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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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Notre curé Jorhant raconte qu’il « n’a laissé ni choux, ni romarins, ni boutons de poiriers […], que la fourmille a gelé, que l’on ne voit presque plus de ramier ni de merles ». En avril, aucun champ semé n’offre par conséquent la moindre pousse.
    Cependant, c’est une fois le froid passé que nos ancêtres paieront le plus lourd tribut. Car chacun est à l’affut de grains et les prix du blé s’enflamment. Le marché noir s’installe. La famine règne. Dans la région d’Autun, on voit « les pauvres, décharnés, la peau collée sur les os, couchés sur le pavé des rues ». Le 4 mai, le procureur général de Bourgogne peut observer, dans des prairies, des hommes et des femmes paissant l’herbe « comme des moutons ». Traversant la France durant l’été 1709, l’ambassadeur d’Espagne décrit les mêmes scènes.
    Heureusement, le pire est évité, grâce à l’orge et à sa rapide croissance. Laissons encore la parole à un témoin du temps, échevin de la ville de Mantes : « Tout le monde croyait qu’il allait mourir de faim ; mais Dieu, qui est bon père, qui n’abandonne jamais ceux qui Le servent, inspira aux laboureurs de semer de l’orge dans les terres où ils avaient semé du blé, ce qu’ils firent, quoi qu’un peu avancé en saison. L’orge a produit trois fois autant qu’on espérait de blé ; on peut en quelque façon dire que c’était une multiplication des cinq pains d’orge dont il est parlé dans l’Évangile. »
    Le curé Reignauldin, à Étang-sur-Arroux (Saône-et-Loire), a soin de faire état de l’effrayante mortalité de cette année terrible. « Il est à souhaiter, écrit-il le 31 décembre, que Dieu ne soit pas davantage irrité contre son peuple et que l’année prochaine soit plus heureuse et plus fertile. » On mesure combien, pour tous ces hommes et ces femmes, prévoir le temps revêt une importance capitale.
    Aussi, lorsque la nature prépare son réveil, convient-il de s’assurer du concours des saints et de ne pas risquer de déplaire à Dieu en ignorant ses lois. On comprend aussi comme nos ancêtres sont heureux, menacés par tant de malheurs, de pouvoir célébrer ce renouveau, et de ponctuer le lent rallongement des jours par des fêtes souvent joyeuses où ils peuvent rire et s’amuser. On comprend mieux avec quelle joie ils se rendent à l’église, le matin de la Chandeleur, à la recherche de cette chandelle symbolique. Et cette joie, surtout, se double d’espoir, l’espoir d’une année meilleure, d’une année où pluie et beau temps alterneront enfin pour leur procurer non le bonheur mais une vie plus agréable. Le bonheur, ils le savent bien, n’est pas alors pour eux un bien terrestre…

4.

LE ROMAN VRAI D’UN JOUR

JOURS ORDINAIRES ET JOURS EXTRAORDINAIRES
    Au fil des âges, comme au fil de l’année et des saisons, nos ancêtres vivent de siècle en siècle une même vie quotidienne de travail dans les champs, les bois, les vignes, les échoppes d’artisans ou de boutiquiers. La vie sociale dans les rues, les villages et les hameaux, les occupations entre générations ou en famille, tout cela ne varie guère au fil des jours.
    Cependant, on ne peut pas parler de monotonie. Du lundi au samedi, chaque journée de la semaine est ponctuée si ce n’est de rites différents du moins d’habitudes variées et le dimanche, quant à lui, est par bien des angles exceptionnel, comme le sont aussi certains jours déjà rencontrés comme ceux de foire, de pèlerinage, de mariage, de carnaval où se mêlent le religieux et le profane, la prière et le divertissement. Finalement, le dimanche est un peu une répétition générale des grands jours de fête qui jalonnent l’année.
    Outre ces dimanches, certains jours d’exception ont un caractère également festif, mais ils sont plus banalisés, plus intégrés au quotidien. Je veux parler du jour du pain et du jour de la lessive qui sont pour nos ancêtres autant de moments à part. Là encore, on mesure les différences de rythmes avec ceux aujourd’hui.
    PAS ASSEZ DE JOURS OUVRABLES !
    Pourquoi faut-il donc travailler ? Pour vivre ? Pour s’enrichir ? Au Moyen Âge, la réponse de l’Église est catégorique : l’homme doit travailler pour échapper à la tentation. Et les cathédrales de célébrer par les sculptures de leurs chapiteaux les travaux des champs et des artisans, les prêtres faisant observer à leurs paroissiens que Dieu en

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