués et il ne parvenait à prendre l’apparence d’un homme que pour une durée limitée.
    — Tu veux en parler ? demanda-t-il d’une voix hésitante.
    — Non ! Ce n’est rien, rien qu’un simple cauchemar !
    Elle tenta de se calmer tandis que les battements de son cœur résonnaient dans ses oreilles tel le tic-tac d’une bombe. Une boule s’était formée dans sa gorge. Elle ne savait pas ce qui lui arrivait depuis quelque temps. De plus en plus souvent, elle avait des absences, des flashs qu’elle ne parvenait pas à comprendre. Mais les cauchemars, voilà ce qui l’épuisait le plus.
    Ce n’était pas la première fois que Clio faisait un rêve, mais jamais de si réel ! Elle avait la désagréable impression d’avoir déjà vu ce symbole. Il fallait qu’elle en ait le cœur net ! Ses paupières se fermèrent, elle inspira profondément et plongea au plus profond d’elle-même.
    Tout était confus dans son esprit, à chaque fois qu’elle tentait de se rappeler ce passé interdit. Des formes se dessinèrent sous ses yeux mais elle ne parvint pas à les identifier. Soudain, au lieu du noir et des visages qui venaient d’ordinaire à elle, la jeune femme se sentit glisser dans un tunnel et se retrouva devant une multitude de portes.
    Le cœur au bord des lèvres, surprise et inquiète à la fois, son corps avança de lui-même dans le couloir. S’approchant de la première, elle posa une main tremblante sur la poignée. Elle hésitait, par peur de ce qui pouvait se cacher là ! Mais, après tout, que risquait-elle ? Sans savoir pourquoi, elle pressentait que derrière chacun de ces battants se trouvait un souvenir de son ancienne vie.
    Elle ne parvenait plus à avaler sa salive qui l'étranglait, tout son corps était tendu, mais elle voulait savoir. Oui, savoir ce que Janus et Hermès lui dissimulaient... Les doigts serrés sur la petite boule d’or qui servait de poignée, elle la tourna.
    Il lui fallut quelques minutes pour que ses yeux s’accoutument à l’obscurité. Un pas après l’autre, elle pénétra dans la pièce. Sous ses pieds nus, Clio sentit un liquide chaud. Nerveuse, elle risqua pourtant un œil vers le