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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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et désinfecter. Mais il est cher, au point qu’un sachet de sel est souvent la récompense du « roi » du tir à l’oiseau ou au papegai. Depuis la guerre de Cent Ans, le pouvoir royal a compris qu’il était de toute évidence la seule denrée commerciale capable de supporter un impôt exorbitant (la gabelle), d’où des « greniers de sel » où les « grenetiers » vendent le sel en le « radant », c’est-à-dire en le mesurant « à ras », d’où sans doute l’origine de notre mot « radin ».
    Ce sel est autrefois écrasé par la ménagère pour son emploi journalier. Aucune maison, en effet, ne peut s’en passer. Ses capacités de conservation et de destruction des bactéries ont été très tôt découvertes et, durant des siècles, il permet à nos ancêtres de se passer de réfrigérateur en conservant par salaison viandes et poissons. Le sel, autant que le pain, leur assure donc leur nourriture quotidienne.
    Faute de salière, il est longtemps entreposé dans le trou d’un mur, près de l’âtre, avant d’atterrir sur la table dans des petits pots taillés dans le bois où chacun trempe alors directement les morceaux qu’il veut assaisonner. Le « saupoudrage », mot réservé à l’origine au sel comme l’étymologie de son nom l’indique encore, n’apparaît que plus tard. Les premiers doigts qui en prirent l’habitude passent alors pour bien snobs et délicats !
    SOIXANTE-DIX CHEMISES SALES
ET PAS D’ENZYMES : LA GRANDE « BUE »
    La lessive, autrefois, n’est faite qu’une à deux fois l’an, généralement au printemps ou à la fin de l’été, quand les journées sont encore belles et ensoleillées. On se décide alors à faire « la buée » ou « la bue ». Chaque région a ses jours et ses traditions, toutes faisant évidemment exception du vendredi.
    Vous restez étonné – ou choqué – d’avoir lu « une fois l’an » ? Rassurez-vous. Ce rythme étonnant n’est pas la preuve d’un manque d’hygiène, mais celle, toute différente, d’une « inflation » de linge dans les anciennes maisons. Il n’est qu’à se rappeler les trousseaux de mariage. Le grand-père de Pierre-Jackez Hélias y dénombre ainsi pas moins de vingt-quatre chemises de chanvre, matière résistante qui fait que bien souvent ces vêtements peuvent servir à plus d’une génération et s’entassent suffisamment dans les coffres et les armoires pour éviter les lessives fréquentes. Le linge est donc amassé des mois durant dans le grenier pour donner, le grand jour venu, des kilos et des kilos de chemises (jusqu’à soixante-dix) ou de draps, de tabliers, bonnets, bas de coton, devantiers, etc.
    Comme le pain, la « bue » est une opération menée d’un bout à l’autre par les femmes. Elle se déroule sur plusieurs jours : le plus souvent trois, que les Bretons, d’ailleurs, comparent assez justement au purgatoire, à l’enfer et au paradis.
    Le purgatoire, pour le linge, consiste à être entassé dans un cuvier dans le fond duquel on a parfois pris soin de déposer des racines d’iris hachées pour le parfumer. On le recouvre d’un linceul, sur lequel on dépose une couche de cendres tamisées. Là, chacune à sa recette, certaines y ajoutant des coquilles d’œufs pilées, d’autres des orties. Dans les grandes ville, il existe même des « cendriers » professionnels qui vendent des cendres dans la rue. Sur cette cendre, aux vertus saponifiantes, on déverse des chaudrons d’eau bouillante et on laisse le tissu s’imprégner.
    Le lendemain, sur une brouette, le linge est conduit « en enfer », c’est-à-dire à la rivière ou au lavoir, où les femmes le battent énergiquement tout en échangeant les nouvelles du pays. On a soin, à cette étape, d’observer mille détails qui font figure de présages, selon qu’un linge ou un drap flotte ou gonfle sur l’eau. Lorsque le drap d’un malade coule au fond du lavoir, c’est bien sûr mauvais signe pour lui.
    Enfin, le troisième jour, le linge arrive au paradis. Étendu sur les bosquets ou l’herbe verte des prés, il est plusieurs fois arrosé pour garantir son parfait blanchissage. Plus tard, les vêtements fins sont repassés au fer en fonte chauffé sur la cuisinière. Puis apparaît la lessiveuse, qui sera bientôt remplacée par l’indispensable machine à laver, spécialisée en lave-linge pour se distinguer du lave-vaisselle.
    20 KM/H : LES FOLLES POINTES DE VITESSE
DE NOS

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