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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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personne a été le premier de tous les artisans lorsqu’il a construit le monde en six jours.
    Le travail, c’est donc le salut, et l’homme devant imiter Dieu calque son emploi du temps sur le sien : six jours de labeur et un jour de repos bien mérité. Il en est ainsi partout au rythme des saisons dont la météorologie dicte les travaux. Et les jours de la semaine se succèdent, remplis d’activités, mais aussi bien souvent assortis d’obligations ou d’interdits.
    Le lundi et le mardi sont assez banals. On a vu qu’ils sont souvent choisis pour la célébration des mariages. Au demeurant, le lundi est longtemps jour chômé dans les villes ouvrières comme à Paris ou à Lille, aux XVIII e et XIX e siècles, pour le plus grand profit des « marchands de vin », dénomination ancienne des cafetiers.
    Le mercredi, on l’a dit aussi, est autrefois jour de jeûne du fait que Judas avait ce jour-là vendu le Christ. Le jeudi, pour les Grecs, les Romains et les Gaulois, est jour de fête hebdomadaire et l’Église devra lutter pour imposer le respect du dimanche. Au VI e siècle, le concile de Narbonne menacera d’excommunication ceux qui continuent à chômer le jeudi.
    Volontairement elle laissera longtemps ce jour sans célébration. Au Moyen Âge, il devient le « jour le plus gras de la semaine », jour de bombance (souvent relative) et de récréation, ce que l’école consacra beaucoup plus tard avant de se replier sur le plus central mercredi.
    Le vendredi, par contre, jour de jeûne et de deuil en souvenir de la mort du Christ, est plein d’interdictions : pas de lessive, pas de bain, pas de cuisson du pain. De façon générale, on ne doit rien faire qui puisse engager l’avenir : semailles, moissons, etc. Impossible de mettre à couver des œufs ; impossible aussi de baptiser un enfant (seul cas pour lequel le retard du baptême est admis). Et tous ces interdits culminent le Vendredi saint.
    Le samedi est consacré à la Vierge. Les femmes se doivent de s’abstenir de tout travail. Même filer la laine leur est interdit après l’angélus du soir, sous peine, après leur mort, d’errer un certain temps, leur rouet à la main. D’autant que le samedi est réputé être le jour où les âmes délivrées du purgatoire montent au ciel…
    Le dimanche, enfin, termine la semaine et doit donc o-bli-ga-toi-re-ment être chômé. Du Moyen Âge au XIX e siècle, cette règle est appliquée à la campagne. En ville, on ne peut pas en dire autant ; ainsi en 1893, 27 pour 100 des salariés travaillent ce jour-là. C’est un jour « ouvrable » – l’origine du mot venant, non pas de l’ouverture des commerces et des bureaux, mais du mot « œuvrable ».
    Un rapide décompte fait donc apparaître six jours « œuvrables » par semaine, ce qui semble contraindre nos ancêtres à un travail incessant. Pourtant, il en va bien différemment et il suffit d’écouter les lamentations du savetier de La Fontaine qui ne partage pas du tout ce point de vue :
    Le mal est que dans l’an s’entremêlent des jours Qu ’il faut chômer : on nous ruine en fêtes.
L’une fait tort à l’autre, et monsieur le curé
De quelque nouveau saint charge toujours son prône.
    C’est qu’en effet les dimanches ne sont pas les seuls jours où le travail est interdit à nos ancêtres. Il faut leur ajouter de nombreuses fêtes de la liturgie catholique ou du folklore : celle du saint patron du village ou de la paroisse, ou encore celui du diocèse (Saint-Arbogast à Strasbourg, Saint-Sernin à Toulouse, etc.), puis celle du saint patron du métier ou de la corporation (Saint-Crépin pour les cordonniers, Saint-Honoré pour les boulangers, etc.).
    Quand le travail était une torture
    « Œuvrer », à l’origine « ouvrer », signifiait travailler et était employé à la place de ce verbe, qui avait quant à lui le sens initial de souffrir. « Travailler » venant en effet du mot tripalium, qui n’était autre qu’un instrument de torture, on avait de ce fait, plus volontiers de cœur à l’« ouvrage » qu’au travail et voilà pourquoi on parle aujourd’hui encore d’un bois bien ouvragé, pour dire bien travaillé.
    Voilà aussi comment sont nés nos jours « ouvrables », l’adjectif « désœuvré » et notre mot « ouvrier », travaillant lui-même souvent à l’origine dans des ateliers nommés des « ouvroirs », dont le nom désignera, au XIX e siècle, des

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