Comment vivaient nos ancêtres
Évangile, disant que « Jésus étant né à Bethléem de Judée, aux jours du roi Hérode, voici que les mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem, disant : “Où est le roi des Juifs qui vient de naître car nous avons vu son étoile à l’Orient et nous sommes venus l’adorer.” » Nul autre texte n’en dit davantage. Au V e siècle, ces mages, qui devaient être des savants ou des sages, deviennent tout à coup des rois. Au VI e siècle, ils sont trois et reçoivent les noms de : Gaspard, Melchior et Balthazar. Au XII e siècle, on retrouve leurs reliques et au XV e , on sait d’où ils viennent : Melchior d’Arabie, Balthazar de Chaldée et Gaspard d’Éthiopie. Il est Noir ! Voilà pour nos Rois mages.
Chers rois mages : ils ont pensé à tout !
Si seul l’évangile de saint Matthieu évoque trois mages venus d’Orient, sans en dire davantage, on verra les détails les concernant s’ajouter curieusement au fil des temps, notamment au VIII e siècle, lorsque l’irlandais Bède-le-Vénérable les décrira comme s’il les avait croisés le matin. « Le premier, écrit-il, s’appelait Melchior ; c’était un vieillard à cheveux blancs et à la barbe longue ; il offrit de l’or au seigneur pour reconnaître sa royauté. Le second, Gaspard, imberbe et encore jeune, lui offrit de l’encens pour reconnaître sa divinité. Quant au troisième, de visage noir et portant également toute sa barbe, il avait nom Balthazar et présenta de la myrrhe (17) ». À quoi saint Bernard ajoutera plus tard ses propres commentaires, selon lesquels l’or aurait permit à la vierge Marie de sortir de la misère, l’encens de désinfecter l’étable et la myrrhe… de guérir l’enfant Jésus, qui avait des vers (!) ». Mais saint Bernard ne devait-il pas être concret et imagé, s’il voulait être suivi par son auditoire, médiéval et rural ?
La date étant en principe aussi celle de la dernière nuit solsticiale, elle peut avoir été, à ce titre, honorée depuis longtemps. Là encore, la coïncidence n’est pas étrangère au fait que ces deux événements se superposent.
La tradition de la galette, qui représente le soleil renaissant, s’installe tout naturellement. Son nom de galette des Rois lui vaut quelques ennuis en 1789. À Bordeaux, un texte du mois de nivôse an III témoigne que « le comité révolutionnaire dénonce au citoyen-maire des pâtissiers qui se permettent de fabriquer et de vendre encore des gâteaux des Rois ». Aussitôt le citoyen-maire d’intervenir : « Considérant que plusieurs particuliers ont commandé des gâteaux des Rois sans doute dans l’intention de conserver l’usage superstitieux de la fête des ci-devant rois, il faudra découvrir et suspendre les pâtissiers délinquants. » On fait alors de l’Épiphanie la fête des sans-culottes et on débaptise les galettes pour en faire des « gâteaux de la liberté ». Leur suppression serait par trop impopulaire tant le peuple est attaché à cette gourmandise.
Chacun connaît enfin le cérémonial de l’enfant caché sous la table qui attribue la part de galette à chacun des convives, avec, en principe, une part pour la Sainte Vierge, une pour Dieu ou pour le pauvre. Chacun connaît de même la coutume de la fève. Autrefois véritable fève, devenue un sujet de porcelaine aujourd’hui recherché des collectionneurs. Elle vaut à celui qui la trouve de payer à boire. Les radins s’empressent donc de l’avaler. Viennent ensuite les saluts au roi qui boit. Toutes ces pratiques se sont généralisées en ville, alors que dans les campagnes, à part dans les régions situées au nord et à l’est d’une ligne Saint-Malo-Grenoble, elles sont inconnues.
Mais ce jour est aussi jour de pronostics en tout genre. Les jeunes filles, un peu partout, mais selon des recettes variées, essaient de voir (en rêve, dans un seau d’eau glacée, etc.) le visage de leur futur mari. Douze grains de blé, alignés sur la plaque du foyer au cours de la nuit, révéleront les variations du cours du blé au cours des mois de l’année selon qu’ils sautent là ou là, sous l’effet de la chaleur. Et chacun, la nuit venue, de les interroger devant l’âtre, alors qu’au-dehors la gelée fend les pierres.
LE « GRAND HYVER » OU LE VILLAGE ENDORMI
S’il est curieusement le mois des mariages, janvier est avant tout celui des glaces. Fabre d’Églantine en à fait celui des neiges sous le nom de
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