Comment vivaient nos ancêtres
attendent. Longtemps, la porte est restée étroite – on ne connaît guère de portes larges ou à deux battants avant le XVII e siècle. Elle est fermée par une corde et une cheville de bois, que l’on tire pour ouvrir, comme le fait le Petit Chaperon rouge pour entrer chez sa Mère-Grand.
Une fois le seuil passé et la porte fermée, il faut que les yeux s’habituent à l’obscurité. Les ouvertures sont en effet rares et étroites. Les fenêtres, chez les campagnards, sont restées longtemps sans vitres, qui coûtent trop cher. En guise de protection, des feuilles de parchemin ou de toile huilée. La nuit on s’éclaire avec des chandelles de suif ou de résine et des lampes à huile. Il faut attendre la fin du XIX e siècle pour que se répandent les lampes à pétrole avec, summum du luxe, une suspension en bronze. Chandelles et pétrole sont soigneusement économisés. Il est vrai que dans la cheminée le feu suffit déjà à éclairer vaguement la pièce, quitte à plus ou moins l’enfumer, surtout dans les temps où les principes de tirage et d’inclinaison des conduits de cheminée restent fort mal connus.
Sous les pieds, le sol est souvent en terre battue. Le parquet, introduit au XIV e siècle, est réservé aux riches, tout au plus peut-on espérer trouver du carrelage ou un dallage grossièrement taillé. Le plafond à la française était autrefois appelé le « plancher » car il était bel et bien celui du grenier, à l’état brut, avant que n’apparaissent le plâtre et le stuc chez les aristocrates et les bourgeois du XVIII e siècle. Longtemps les maisons à la campagne conservent ces plafonds traditionnels foncés, voire noircis de fumée.
Les murs intérieurs souvent blanchis au lait de chaux ne sont plus toujours très blancs. Ce n’est qu’au XVIII e siècle et également chez les gens aisés qu’apparaissent les « dominos ». Imprimés par des « dominotiers », ils ont l’avantage d’être moins onéreux que les tapisseries murales et ne sont guère différents de nos actuels papiers peints. Parfois on trouve quelques objets de décoration : une croix en bois, un petit bénitier de porcelaine, quelques images pieuses représentant saint Isidore avec sa charrue ou saint Pierre-aux-liens, patron des moissonneurs, avant que ne trône, à partir de 1855, le fameux almanach des postes offert par le facteur lors des étrennes. Viendront les photographies au fur et à mesure que la technique se répandra, et les bons de « tirage au sort », souvenir de conscrit.
Les miroirs en glace sont rares. Longtemps importés de Venise, ils sont fabriqués en France par les artistes italiens que Colbert fait venir mais restent des produits de grande valeur.
Chez le Français moyen, les meubles sont peu nombreux. La cheminée, souvent monumentale, contient pelle, soufflet, tisonnier, crémaillère, chaudrons et marmites en fonte, avec au-dessus quelque vaisselle sommaire de bois ou d’étain, puis de terre et de faïence. C’est là que sont suspendus jambons et saucisses à fumer et ails à sécher. On n’y trouve pas toujours une rôtissoire, car bien des familles n’ont pas les moyens d’avoir de la viande à faire rôtir.
Près de l’âtre, le ou les lits, toujours à rideaux ou tentures pour mieux se protéger du froid et conserver quelque intimité. En Bretagne, les fameux lits clos, parfois à deux étages, sont courts. On ne peut pas s’y étendre et on y repose donc le dos adossé à des épaisseurs bien rembourrées. Dans tous ces lits, pas de sommier mais une simple paillasse en balle d’avoine ou de paille, assez inconfortable, et moult couvertures et édredons. Selon la taille de la famille, on s’y répartit à deux, trois, voire quatre personnes et l’on a soin, l’hiver, de les réchauffer avec une bassinoire ou un curieux instrument qui est une sorte d’armature suspendant une chaufferette et que son office et sa rotondité font malicieusement appeler un « moine ».
De l’autre côté de la cheminée se trouve parfois le four à pain dont on se sert régulièrement, ainsi qu’un pétrin ou une maie parfois utilisés aussi en été pour protéger les bébés contre les mouches !
Tout autour de la pièce, des coffres aux ferrures souvent soignées, remplacés à partir du XVII e et du XVIII e siècle par les armoires, dont les célèbres armoires de mariage, offertes par les parents de la mariée et où celle-ci entasse d’impressionnantes
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