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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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établissements de bienfaisance. Parallèlement, on trouvait aussi « l’ouvrée », le nom d’une mesure de surface, utilisée pour estimer la superficie des vignobles.
    Comment œuvrait-on ? D’abord, bien sûr, avec ses mains, d’où le qualificatif si fréquemment rencontré chez nos ancêtres d’Ancien Régime, dits « manouvriers », avant que le terme n’évolue en « manœuvre » (et ne donne aussi le verbe « manœuvrer »), parallèlement à la naissance des « manufactures », désignant les ateliers où l’on faisait des objets.
    Dans d’autres régions, on préférait se référer aux bras, d’où les appellations équivalentes de « brassiers » ou de « brasseurs », qui cependant ne fabriquaient généralement pas de bière…
    Les animaux sont aussi dispensés d’attelage les jours de leurs protecteurs : les chevaux le jour de la Saint-Éloi, les bœufs celui de la Saint-Blaise. Sans compter, bien sûr, une multitude de saints locaux, objets de pèlerinage ou de pardon. C’est ainsi que le nombre de ces fêtes d’obligation est de cinquante-trois dans le diocèse d’Angers au XVII e siècle, de quarante-trois dans celui de La Rochelle. Et même si le XVIII e siècle procède à de sévères réductions, ce nombre reste encore imposant. Ainsi, dans le diocèse de Poitiers, de cinquante, on n’a pu descendre à moins de vingt-sept.
    À tous ces jours, enfin, s’ajoutent ceux des fêtes familiales, en particulier mariages et enterrements. Pour nos ancêtres chaque année leur fournit donc l’équivalent de trois à quatre bonnes semaines de congés, mais de congés non payés et non rentabilisés !
    LA VIERGE MARIE ÉTAIT-ELLE COUTURIÈRE ?
JOUR DU SEIGNEUR ET JOURNAL TÉLÉVISÉ
    Le dimanche, consacré à Dieu, est, comme on l’a dit, o-bli-ga-toi-re-ment chômé. Interdit de travailler. Interdit de vendre (à commencer, en principe, pour les auberges et les cafés). Interdit de se divertir. Par contre, messe et vêpres sont impératifs. La première, le matin, dure parfois deux heures, les secondes, l’après-midi, comportent chants et psaumes en tout genre puis le salut solennel au saint sacrement qui occupent largement une heure.
    Si l’on peut manquer ces vêpres – ce qui se fait de plus en plus à mesure que d’autres distractions apparaissent –, il n’est pas question pour un baptisé de manquer sa messe. Même les petites églises de campagne proposent plusieurs offices à des horaires différents, faisant ainsi échec à toute excuse de ne pas y assister. À Bleurville, dans les Vosges, les absents sont contraints, au XVII e siècle, à payer une amende de cinq sous (ce qui vaut largement le prix d’un rôti aujourd’hui). Tant pis si on habite loin de l’église et si les chemins sont détrempés et défoncés. Chacun doit être là et, d’ailleurs, chacun y est le plus souvent, car on tient beaucoup à la messe dominicale. Le nombre des messes clandestines sous la Révolution suffit à le prouver. Le calendrier révolutionnaire, qui tente en vain de supprimer le dimanche pour en faire un pâle « décadi », se heurte à des habitudes bien ancrées dans les esprits. En 1802, Bonaparte s’empresse de rétablir la messe dominicale qui est définitivement réhabilitée par la loi de 1814.
    L’assistance à la messe est donc nombreuse dans l’église où chacun à sa place. Au cours du XIX e siècle, cependant, la pratique catholique est différente d’une région à l’autre. Tandis que 85 pour 100 de la population des Flandres maritimes fréquentent la messe, le taux n’est guère, en Brie, que de 25 pour 100. Souvent, l’absentéisme touche surtout les hommes, mais de toute façon tout le monde se retrouve pour les grandes fêtes liturgiques, principalement Pâques et la Toussaint.
    Les fidèles chantent. Le chantre donne le la en entonnant les cantiques – ce qui a valu autrefois la naissance de certains de nos noms de famille à consonance latine, comme Agnus, Credo, Oremus… Car on chante en latin, sans trop bien comprendre. Pierre-Jackez Hélias raconte ainsi que les vieux Bretons affectionnent le « Kyrie eleison » grec, dans lequel ils entendent « Kirri eleiz’so », ce qui signifie, en breton, « il y a des tas de charrettes ». Mais, compris ou non, ces chants sont souvent chantés dans une anarchie épouvantable car si, au-dehors, le village et la place publique sont complètement vides pendant l’office,

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