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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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met en route pour la sacro-sainte « promenade » en ville. En tenue impeccable, la famille tout entière s’exhibe, salue et est saluée, selon l’ordre hiérarchique et les préséances. Chaque ville de province a « sa » promenade que ses habitants arpentent solennellement chaque dimanche. Paris a le « bois », dont le moment « chic » a lieu vers quinze heures. Enfin entre 1850 et 1914, chaque ville a son kiosque, tenant soit du chalet de jardin soit du Petit Trianon, au goût chinois ou au « look » parasol. Le métal y règne depuis les grandes expositions universelles qui ont, sous Napoléon III, assis glorieusement l’industrie. Dans ces kiosques, un ou plusieurs orphéons (en complète rivalité, évidemment) régalent nos citadins de flonflons volontiers cocardiers et revanchards. Certains de leurs compatriotes préfèrent aller se promener du côté de la gare pour regarder passer les trains et rêver de voyage dans quelque préfecture de province, une autre ville possédant elle aussi kiosque, promenade et bourgeois à faux col donnant le bras à leurs dames portant l’ombrelle. À peine imaginent-ils, ces bons citoyens, qu’entre cette ville et la leur s’étendent de vastes campagnes aux dimanches moins raffinés. Voilà, si l’on peut dire, toute la distance qui sépare Gleux-les-Lure, département de la Saône-Inférieure et commune natale, selon son auteur Christophe, du sapeur Camember, de Saint-Rémy-sur-Deule, département de la Somme-Inférieure où le même auteur montre les Fenouillard bonnetiers de père en fils à l’enseigne d’« Autant ici qu’ailleurs ».
    AU CARREFOUR DES MYTHES
ET DE LA RÉALITÉ : LE JOUR DU PAIN
    M. Fournier sait-il que son nom lui vient d’un lointain ancêtre qui, au Moyen Âge, avait pour profession d’« enfourner » des pains ? Il le faisait dans le four « banal » que le seigneur mettait à la disposition de ses manants moyennant une taxe d’utilisation. C’est cette taxe que notre « foumier » était justement chargé de percevoir. Impossible d’y échapper ! La banalité était un monopole seigneurial et, jusqu’au XVIII e siècle, bien des paysans ont connu ce régime. La Révolution les en affranchit définitivement. Chacun peut dès lors avoir chez soi son propre four dans lequel il peut cuire son pain.
    Le boulanger ne pénètre donc que tardivement dans les campagnes. Seuls les gros bourgs en ont un avant 1900. Ses clients le paient au mois, selon le système de la taille (chaque famille a la sienne qui est une règle de bois, dans laquelle le commerçant pratique une encoche lors de chaque vente de pain). Il en va ainsi partout, même dans les grandes villes, où l’homme de métier essaie d’égaler les boulangers parisiens au pain blanc et à croûte dorée, sans parler des croissants, arrivés d’Autriche à la suite du siège de Vienne par les Turcs en 1693.
    Les assiégeants ayant décidé de pénétrer dans la ville par des chemins souterrains, leurs travaux ont été entendus par les boulangers levés de bon matin, qui ont prévenu les autorités et évité ainsi le désastre. En récompense, ils ont reçu le droit de faire des pâtisseries en forme de croissant (l’emblème des Ottomans) et M. Zang, boulanger autrichien s’établissant à Paris sous Louis-Philippe, en a lancé la mode.
    Mais revenons au pain de nos ancêtres, provinciaux et ruraux, pain qui est loin de valoir celui que l’on trouve à Paris. Ne dit-on pas que celui que l’on sert aux prisonniers de la Bastille est meilleur que n’importe quel pain que peut manger un paysan du Limousin, du Morvan, de Savoie ou d’ailleurs ? Car bien souvent, ce dernier mange un pain noir ou gris. Un pain dans lequel il n’entre pas toujours beaucoup de farine de froment, mais plutôt de la farine d’orge, de seigle, d’avoine, de millet, de sarrasin, toutes céréales qui, du fait qu’elles sont panifiables, sont longtemps confondues sous le nom de « bleds ». Le pain « blanc », contenant davantage de froment, est alors réservé aux jours de fête ou encore aux enfants et aux vieillards, et chichement économisé.
    Mais que vendait donc le boucher ?
    Qui fréquente les archives anciennes ne manque pas de s’étonner. Contrairement à ce qu’il s’attendait à trouver, les bouchers et les boulangers sont fort rares, et même généralement totalement absents des campagnes…
    Comment s’en étonner ? Le pain, en fait, était

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