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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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« le Jean » et « la Pierrette », et la quasi-généralisation du roulage des « r » en usage à la cour de Louis XVI ; ces roulades le sont encore au Québec où les descendants de nos Manceaux, Normands ou Poitevins partis tenter leur chance en Nouvelle-France les y ont perpétuées.
    Finalement, pour tous ces migrants, le français servait d’espéranto, ce qui permit à Paris de donner le ton au niveau linguistique.
    Voilà pour ceux de l’hexagone, les autres, les « estrangers de nation », se débrouillent plus ou moins en baragouinant, selon ce vieux mot venant justement des mendiants bretons réclamant du pain et du vin sur leur passage (6) .
    « De la maison à l’étranger »
    On ne saurait mesurer le fossé entre ces deux mots.
    Notre maison vient du verbe latin « manere », signifiant rester, qui a également donné le « manant », paysan non libre ne pouvant quitter le sol que lui avait concédé son seigneur. Sous son toit, cohabite la « maisnie », composée de la famille et de ses domestiques, volontiers elle-même appelée « maison », tout court, d’où son usage aristocratique – on parle de la « Maison de Bourbon » ou de celle « de Valois » – et d’où découle l’expression « avoir un grand train de maison ».
    À l’opposé, notre étranger, fréquemment orthographié « estranger » – et en fait à l’origine extranger, extérieur – avait quant à lui plusieurs sens, tournant tous autour de l’idée de différence :
    – celui d’extérieur et par extension d’éloigné, désignant ce qui appartenait à un autre (l’homme étranger appartenait bel et bien à une autre paroisse, à un autre seigneur, à un autre pays),
    – celui d’inhospitalier et d’hostile (on parlait ainsi d’une forêt grant et estrange, où l’on ne trouvait homme ni femme) ,
    – enfin celui de bizarre, qui a donné de son côté notre adjectif « étrange » et notre « étrangeté », prenant au Moyen Âge jusqu’au sens d’aliéné.
    Mais ces « estrangers de nation » sont rares, tant les voyages lointains sont difficiles. On a bien quelques Italiens, spécialisés généralement dans la peinture, « blanchisseurs d’église » ou peintres ambulants, quelques montreurs d’ours polonais et des vitriers ou horlogers suisses. Plus exceptionnellement, on retrouve la trace d’esclaves ramenés des nouveaux mondes ou de gens venus de loin, de ces pays que l’on a du mal à situer, et que nos curés acceptent parfois de baptiser. Ainsi, celui de Beaucamp-le-Jeune (Somme) baptise-t-il, le 28 décembre 1677, « un jeune garçon âgé d’environ treize à quatorze ans, hongrois ou turc de nation, amené par Monsieur le marquis d’Estrades de son voyage en Hongrie contre les Turques ». Plus étonnante est cette enfant métisse, baptisée à Aunay-en-Bazois, le 16 février 1741, prénommée Marie-Jeanne et fille de « Jean-François Hermanos, japonais de nation, et de Marie-Françoise Cordier, picarde de nation, son épouse ». Rares sont les échanges avec les pays lointains. Les aventuriers partis pour le Canada ne reviennent pas, contrairement aux « Barcelonnettes » expatriés au Mexique.
    Si les étrangers sont finalement peu nombreux sur les routes, qui donc forme cette humanité qui y défile ? Il y a tout d’abord les « baladins », autre nom des Tziganes, venus souvent de Bohême ou d’Égypte et couramment appelés Bohémiens, Égyptiens ou encore « romanichels » du nom du groupe des Rom. Les hommes proposent leurs services de rémouleur, rétameur, chaudronnier, rempailleur ou vannier alors que les femmes vendent de la dentelle et disent la bonne aventure. Ils sont généralement bien accueillis, mais avec prudence et méfiance, comme pour tout étranger.
    Beaucoup plus nombreux sont les colporteurs qui cheminent à pied et portent sur leur dos la hotte en bois verni que l’on appelle la « balle », c’est-à-dire le paquet de marchandise (7) .
    Ce colporteur, aussi appelé « baladeur », « brocanteur », « marcandier » (d’où notre « arcandier »), « marchan-dot », « trafiquant », « margoulin » (margouliner signifiant aller vendre de bourg en bourg), « truqueur » (du vieux mot « trucher », mendier), ou encore « bricoleur » (de « bricoler », aller en zigzag) passe une à deux fois l’an dans les maisons et les fermes. Il vend du fil, des boutons, de la dentelle

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