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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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Mais aussi dans les prés ou encore sur la place publique. En ville, les bals ont souvent lieu sur les ponts, témoin la vieille chanson « Sur le pont du Nord » qui raconte le bal défendu et le sort tragique des « enfants obstinés ». Quant au non moins célèbre refrain du « Pont d’Avignon » on sait qu’il se trompe en disant « sur le pont » au lieu de « sous le pont ».
    Mais que dansent donc nos aïeux ? La réponse est moins simple, tant les modes ont changé et varié depuis les danses folkloriques des paysans médiévaux avec leurs rondes, farandoles, caroles, etc., jusqu’aux danses plus récentes, aux rythmes venus d’ailleurs. Au fil des temps, on a ainsi vu se succéder, après la mode du menuet, des danses d’origine étrangère : la varsovienne importée de Pologne, la mazurka et la polka de Bohême, le boston de la lointaine Amérique, puis le galop, le cotillon, le cancan, le quadrille, avant que n’apparaissent les fox-trot, shimmy, tango, charleston, et bien d’autres encore. Deux valeurs sûres sont pourtant longtemps en concurrence : la bourrée et la valse. Et finalement, presque toutes ont pour point commun d’avoir fait scandale à leur apparition.
    Déjà au Moyen Âge, les curés appellent la « carole » la « danse du diable ». On en dira autant du tango six siècles plus tard lorsque Sem surnomme Deauville « Tangoville » et que le chœur des prudes parle de la « danse de notre décadence ».
    Mais, en matière de proscription, le record appartient sans nul doute à la valse, jugée indécente dès sa diffusion sous l’Empire. « Je peux comprendre que les mères aiment la valse, écrit un observateur vers 1800, mais non qu’elles l’autorisent à leurs filles. » La princesse de Mecklembourg et sa sœur sont les premières à oser s’y livrer. Le roi est charmé mais la reine interdit à ses filles d’en faire autant. Le duc de Devonshire, meilleur parti du Royaume-Uni, déclare qu’il « n’épousera jamais une jeune fille qui valse ». Un de ses compatriotes décrit de son côté un horrible spectacle : « Quelque deux cents couples tournaient au son d’une musique très lente. Le maintien des femmes était agréable et charmant. Mais des homme, moins on en dira, mieux cela vaudra. Ils étaient dégoûtants et vulgaires. » Guillaume II l’interdit donc à la cour de Prusse alors qu’en France certains évêques parlent déjà de péché mortel et que M. de Saint-Ursin, écrivain que son piètre talent n’a pas fait passer à la postérité, s’indigne dans son Ami de femmes. Il écrit à propos de la valseuse : « Voyez-la, éperdue, sans mouvement, sans voix, la poitrine pantelante, et décidez si c’est d’une lutte ou d’une danse qu’une femme sort ainsi épuisée. »
    Un siècle plus tard, les évêques condamnent le tango dans les mêmes termes : danse « lascive et offensante pour la morale », avec exhortations aux mères chrétiennes à l’interdire dans leur salon et appel à la vigilance des directeurs de conscience. Pourtant, toutes ces danses s’imposent, en ville comme à la campagne et il faudra attendre le relâchement des mœurs de ces dernières années pour voir les couples reprendre paradoxalement leurs distances, ce qui ne manquera évidemment pas de choquer tout autant les aînés.
    Cependant, si partout l’on danse le dimanche après-midi, les dimanches paysans sont bien différents des dimanches citadins. Ce jour-là, en effet, les petits-bourgeois des villes d’antan ont leurs occupations bien à eux, hormis évidemment messe et vêpres qui sont incontournables.
    À la campagne ou sur les bords de Marne, ce sont les dimanches évoqués par Maupassant avec guinguettes, canotage, ombrelles. Chez soi, ce sont plutôt ceux des demoiselles Fenouillard : salle à manger Henri II, cadre noir des meubles et des boiseries, rideaux vieil or ou cramoisis, chemins de table, broderies (réalisées par ces demoiselles) et cristaux. Autre élément indispensable, le piano, entouré de chanteurs s’essayant à des airs d’opérette ou au « Temps des cerises ». On échange des photographies, gage d’estime et d’amitié ; on se montre sa collection de cartes postales. C’est ainsi que s’entassent des objets inutiles « faits maison », comme les tapisseries, témoins de l’immensité du temps que l’on a tant de mal à remplir sans radio ni télévision.
    Pour le remplir, alors, on se

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