Comment vivaient nos ancêtres
piles de linge. La commode n’apparaît que très timidement à la fin du XVIII e siècle. Décorée de la traditionnelle couronne de mariée conservée sous globe à l’abri de la poussière, elle s’impose tardivement.
Quand le fauteuil était un pliant
Pour n’avoir été à l’origine qu’une grande corbeille en bois tressé, notre coffre procède de la même origine que notre couffin. La commode , au XVIII e siècle, proposera un rangement « commode », alors que l’ armoire, d’abord dénommée « armarie » puis « armaire », avait été à ses débuts un meuble où l’on rangeait les diverses « armes », prises au sens d’équipements et d’ustensiles divers.
Pour s’asseoir, nos ancêtres du Moyen Âge avaient eu le choix entre la « chaire » et la « chaise ». La première (venue du latin cathedra) avait désigné un siège à dossier, comme sera celle réservée à l’évêque, dans son église « cathédrale », alors que la seconde (venue du latin sella) désignait la chaise sans dossier, voire le tabouret.
Ne cherchez pas, enfin, le fauteuil, qui n’apparut quant à lui qu’au XIII e siècle, et est en revanche issu d’un mot d’origine germanique (Faldsthol) signifiant littéralement « siège pliable ». Il n’était donc à l’origine qu’un pliant, même s’il était déjà pourvu de bras.
Le canapé, en revanche, existait déjà et était si l’on peut dire déjà sinon « convertible » du moins « converti ». Le terme désignait en effet un lit à rideau, et venait du mot grec « konopeion » signifiant… moustiquaire.
Les riches, eux, ont encore une horloge, un vaisselier ou un bahut. Tous ces meubles sont fabriqués par le menuisier local, et parfois ornés de guirlandes ou de motifs divers. Ils sont de bois fruitier (noyer, poirier, cerisier) ou forestier (châtaignier, hêtre, chêne).
Au centre, enfin, la table. Autrefois elle est un simple plateau que l’on « dresse » sur des tréteaux (d’où notre expression « dresser la table »). Ensuite, des tiroirs à glissière permettent de ranger la vaisselle, souvent sans la laver. Sinon, un ingénieux système de cavités, creusées à même le plateau et reliées entre elles par de petites rigoles afin d’en faciliter le nettoyage à grande eau, évite l’usage des assiettes. Lorsqu’il existe, l’évier est bien rudimentaire : un bloc de grès avec « dégueuloir » de l’autre côté du mur et un ou deux seaux d’eau que les femmes vont remplir au puits ou à la fontaine souvent éloignée. Autour de la table, enfin, on s’assied longtemps sur des bancs, les chaises n’apparaissant guère avant le XVIII e siècle. Le fauteuil est évidemment inconnu.
Ainsi l’habitude d’une vie commune permanente est prise ; la vie privée est quasiment absente, d’autant que l’on cohabite avec d’autres voisins plus inattendus. Ne sentez-vous pas, en effet, comme, en dehors de l’âcreté de la fumée, l’atmosphère de la maison est curieusement viciée ? Cela ne vient ni des chats ni des chiens, mais bien plutôt des poules, chèvres ou cochons qui, à tout moment, s’en viennent faire leur tour, eux aussi, à l’intérieur.
DES ANIMAUX ET DES HOMMES :
QUAND ON EXCOMMUNIAIT
CHENILLES ET SAUTERELLES
J’ai quelque peu éludé les questions d’hygiène, évidemment inexistante, et vous ai évité les descriptions effrayantes des horribles « bric-à-brac » – contentons-nous de ce mot – dans lesquels vivaient souvent nos ancêtres. Mais comment s’étonner, finalement, de cette présence des animaux quand on sait qu’un grand nombre de bergers, de valets, et même n’importe quels membres de la maisonnée couchent dans l’étable avec les vaches ? En hiver, la chaleur animale est un excellent substitut au chauffage central inexistant.
L’animal, surtout l’animal domestique, est alors très proche de l’homme. Le paysan chante des refrains à ses bœufs pour leur faire tracer de beaux sillons dans les champs. Il soigne leur santé, les fait bénir une ou plusieurs fois l’an, lors de la Saint-Jean où il leur fait traverser la fumée du feu de joie, et le jour de saint Roch, volontiers invoqué contre les maladies du bétail. Rien d’étonnant lorsque l’on songe que le bœuf est le tracteur de notre ancêtre et le cheval son automobile.
Bien d’autres animaux sont également associés de très près à la vie de l’homme, comme les abeilles
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